Il est évident que l’influence est l’action continue d’un individu qui décide du destin d’un autre.
Mais par qui la jeunesse congolaise tient-elle ?
L’influence ainsi entendue devient le préalable d’une liberté, d’un choix, d’un consentement voire d’un enseignement par devers la loyauté, le courage, le mérité, le dévouement et l’abnégation.
Une jeunesse désœuvrée qui fonde son parcours sur d’autres présupposés que ceux que je viens de nommer est une jeunesse perdue.
Au Congo Brazzaville, rien dans notre tissu social, notre paysage culturel et éducatif ne semble les encourager à vouloir gagner leur vie à la sueur de leur front.
Ẻlevés en détresse dans un pays en turbulences, nos enfants sont l’appropriation des salauds lumineux qui leur imposent une vie au rabais. Tandis que les marmots qui butent dans tous les obstacles sans repentance, voient mûrir les jours de leur faillite.
La jeunesse congolaise toujours se délabre dans un système social calamiteux. Ᾱ pas croire, vraiment ! L’instruction de ces mômes bloque pile en pleine pagaille, ce sont des écorchés de la peur.
Ce parcours produit des petits marloux dans un pays ballonné par la bêtise. Une jeunesse abattue avec ses blessures dans l’âme et tout ce fardeau de misère, plongée dans le tournis, une jeunesse patibulaire.
La rapacité au sein de la Nation est élevée au premier rang. Une société fondée sur le culte de l’argent comme une apocalypse personnelle, l’honnêteté semble justement impossible, voire rare. Le bon sens est martyrisé chez ces voyous déchaînés.
Alors que la rue appartient à tout le monde, elle devient le lieu commun le plus capable d’exprimer le rêve de l’Eden. Elle donne une fascination à qui veut. Ici, la rue est un signe mémoratif. Pour ceux qui n’ont rien à perdre, la rue est une sorte de douleur amère, une forme d’autophagie qui peut mener jusqu’au suicide. La rue pour cette jeunesse est un paradoxe vécu entre « le paradis perdu » de Milton et « l’enfer » de Dante.
Devant l’histoire et la postérité, le poète prendra le temps en parole pour les grandes causes. Il doit avoir confiance dans la fraternité humaine, le poète est lucide face à tout pouvoir autocratique.
En face d’une société sourde et sévère, nos enfants dans la rue font leur propre autorité par despotisme, quoique doués d’un sens inné de discernement. Ils sont souvent sans assistance et végètent entre l’équilibre et l’excès.
Il y a trop de silences devant leurs conflits sanglants au quotidien. Dans l’opacité des exactions des brigands, ils auscultent leur avenir avec un mélange de dégoût et d’interrogation. Ce sont des années d’incertitude dans l’anomie, par les ravages du temps. Que des idées noires, en état d’extase, de la tristesse et de l’ennui. Abandonné à eux-mêmes, leur mutisme dégage de la splendeur désolée mais authentique. Souvent ils dorment à la belle étoile, observant des éclairs scintillants de la longue nuit, dans une multitude infinie des intensités successives.
Pendant les fortes pluies, leurs corps tremblent, eux demeurent muets. Quelques larmes se mêlent à l’eau de pluie, à la sueur crasse. Les enfants ne s’intéressent plus à leur propre destruction progressive par mépris de soi, et meurent cependant de veulerie et d’épuisement. Le corps inerte devient le lieu où toute la brutalité de la société transparaît. Cette société bourrée de requins et de piranhas.
Mais peu d’élites aiment regarder cette vérité-là. Cette jeunesse-là n’est pas libre, elle est pervertie, détournée, récupérée, elle manque de conscience morale. Elle doit se révolter, même si la révolte n’autorise pas tout. Elle doit refuser l’allégeance à ce monde-là, un monde ambigu. Ce qui émeut ou horrifie toujours chez ces gens-là, ce sont des prétextes, des mouvements de lèvres ou de glotte qui fonctionnent mécaniquement, ils ne disent rien.
Ils ne peuvent persuader aucun auditoire ? Ce ne sont pas des hommes politiques en représentation.
Dans certains terrains vagues, voilà les râles des enfants. Des orphelins de guerre qui marchent à quatre pattes et sont élevés dans des enclos de fortune comme des gibiers d’élevage. Ceux-ci boivent de l’eau avariée malgré l’odeur fauve des égouts. Les enfants sont gris d’usure, anémiés, les fesses osseuses, ils rampent dans des coins isolés tels de vrais impotents.
