Y-a-t-il encore une opposition au PCT au Congo-Brazzaville ?

Tsaty Mabiala

Tsaty Mabiala


Plus le temps passe, plus il devient de plus en plus difficile de discerner quels partis politiques appartient à l’opposition et lesquels sont membres de la mouvance  PCT tant les lignes de démarcations politiques d’avec le PCT sont illisibles. La dernière rencontre entre les partis de la majorité présidentielle, du centre et de l’opposition républicaine nous en donne une parfaite illustration.

En effet, pendant 2 jours, l’opposition a débattu avec le PCT des questions, entre autres,  relatives à l’organisation des futures élections. Imaginez ce qui  s’est passé ? L’opposition non seulement a accepté toutes les propositions du PCT, mais n’a dit aucun traître mot sur les résultats du recensement spécial du corps électoral !

Pour rappel, les résultats du recensement administratif spécial du corps électoral publiés par le ministère de l’intérieur montrent que le corps électoral du Nord du pays est devenu plus élevé que celui du populeux Sud du pays. Pourtant, tout le monde sait très bien que des tels chiffres sont invraisemblables dans la mesure où rien ne peut expliquer cette diminution de la population et l’augmentation parallèle du nombre d’habitants du septentrion en l’espace de 5 années.

Ceci étant, à moins d’être né(e) de la dernière pluie, l’opposition ne peut dire qu’avec de tels résultats les règles du jeu électoral ne sont pas faussées avant même le début de la compétition au profit d’un parti et de ses candidats. S’ils le savent, pourquoi n’ont-ils pas demandé que ce recensement soit revu ? Qui ne dit mot, consent, n’est-ce pas ? Et c’est ce que le secrétaire général du PCT résume bien quand il dit en clôturant ces 2 jours de rencontre :

«Ainsi, de façon consensuelle et en toute fraternité, en se prolongeant dans l’esprit de Dolisie, l’ensemble des acteurs politiques sont parvenus à asseoir un point de vue commun et concerté qui se regroupe dans une réponse à un certain nombre d’élaborations faites par le ministre de l’Intérieur.Celle-ci a été une rencontre importante pour ne pas dire inédite aux yeux du monde, et a montré la grandeur et la maturité de la classe politique congolaise. Sans arbitre, nous avons échangé sans passion sur les questions d’intérêt national, sur les préparatifs des élections. Nous avons prouvé que nous sommes responsables et nous devons continuer sur cette voie »

http://fr.africatime.com/congo/articles/elections-la-classe-politique-est-parvenue-un-consensus#sthash.qSiZboDx.dpuf

Demain, avec ce consensus léonin trouvé avec le PCT, est-ce que l’opposition peut-t-elle encore crier à la fraude électorale advenant que le PCT s’auto-déclarait victorieux des futures élections qu’organisera une CONEL qu’ils ont jugé de garder intacte dans ses attributs et sa composition lors de leur rencontre des 2 jours?

Tout le monde sait que l’une des règles de base en matière électorale c’est le fameux : ONE MAN, ONE VOTE. Avec le recensement administratif spécial organisé par le ministère de l’intérieur, il est donné de constater un gonflement à l’avance du nombre de votants en faveur des candidats du PCT, et ce au détriment de la base électorale du sud du pays acquis à l’opposition vu qu’au Congo on élit le fils ou la fille de son village. C’est notre sociologie politique même si au PCT ils aiment mentir qu’ils sont un parti présent sur toute l’étendue du territoire. Luvunu !

Si l’opposition ne peut défendre la sacro-sainte règle : One man, one vote, comment ose-t-elle encore se revendiquer de la règle de l’alternance politique quand elle se déclare forfait avant même le début de la compétition en octroyant un avantage décisif à l’adversaire i.e. le bourrage des urnes avant même l’élection.

