SASSOU NGUESSO ET L’OBSESSION DU VIDE. Par Olivier Mouébara

Même si « comparaison n’est pas raison », Sassou-Nguesso ressemble étrangement à Pretextat Tach, le personnage central d’Amélie Nothomb, dans son roman publié en 1993, intitulé « Hygiène de l’assassin ».

Vieux et fatigué, en fin de vie (ce qui n’est sans doute pas encore le cas de Sassou-Nguesso), Pretextat Tach fascinait curieux, potaches et badauds, dans le but d’obtenir ses confidences, et soucieux de comprendre son mode opératoire criminel.

Jusqu’au bout, ce grossier personnage, manipulateur et bonimenteur, n’a cessé de brouiller les cartes. Sans se livrer.

Prosaïquement, la notion de Vide est intimement liée à la notion d’être. En philosophie, le Vide est l’absence de matière, l’absence d’être. Parmenide disait: « L’être est, le non-être n’est pas »: le Vide était pour lui un non-être, et ne pouvait donc exister.

C’est pourquoi, de tout temps, politiquement, Sassou-Nguesso s’emploie avec ingéniosité de faire le Vide autour de lui. Son but est d’éliminer et de faire disparaître physiquement tous les témoins gênants, de près ou de loin, de toutes ses turpitudes depuis trente ans.

Sassou-Nguesso que les congolais pensaient être naïvement « une femme » à cause de son flegme, est le pivot, le cerveau, le point G de tous les crimes dans l’histoire du Congo. Il inspire, planifie, fait distiller le poison, fait disparaître les innocents, avant de se retourner contre les exécutants de ses basses œuvres.

Son obsession est claire. Ne laisser aucune signature, aucune trace, aucune souillure ADN, encore moins aucun témoin susceptible  de le confondre devant un tribunal. Nul ne pourra donc narrer ses méfaits et son mode opératoire pour la postérité.

Maître Jacques OKOKO (qui a rejoint la mangeoire d’Oyo) avait tenté, sans trop convaincre (tout en biaisant les faits), d’apporter sa part de « vérité » sur l’assassinat de Marien-Ngouabi, dans un essai (qui a tué Marien Ngouabi ?). Les quelques langues qui s’étaient déliées à l’époque n’exonèrent pas la responsabilité de Sassou-Nguesso dans ce crime crapuleux. Les témoins directs d’alors coulent sous la dalle dans une fosse commune, et les quelques rescapés de seconde main, tétanisés par les méthodes de l’homme de Mpila, optent pour l’omerta. Jusqu’à ce que Sassou-Nguesso, qui n’oublie rien, décide de leur sort.

La récente disparition de Blaise Adoua au Maroc obéit à cette obsession du Vide. Exécutant direct dans les massacres des disparus du beach de Brazzaville, Sassou-Nguesso était anxieux de l’entendre balancer un jour.

Sommé par François Hollande de ne pas tripatouiller la Constitution, Sassou-Nguesso accélère le rythme de sa macabre planification. D’ici 2016, d’autres membres de son entourage, témoins et confidents de ses odieuses œuvres, paieront le prix fort pour l’avoir servi.

Sassou-Nguesso veut être le seul à dire sa « vérité », même si ses allégations sont loin d’être la vérité. Il veut être ce lion qui écrase les agneaux, en voulant imposer la version de son histoire écrite d’avance.

Comme Pretextat Tach, le personnage d’Amélie Nothomb dans « Hygiène de l’assassin » qui n’avait de cesse de demander pardon à son visiteur (qui avait réussi à prendre le dessus) pour l’absoudre de ses crimes, les congolais ne pardonneront pas Sassou-Nguesso. Nous devons tous être lucides. Sassou-Nguesso a déjà floué les congolais à l’issue de la conférence nationale souveraine.

Crédules, à tour de rôle, les congolais s’étaient lavés les mains pour un nouvel an. C’était sans compter sur la malice de Sassou-Nguesso. Après la guerre civile, les viols, la meute, et la purge, il s’emploie à faire le Vide. Telle est son actuelle obsession.

Par Olivier Mouébara

Diffusé le 26 avril 2013, par www.congo-liberty.org