ACCORD AGRICOLE : SPOLIATION DU MONDE RURAL CONGOLAIS

« Des compagnies concessionnaires sont autorisées à exploiter les terres pendant trente ans. Elles organisent l’exploitation systématique du pays »(1). Cette citation fait office aux accords agricoles du nouvel essor des cendres du Congo au temps des grandes compagnies concessionnaires (1818-1930). Elle montre à quel point le pays est encore sous l’emprise des politiques de domination coloniale et néocoloniale.

Les accords agricoles qui ont été conclu entre le gouvernement et l’association des agriculteurs de l’Afrique du sud (AgriSa) le démontrent à suffisance. Il n’est point besoin de juger qui que ce soit mais il semble important de faire remarquer le caractère retardataire, fantoche, marionnettiste, anti-peuple des traitres de notre indépendance, cédant l’hinterland du Congo aux étrangers. C’est l’humiliation et le mépris du monde rural.

L’entente agricole a pété plus fort que le tonnerre sans tenir compte de la vrai difficulté de l’ouvrier agricole et du paysan, celui du manque de matériel approprié pour une agriculture moderne, semi-intensive voire intensive tout court. Elle met le monde rurale dans une difficulté d’accepter un modèle qu’il n’a pas conçu soit même et surtout, qu’il émane de l’insolente bureaucratie gouvernementale bourgeoise aux 4X4 rutilants, buveuse de sueur du souverain premier : un véritable constat amère.

Partout au monde la profession agricole réclame des aides mais il est tout au moins plus correct et respectable avant d’imposer des mesures jugées utiles et nécessaires, d’en débattre avec les principaux acteurs de terrain afin de dégager une solution sans frustrer les autres.

Malheureusement, n’en déplaise à qui veut l’entendre, la culture du débat démocratique est l’handicap roi du décideur congolais. La moindre contradiction est très mal perçue par les tenants du pouvoir hostile à l’esprit républicain et à l’alternance démocratique. Et cela ne permet pas d’évoluer positivement : nous ne cesseront de le dire et de le marteler. Car c’est de la discussion et de la tolérance de l’autre que jaillit la lumière alors, nous avons droit au débat démocratique et contradictoire dans les NORMES de l’art.

Hier, c’était la statue du bourreau de Brazza qui nous a été imposée avec un simulacre de débat prouvant le degré du paroxysme des valets de l’impérialisme, aujourd’hui, c’est la spoliation de nos terres par des étrangers qui vont les exploiter et surexploiter au profit de leur pays. Qu’on ne nous taxe pas de xénophobie ou d’anti-panafricanisme, mais la réalité est tel que la charité bien ordonnée ne commence pas par l’autre et l’évangile selon Mathieu(ch.7 v.9) nous dit qu’on ne donne pas un caillou à son enfant quand il a faim et, de surcroit, l’Etat providence étant passé aux calendes grecs, alors qu’est ce qui empêche à nos gouvernants d’octroyer les moyens nécessaires à nos agriculteurs pour exploiter nous même nos terres, avant de recourir à l’aide des pays comme (l’Afrique du sud, Israël, Chine, Brésil…)

Après l’échec du programme décennal (2003-2013), c’est le mépris de l’agriculteur et l’humiliation de tout un peuple à vocation agraire à qui on n’a jamais donné les moyens de s’émanciper agricolement. D’ailleurs, cela n’étonne plus d’un congolais, puisqu’ au Congo le ridicule ne tue pas et que la mémoire du congolais est courte. L’histoire se répète et nous apprend qu’au 19ème siècle, le roi Ilo Makoko facilita l’occupation du territoire par les bourreaux français en signant un traité de paix avec leur explorateur Savorgnan de Brazza, d’origine italienne, fait qui restera invérifié, mais adoubé par les autorités congolaises en reconnaissant les bienfaits de la colonisation qu’ils continuent à perpétuer.

Ceci dit en passant, nous demandons aux mêmes autorités, d’entreprendre des démarches pour une éventuelle place roi Makoko en France recevant quelques présents et une poignée de sel. Voilà qu’au 21 siècle, dans un contexte bien différent, le gouvernement signe un accord expropriant son peuple qu’il est censé protéger de ses terres. Cette entente place l’une des principales associations d’agriculture d’Afrique du sud sur 200 000 ha cultivables illico et jusqu’à 10 000 000 d’hectares dans le futur. Inutile de revenir sur les clauses de cet accord qui place immédiatement les terres congolaises à la disposition des membres de l’agriSa, sans loyer, pour un bail tacite s’étalant sur trente années consécutives, équivalent de trois générations congolaises, avec possibilité de revendre les terres qui leurs sont octroyées ou les mettre à possession à leurs ayants droits et en retour, le ministre de l’agriculture attend d’eux au bout d’un quinquennat, un secteur agricole commercial. Mais de qui se moque-t-on ?

Quand on a encore en souvenirs des insuccès des précédents programmes quinquennaux qui se sont effectués au Congo, initiés par différents gouvernements qui se sont succédé, sous la houlette du chef de l’Etat Denis Sassou Nguesso, bâtisseur infatigable, aujourd’hui, demain et après lui. Tous ces programmes quinquennaux ont accouchés des souris multiformes, sans oublier évidemment le fameux programme décennal qui n’a pas encore apporté ses fruits tant attendu.

Espérons qu’un miracle se produira d’ici 2013 pour atteindre les objectifs de la souveraineté alimentaire en 2015. Il est à signaler que monsieur le ministre de l’agriculture s’est réjouit de cet accord de la honte et du mépris qui selon lui est la clé de la sécurité alimentaire au Congo. Tandis que le gouvernement de l’Afrique du sud à officiellement déclaré que cette entente n’est pas digne et louable et qu’elle n’assure pas un droit aux placements des capitaux produit par les producteurs de l’association agriSa dans cette entreprise.

L’aviculture, l’élevage de laitier, la production de coton, du soja, du café et du maïs seront remis entre les mains de 1 300-2 000 membres d’agriSa.

Les points d’interrogations sont tellement nombreux sur ce qui s’avère plutôt une arnaque à pas feutré, qu’ils seront toutes impossibles d’être énumérés ci-dessous. Il est quand même intéressant de savoir quel genre de congolais pourra s’acquérir ses latifundiums au moment de leur vente ? Quand on sait que les congolais ne disposeront plus d’aucun pouvoir d’achat, à l’allure où la chose publique est gérée comme une épicerie familiale.

L’état congolais n’a-t-il pas pu trouver 2 000 congolais parmi ceux qui ont été formé au lycée Amical Cabral et à l Institut de Développement Rural(IDR) où certains dignitaires actuels ont été formés pour avoir choisi le chemin le plus court. Au lieu d’apprendre au congolais de pécher, ce qui n’est pas une perte de temps inutile pour le pays et, pour que le congolais soit maître chez lui, comme le sont les américains, les français, les chinois… En auscultant très bien ce genre de procédé, nous retrouvons le système de société écran à pyramide renversée, c’est-à-dire ces latifundiums appartiendront aux dignitaires congolais et seront gérés par des étrangers, ce qui explique clairement que le Congo est devenu un laboratoire de la Causa Nostras internationale.

Etre patriote, c’est défendre son pays et son gouvernement chaque fois qu’il le faut. Mais, cette obligeance ne contraint en rien à la gabegie, jetant aux orties l’avenir de la postérité.

 

(1) Source : l’Afrique enjeu de la planète (Son Excellence Dénis Sassou Nguesso)

 

Armand Mandziono alias Cabri mort

Militant politique

 

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