Les enfants ne s’esclaffent guère, leur attention se forge dans le silence, le regard décousu. On ne sait ce qu’ils murmurent comme prières, comme lamentations. Ᾱ la vue d’un lambeau de carne ramassé dans le caniveau, voraces, gloutons et dotés d’un appétit désordonné, ils sont excessifs et se font la guerre entre eux, il faut que ça saigne.
C’est une chose incroyable qu’ils ne réclament rien du tout, leur avenir est rempli de petits cris, de phrases inarticulées. Une fierté rompue. Ils ont entièrement abandonné l’espoir d’obtenir une faveur ou d’être aimé. Ils circulent prudemment au bord de la route.
L’écrivain et le journaliste ne sont pas des redresseurs de torts. Mais n’est-il pas nécessaire pour l’histoire de recenser et de montrer au plus grand nombre de ces actes monstrueux que les élites du Congo Brazzaville font subir à leur propre progéniture ?
Nous sommes dans une mélancolie démocratique, tout se délite. Triste Congo et ses salauds lumineux, longue vie à l’imprécateur narcissique et inique !
Comment imaginer une jeunesse, fut-elle la plus abrutie, dans un monde, un pays, sans sanctuaire, sans lieu-propre ?
Dans le poids des lieux, dans une mystérieuse confusion, le Congo tue ses propres enfants à petit feu.
Pour la jeunesse, tout ce chaos, cette furia dans mon pays sont d’une brusquerie et d’une violence insoutenables. Sont-ce de simples tourments d’optique ou de drôles d’interpolations de la mémoire ? Il ne se peut que cela existe !
Ma foi en la mère patrie est irrévocable et éternelle. Et que dit la « Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et du citoyen » :
« Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants » (Article 5).
Mais comment répondre à tous ces défis ? Il faudrait poser le vrai problème d’identité, à travers la théorie du sujet, une perspective solide et invariante, plus prompte et plus éclairée.
Que Dieu sauve et préserve nos enfants voués de facto à la confusion et soumis aux terribles épreuves. Mais que deviendra-t-elle, cette jeunesse habituée à la dissimulation, à l’habitude du mensonge, aux automatismes d’astuce et aux délits de ruse.
Il faudrait soigner ce mal à la racine, car nous le savons tous, lorsque le fait ne coïncide pas avec l’objet, mais exprime un rapport, c’est là où toutes les difficultés commencent.
Par Dina Mahoungou « Écrivain et journaliste médias »
Auteur du roman : « Agonies en Françafrique » aux éditions l’Harmattan
Auteur du recueil de nouvelles : « Les parodies du bonheur » aux éditions Bénévent
Diffusé le 17 novembre 2013, par www.congo-liberty.org
Ya Dina, fantastique tu cartonne dans tes réflexions.
Bravo cher ami gainsbourg, je vais pas tarder à l’acheter, et puis arrêtes de te faire rare, Amedée et moi même n’avons plus de tes nouvelles depuis belle lurete .
Bon courage, et continue notre soutien est indéfectible
JFrancois
Je vous l’ai dit la derniere fois, Dina excelle dans un genre literraire qui ne devrait laisser personne indifferent.
Je constate pourtant que les commentaires sont RARES, leurs auteurs ne sont certainement pas assez EMUS par la purete du verbe, eux qui excellent dans les extremes d’ou « RARES EMOTIONS ».
Toutes ces évocations sont anachroniques à la réalité congolaise. Ces phrases savants sont d’aucune contribution réelle a l’avancée du pays.
Je ne cesse de tirer la sonnette d’alarme pour que les vrais fils du Congo se rendent compte qu’il faut impérativement faire partir Mr Sassou et ses amis de 45 ans pour la survie de peuple Congolais.Mr Sassou et ses amis sont des destructeurs du Congo.Ouvrez vos yeux dans ce monde cruel qui se fait de plus en plus complexe.Mr Sassou a démontre maintes fois son incapacité a gérer la cite.Mettez fin a son système mystico-politico-mafieux tout en nettoyant tout ce qui y va avec.L’heure n’est plus au bavardage ni aux reunions stériles.Le temps de virer Mr Sassou,son pct,son clan,ses amis et tous ces courtisans est arrivée