D’aucuns savent que pour truquer une élection, ils existent plusieurs trucs tels avoir une différence entre le nombre d’émargement et le nombre de votants ; ne pas indiquer sur le procès-verbal le nombre d’électeurs, ni le nombre de procurations ; ouvrir les bureaux de vote plus tôt ou plus tard pour empêcher les gens de voter ou faire voter ses sympathisants ; bourrer les urnes soit avant l’ouverture du vote soit après ; etc. Ceci est le scénario qui se passe le jour du vote. Et souvent de telles irrégularités frauduleuses font l’objet des contestations.

 

Au PCT, avec les élections de 2016, ils ont décidé de faire propre en lavant plus blanc que blanc pour ne pas attirer plus d’attention sachant que la communauté internationale est contre le passage en force qu’ils veulent organiser pour faire rempiler leur champion que la constitution actuelle limite le nombre de mandat. Aussi, prennent-ils soin de réduire toute source de contestation dès l’amont du processus électoral, ainsi le crime sera parfait. D’où, cette nouvelle astuce de gonfler le nombre d’électeurs du septentrion, espace géographique que se revendique le PCT, et parallèlement diminuer le nombre de votants du sud du pays, réputé être rétif à ce parti. Ainsi, le PCT pourra aisément dire que, en cas de contestation électorale, leur base électorale est plus élevée que celle de l’opposition. Mieux, c’est avec raison que le ministère de l’intérieur n’a pas encore publié les résultats du recensement des villes de Brazzaville, Nkayi, Dolisie et Pointe-Noire, lesquelles villes votent de 80 à 90% contre le PCT, à l’exception de Brazzaville où ce parti a des fiefs électoraux dans les quartiers centre et nord de la ville.

Rien ne sert de sortir de West Point ou Frunzé pour comprendre ce petit jeu. Après avoir crié au loup, voilà notre opposition qui avale cette couleuvre sans dire mot puisqu’avec le PCT, ils «sont enfin parvenus, le 1er juin à Brazzaville, à s’accorder sur les divergences qui les opposaient autour des questions d’organisation des futures élections et de bien d’autres sujets».  Et le secrétaire général du PCT le dit si bien dans sa conférence de presse du 1er juin :

«A propos du Recensement administratif spécial, après évaluation, il ressort que cette opération s’est déroulée conformément aux orientations adoptées de manière consensuelle. Le paritarisme qui a prévalu entraîne la responsabilité partagée de tous les participants. Il est, par conséquent, peu objectif de faire porter sur le gouvernement ou sur la majorité, les faiblesses d’une opération co-gérée. Les résultats de ce recensement sont satisfaisants et les faiblesses constatées devraient se corriger, progressivement».

L’étau vient donc de se resserrer sur l’opposition croupion que le PCT, par malice, fait passer pour «co-gérant» du processus électoral au regard de leur concertation des deux jours.

Ceci étant, dans un tel contexte, sommes-nous vraiment en face d’une opposition responsable qui se dit prête à l’alternance du pouvoir ou devant «des succursales du PCT» qui jouent des partitions qui leur ont été dictées?

Croyez-vous qu’avec l’irresponsabilité dont ils ont fait preuve dans la gestion de leurs discussions avec le PCT sur les questions d’organisation des futures élections,  les membres de l’opposition peuvent concrètement s’opposer à un amendement ou changement de constitution voulu par le PCT pour que leur champion rempile pour un nième mandat ?

L’amendement ou le changement de constitution est le plat de résistance du PCT.  Aussi, tous les moyens seront mis en œuvre par le PCT pour passer en force. Le secrétaire du général du PCT nous donne déjà un avant-goût de leur position sur la question :

«Si leur droit de s’opposer à la modification de la Constitution peut se concevoir, il devient irrationnel et indéfendable, s’il ne repose que sur la seule obsession de se débarrasser d’un adversaire politique, c’est-à-dire Son Excellence Denis Sassou Nguesso, dans l’espoir que cette opportunité ouvrira une alternance qui leur sera favorable».

