Le débat sur une éventuelle révision de la Constitution en vigueur depuis 2002 est désormais au centre du débat politique au Congo-Brazzaville. La volonté affichée du camp présidentiel de modifier ou de changer la Constitution en vue de dégager les verrous qui empêchent le président de la République d’être candidat à sa succession en 2016 devient de plus en plus persistante. Les juristes congolais s’y sont mis dans le débat. Si certains affichent un silence coupable, rasent les murs en faisant profil bas, d’autres comme Pierre Mabiala, Bienvenu Okiemy, Placide Moudoudou se distinguent par des envolées oratoires qui laissent perplexes sinon pantois les juristes et étudiants des Facultés de Droit. Ce débat aura le mérite de mettre en lumière la qualité des juristes congolais qui pour des considérations personnelles et alimentaires refoulent du pied gauche toutes les théories qu’ils enseignent et publient dans les manuels.
Au fond de quoi parle-t-on concrètement
Lorsque le Congo sort de la guerre civile de 1997 qui remet en cause les acquis de la Conférence Nationale de 1991, les vainqueurs du conflit armé rafistole une Constitution sur mesure en fonction de leur désidérata de l’époque. Il s’agissait d’abord et avant tout de donner « un parfum démocratique » au coup d’Etat qui venait de destituer le 1er président élu au suffrage universel post conférence nationale.
Arrivé au pouvoir par coup d’Etat, les vainqueurs de la guerre décidaient de condamner le coup d’Etat, l’exercice tyrannique du pouvoir et l’usage de la violence politique sous toutes ses formes, comme moyens d’accession au pouvoir ou de sa conservation et surtout décidaient ipso facto d’adhérer aux valeurs universelles de paix, de liberté, d’égalité, de justice, de démocratie, de tolérance, de probité et aux vertus de dialogue, comme références cardinales de la nouvelle culture politique.
Pour lutter contre les présidences à vie, la Constitution du 20 janvier 2002 en son article 57 prévoit que <<Le Président de la République est élu pour sept ans au suffrage universel direct. Il est rééligible une fois>>.
Et pour trouver un équilibre sur le profil du Président de la République qui ne devrait être ni trop jeune, ni trop âgé, le compromis a été trouvé dans l’article 58 qui stipule que <<Nul ne peut être candidat aux fonctions de Président de la République s’il n’est âgé de quarante ans, au moins, et de soixante-dix ans, au plus, à la date du dépôt de sa candidature..>>;
La forme républicaine de l’Etat ayant été affirmée avec force, celle-ci avec <<…. le caractère laïc de l’Etat, le nombre de mandats du Président de la République ainsi que les droits énoncés aux titres I et II ne peuvent faire l’objet de révision>> (article 185)
A son entrée en fonction, l’article 69 prévoit que le président de la République prête le serment suivant:
« Devant la Nation et le Peuple Congolais seul détenteur de la souveraineté: MOI (nom de l’élu), Président de là République, je jure solennellement:
– de respecter et de défendre la Constitution et la forme républicaine de l’Etat ;
– de remplir loyalement les hautes fonctions que la Nation et le Peuple m’ont confiées ;
– de garantir le respect des droits fondamentaux de la personne humaine et les libertés publiques ;
– de protéger et de respecter le bien public ;
– de consacrer l’intégralité des ressources naturelles au développement de la Nation ;
– de garantir la paix et la justice à tous ;
– de préserver l’unité nationale et l’intégrité du territoire, la souveraineté et l’indépendance nationales. »
Autant de dispositions qui devraient théoriquement faciliter une bonne respiration de la démocratie dans ce pays qui a trop souffert de la violence, des guerres et des atrocités politiques à répétition. Désormais comme le précise l’article 50 de la Constitution, tout citoyen a le devoir de se conformer à la Constitution, aux lois et règlements de la République.
Après une lecture attentive de l’ensemble de ses dispositions, on peut curieusement s’interroger sur le sens, la réalité et la nature du débat sinon du « non-débat » qui est posé.
Si comme le soulignent les apologistes de la révision constitutionnelle, la Constitution n’est pas une bible, il reste que dans une démocratie, la révision intervient pour apporter une solution contre une paralysie des institutions ou encore pour adapter le texte avec l’évolution de la société. Or dans le cas d’espèce, la Constitution prévoit les modalités de sa révision mais ne saurait se faire sur des points bien précis à savoir le caractère laïc de l’Etat, le nombre de mandats du président de la République et la forme républicaine.