Le message est clair. Le PCT trouve irrationnel et indéfendable que l’on s’oppose à la candidature de leur champion que permettrait une modification de la constitution dont ils font la promotion comme nous l’avait expliqué Placide Madoudou qui trouve injuste que la constitution limite le nombre de mandat de Sassou sachant que nous sommes dans un système où « les serments n’ont aucune valeur juridique» d’après lui.

Que va faire l’opposition ? Ah, j’oubliais. Ils seront conviés à une autre rencontre de 2 jours avec la mouvance du PCT pour arriver à un consensus sur l’amendement ou la modification de la constitution. Ainsi, le PCT pourra dire que c’est par un consensus que les partis politiques ont décidé de la question de la constitution. Ce faisant, la boucle sera bouclée grâce à la stratégie de l’entonnoir et de l’étouffement que le PCT manie à la perfection i.e. un problème à la fois – du plus petit au plus grand- et socialisation des responsabilités avec privatisation exclusive des bénéfices. L’opposition ayant servi de marchepieds.
Un proverb Kongo dit: «On ne trompe que celui qui fait un mauvais usage de son regard»
Par Nassimina Mêrii
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16 réponses à Y-a-t-il encore une opposition au PCT au Congo-Brazzaville ?

  1. Anonyme dit :

    SASSOU NGUESSO ET SES PERROQUETS ONT-ILS PERDU LA CONSCIENCE OU LA RAISON?

    Analyse intellectuelle !
    L’intellectuel est une figure contemporaine distincte de celle plus ancienne du philosophe qui mène sa réflexion dans un cadre conceptuel.

    Un intellectuel est une personne dont l’activité repose sur l’exercice de l’esprit, qui s’engage dans la sphère publique pour faire part de ses analyses, de ses points de vue sur les sujets les plus variés ou pour défendre des principes ou valeurs plus ou moins partagées.

    Que vous soyez philosophe ou intellectuel – avoir toujours de la conscience au dessus de l’appartenance -la liberté de conscience !

    La liberté de conscience désigne le choix fait par un individu des valeurs ou des principes qui vont conduire son existence.

    Ce choix est de manière générale plus ou moins encadré par les lois du lieu d’existence -l’existentialisme !

    Comment définir la conscience?

    L’évolution des êtres animaux a doté en particulier l’homme d’une grande structure encéphalique nouvelle: le Cortex ou le néo cortex cérébral. C’est là que repose l’âme, le Psychisme et la conscience individuelle.

    Par elle, enfin, nous est donnée la capacité d’agir sur nous-même pour nous transformer.

    Chez l’homme, à la différence des animaux ; l’organisation de son psychisme qui, en lui permet d’avoir connaissance de ses états (son vécu), de ses actes (les habitudes et le comportement) et de leur valeur morale (le bien ou le mal).
    Mais le clan Sassou Nguesso et ses perroquets (mabiala, moungalla, okiemy, koumba, moudoudou, etc) n’ont plus de conscience ou de raison humaine.

  2. Objecteur de conscience dit :

    Cher Nassimina merii,
    C’est pourquoi pour faire court il faut comprendre le b a ba élémentaire qui est que: UNE DICTATURE PAR DEFINITION N’A PAS D’OPPOSITION ET NE PEUT SE COMBATTRE DANS SA LÉGALITÉ.
    Ceux qui se définissent comme tel, ici ou ailleurs, et qui prétendent la combattre dans le cadre institutionnel dictatorial définit par elle, la renforce en réalité en y conférant une image faussement démocratique. CE SONT DES ACCOMPAGNATEURS DE LA DICTATURE QUI EN ACCEPTANT SES RÈGLES, CONTRIBUENT À PÉRENNISER CETTE DICTATURE.

    Quelle cohérence et crédibilité politique pour des gens qui hier ont dénoncé un putsch et mis en cause la légalité qui en est issue parceque bien justement illégitime, pour in fine en accepter LA loi legalisante au point de faire de sa défense une farouche bataille aujourd’hui, sans se rendre compte que par là ils tombent dans le piège dictatorial qui vise à se donner une image de faysse démocratie?
    Non, en réalité c’est une répartition de rôles d’une même pièce de théâtre!

    SUIVEZ PLUTÔT CEUX QUI ONT DÉCIDÉ DE NE PAS TOMBER DANS LE PSEUDO DÉBAT CONSTITUTIONNEL ET QUI ONT PRIS DES INITIATIVES PLUS GRAVES QUI RISQUENT DE FAIRE ÉCROULER LES FONDEMENTS MÊME DE LA REPUBLIQUE DE YOULOU ET OPANGAULT.

  3. diasporien dit :

    Mais vous êtes incroyables les congolais. L’UPADS et tous les partis d’oppositions sont presque tous des anciens cadres fu PCT. Ils ont l’ADN PCT en eux. Il faut que tout le monde sache que l’UPADS ne représente pas á lui seul l’opposition. Et il n’y a rien d’anormal qu’un parti discute et s’accorde avec le pouvoir. Vous vivez en Europe regardez l’opposition est ce qu’elle est coupé d’un dialogue avec le psrti au pouvoir. Devenant démocrate et gardant nos visions c’est le plus important. Car vous semblez vite oublier que l’UPADS a aussi mal géré le Congo. De même que les Dzon ministre des finances ont pillés le Congo. De même si rien n’ai fait demain les erreurs décriés aujourd’hui seront reproduit par les futurs dirigeants sans honte.

    Alors engageant nous pour changer tous d’abord nos envis d’argent pour servir le Congo et congolais d’abord.

  4. U.PA.D.S dit :

    Visitez plutôt notre site pour vous faire une opinion.

  5. Bantu_avant_tout dit :

    LA FAUTE A LA CONFÉRENCE NATIONALE SOUVERAINE

    Tout est dans le titre!

    La CNS avait 3 objectifs principaux: Bâtir les fondations d’une nation congolaise; réhabiliter la justice et son esprit; Enfin, organiser les élections libres et démocratiques.

    Sur le dernier point. Bravos au gouvernement de monsieur Milongo d’avoir réussi avec si peu à organiser des élections démocratiques, c’est-à-dire, libres et transparentes.

    Sur le premier point: un échec
    La CNS nous a pondu des partis ethnicisés et personne n’avait tiré la sonnette d’alarme, or, ces partis contenaient en eux les germes de l’instabilité socio-politique (le PS est-il en France le parti des alsaciens et l’UMP le parti des normands?) et la dissolution (alors que la sagesse aurait présidé de cohabiter comme Mitterrand avait su le faire avec Chirac); le bombardement du quartier de bacongo; la guerre entre partis ethniques du sud; et les milices cobras, ninjas, zoulous, mambas, cocoyes, aubevillois, sont là pour nous le rappeler.

    Sur le deuxième point: un échec
    Aucun crime n’a été élucidé comme ceux de 1965 (Matsocota, Pouabou, Massouémé), Massamba-Débat, Biyenda, etc… Nous avons eu droit au RESPONSABLE MAIS NON COUPABLE de sassou nguesso et les autres, suivi d’un lavement de mains…
    Or, tout crime doit être puni, la vie humaine étant sacrée. Où sont les corps du président Massamba-Débat et Pouabou? et le KIMUNTU dans tout ça?

    Le frère diasporien a raison, la gestion de monsieur Lissouba était une calamité et nos appartenances ethniques ne doivent pas nous aveugler ou nous renoncer à l’autocritique, surtout pour un président élu qui avait promis au peuple congolais LA PETITE SUISSE et nous le savons après coup que celle-ci a décidé de venir à nous par le moyen le plus écologique au monde: LA MARCHE.

  6. merci , cher frère de soulever ce débat , car des opposants qui reconnaissent la légitimité de sassou et participe à ses élections qui ont accouché d’ une assemblée et un Sénat qui à casé tous ces mafieux comme TSATY Mabiala , Moukouéké, kinffoussia , Tamba tamba ect.. Le cas de Dzon qui même à intégré le tout premier gouvernement de sassou , comme ministre des finances ! Après un coup d’ état très sanglant suivi par le génocide des Laris au Beach!

  7. Anonyme dit :

    même en France là ou vous êtes devenus français pour nous faire des leçons de morales; l’opposition et a majorité discutent toujours; si notre démocratie ne vous plait pas, restez à vivre là bas, Lopen aussi arrive.

  8. Anonyme dit :

    Moins le néo cortex cérébral est développé – plus le patient manque de connexions ou d’interactions neuronales et humaines adaptées et ou civilisées.
    Cela peut se traduire en société ou dans la civilisation par des comportements de type primitif, instinctif, inculte, brutal, sauvage, inhumain, impulsif, agressif, violent, dictateur, tortionnaire, génocidaire et surtout animal. http://congo-objectif2050.over-blog.com/2014/06/anthropologie-comparee-entre-le-stade-inferieur-et-superieur-d-humanite-de-l-individu.html

  9. sadio kante dit :

    les partis d’oppsition representée à l’assemblée nationale se disent de la mouvance presidentielle, donc reconnaissance qu’ilne sont pas opposant au PCT. Là sur ce coup, il ne sont pas en contradiction avec la ligne qui est la leur.

  10. congolais dit :

    J’espere qu’en 2016 sassou sera parti pour le bien de tous.venons en a votre texte, je pense que malgré votre haine contre le pouvoir vous devez rester objectifs. Pouvez vous citer nommément les partis d’opposition qui étaient présents à cette rencontre, parce qu’à ce que je sache ils n’y etaient pas tous l’upads ne définit pas toute l’opposition. En tout cas ne cherchez pas à nous faire croire que la vraie opposition c’est la votre qui est faite depuis l’étranger. Les gens comme Mathias Dzon risque leur vie chaque jour, alors arrêtez un peu de vivre dans le déni.

  11. Massamba dit :

    nous allons gardé notre bien aimé Président

  12. Éguinda dit :

    Congolais

    Vous dîtes que Mr. Dzion risqué sa vie chaque jour? Mais pour qui? Par ailleurs, pouvez-vous nous citer les partis d’opposition qui n’étaient pas à cette rencontre?

    Merci.

  13. Anonyme dit :

    Pillage : au Congo, forer un puits d’eau coûte plus cher qu’au Sahel !
    Créé le 4 juin 2014 Écrit par Lu pour vous .. Lu dans  » Le Canard Enchaîné  » (4/6)

    L’aide française au développement du pillage

    Etablissement public sous la tutelle de l’Education nationale et de Bercy, le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) fait de drôles d’affaires au Congo. Ce Bureau, au savoir-faire très reconnu en matière d’exploitation du sous-sol, conseille le gouvernement de Brazzaville. C’est-à-dire un groupe de privilégiés qui se partagent la rente pétrolière sans en faire profiter les populations. Le BRGM est aussi partenaire du groupe brésilien Asperbras, très en cour à Brazza et très gourmand…

    En août 2012, Asperbras a été chargé par le ministre des Grands Travaux (Jean-Jacques Bouya, cousin du président Sas-sou-Nguesso) de réaliser un inventaire géologique du pays, avec repérages aériens, prospection minière, cartographie, etc. Une tâche plutôt éloignée des talents d’un groupe spécialisé dans les… tuyaux d’irrigation. Heureusement, les experts français ont utilement épaulé le marchand de tubes. Sans se préoccuper, ont-ils indiqué au « Canard », de la facture exigée par Asperbras : pour un an de travaux et 342 000 km2 de superficie, elle s’élève à 150 millions d’euros. Une somme qui représente environ 3 % du budget de l’Etat congolais. Et un montant extravagant pour ce type de mission. Surtout lorsqu’on le compare à deux autres contrats que vient de remporter le BRGM en Afrique.

    Au Tchad, la présidence a confié aux Français la réalisation d’un inventaire minier dans deux régions couvrant environ 200 000 km2. Durée : trois ans et demi. Coût : 20,6 millions d’euros. Soit un prix de revient quatre fois plus faible qu’au Congo pour un chantier beaucoup plus long. Au Cameroun, le même BRGM a décroché, en janvier, un autre marché cartographique portant sur une surface de 160 000 km2. Le projet, soutenu par la Banque mondiale, durera un an et coûtera dix fois moins cher que dans le contrat congolais !

    Pétrole familial

    Embarrassé, un responsable du BRGM explique que les missions ne sont pas tout à fait équivalentes et que le terrain désertique du Tchad est, par exemple, plus facile à explorer que les contrées forestières du Congo. Il ajoute qu’il ne connaît pas tous les détails du contrat d’Asperbras. C’est heureux. Car le brésilien, dont les dirigeants sont très proches de Denis Christel Sassou-Nguesso (fils du Président et patron de la société nationale commercialisant le pétrole), est familier des devis faramineux.

    Le « partenaire » minier du BRGM a, entre autres, remporté un marché pour le forage de 4 000 puits d’irrigation, moyennant 300 millions. Soit le forage à 75 000 euros, dans ce pays gorgé d’eau. De cinq à sept fois plus cher, selon plusieurs ONG de développement, que la réalisation d’un puits dans le Sahel…

    Ces mesquines affaires de sous et de sous-sol ne préoccupent guère Paris, traditionnel soutien du Congo dans la région, ni les institutions internationales, qui, officiellement, ont placé sous surveillance les finances de ce pays. En 2007, Sarkozy avait, contre l’avis de ses ministres, accordé une aide de 180 millions à son ami Sassou. Et, deux ans plus tard, à l’issue d’un intense lobbying franco- congolais, le FMI, dirigé par DSK, avait classé cet Etat pétrolier dans les « pays pauvres très endettés », entraînant ainsi dette.

    Ce qui a sûrement ravi la population, car, aujourd’hui comme hier, deux personnes sur trois vivent avec moins de 1 dollar par jour…

    J.-F. J.

    © Le Canard Enchaîné

  14. Éguinda dit :

    Le PCT a dit:

    «Donc, pour le P.c.t, ce débat qui est tout à fait normal, correct, doit aller jusqu’à son terme et sera conclu par le point de vue du souverain primaire, qu’est le peuple congolais. Le P.c.t, en son temps, donnera son point de vue. Le P.c.t et la majorité présidentielle, nous avions mis en place une commission qui a siégé, qui a examiné ce dossier. L’opinion nationale et internationale sera informée de la position du P.c.t sur cette question».

    Source: http://www.lasemaineafricaine.net/index.php/national/9051-reunion-du-bureau-politique-du-p-c-t-le-parti-congolais-du-travail-fera-connaitre-sa-position-dans-le-debat-constitutionnel

  15. Anonyme dit :

    Le Discours de la servitude volontaire est un ouvrage rédigé en 1549 par Étienne de la Boétie à l’âge de dix-huit ans. Sa première publication date de 1574.

    La Boétie porte son attention non sur les tyrans mais sur les sujets privés de leur liberté. Et il pose une question troublante : comment peut-il se faire que « tant d’hommes, tant de bourgs, tant de villes, tant de nations endurent quelquefois un tyran seul, qui n’a de puissance que celle qu’ils lui donnent ? »

    Ainsi certains hommes seraient même prêts à perdre leur vie pour le tyran.

    La Boétie considère donc le passage de la liberté à la servitude « sans nécessité » et affirme que la division de la société entre ceux qui commandent et ceux qui obéissent est « accidentelle ».

    C’est bien le peuple qui délaisse la liberté, et non pas le tyran qui la lui prend. En effet, comment expliquer que les hommes non seulement se résignent à la soumission mais, bien plus, servent avec leur plein consentement ?
    Seule la servitude de l’homme permet au tyran de rester au pouvoir, l’obéissance est un préalable à la violence.

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