Dans ses funestes incantations, le ministre juriste de son Etat en charge de la communication, Bienvenu Okiemy aime à considérer le Congo comme un Etat de droit. Faut-il le rappeler qu’un État de droit peut se définir comme un système institutionnel dans lequel la puissance publique est soumise au droit. D’origine allemande (Rechtsstaat), cette notion a été redéfinie au début du vingtième siècle par le juriste autrichien Hans Kelsen, comme un État dans lequel les normes juridiques sont hiérarchisées de telle sorte que sa puissance s’en trouve limitée.
Dans un Etat de droit, chaque règle tire sa validité de sa conformité aux règles supérieures. Un tel système suppose, par ailleurs, l’égalité des sujets de droit devant les normes juridiques et l’existence de juridictions indépendantes.
L’ordonnancement juridique dans un Etat de droit s’impose à l’ensemble des personnes juridiques. L’État, pas plus qu’un particulier, ne peut ainsi méconnaître le principe de légalité et de la soumission de l’administration au droit : toute norme, toute décision qui ne respecteraient pas un principe supérieur seraient en effet susceptible d’encourir une sanction juridique. L’État, qui a compétence pour édicter le droit, se trouve ainsi lui-même soumis aux règles juridiques, dont la fonction de régulation est ainsi affirmée et légitimée. Un tel modèle suppose donc la reconnaissance d’une égalité des différents sujets de droit soumis aux normes en vigueur.
En considération de tout ce qui précède, il ressort qu’actuellement le Congo doit faire preuve de sa maturité politique en favorisant une alternance libre et transparente comme l’ont fait les Béninois. Plus de 20 ans après la Conférence Nationale, le Congo est encore en train de patauger dans les méandres et incertitudes démocratiques du lendemain alors que dans le même temps, le Benin est en train de construire un Etat démocratique bon gré mal gré. Tout comme le Benin, le Congo a organisé une Conférence Nationale Souveraine pour mettre en place des bases d’un Etat démocratique avec les élections libres et transparentes comme seul moyen d’accession au pouvoir. De 1990 à ce jour, par des élections libres et transparentes, le Benin a connu six élections présidentielles et des passations démocratiques de pouvoir : Nicephore Soglo (1991-1996) – Mathieu Kerekou (1996-2006) et depuis 2006 avec le Docteur Boni Yayi. Pour la même période le Congo n’a connu aucune passation de pouvoir, le président Pascal Lissouba ayant été chassé du pouvoir par la force des armes.
De tout ce qui précède, il ressort que le respect de la Constitution doit être une exigence pour tous et pour le bien du Congo, des congolais et un exemple à suivre pour les autres nations.
Dans un Etat sérieux qui se veut démocratique et respectueux des règles établies, ce genre de débat n’a pas lieu d’être. La Constitution est un texte qui a été approuvé par la majorité du peuple souverain, elle ne saurait être modifiée pour assouvir les aspirations d’un homme ou d’une fraction du peuple. L’alternance est une exigence d’un Etat moderne. Donc le respect de la Constitution voudrait que le président Dénis Sassou Nguesso qui aura 73 ans en 2016 car né en 1943 et qui aura passé ses deux mandats (2002-2009 et 2009-2016) et prêté serment de respecter la Constitution, puisse se conformer à la loi suprême comme tout citoyen. Toute tentative de réviser ou de changer la Constitution dans le seul but de régler une difficulté personnelle serait un regrettable retour en arrière pour le Congo qui a tant fait l’admiration de ses voisins au début des années 1990.
Xavier KITSIMBOU
Politologue
Diffusé le 29 mai 2014 , par www.congo-liberty.org
Quel commentaire faut il encore laisser si ce n est pas s aligner comme un ouvrier à la chaine derrière votre vision qui dégage une senteur démocratique et dénué de tout intérêt sinon que l intérêt général,arbre aux fruits communs?veuillez recevoir de ma part,grand frère,toute ma gratitude de vous savoir aussi clair,concis et précis sur une question d école.j ose croire,en toute honnêteté intellectuelle que les voix de la raison s accorderaient à abandonner leur crédibilité sur vos propos.
Analyse très pertinente.c’est tout trouvé.en effet,les courtisans soutiennent le changement de la constitution pour des raisons culinaires et leur menthor veut clairement y démeurer pour ne pas etre rattraper par la justice internationale.
Chers Compatriotes,
Il est vrai que les gesticulations de sassou,sa mauvaise foi,son égoïsme,son cynisme ,bref ses insuffisances qui en font presque un sous homme inquiètent ,mais il faut savoir que la nature sait aussi solder des comptes.
Croyez vous qu’après avoir fait tant de dégâts humains ,parfois des familles entières détruites et d’autres crimes en tout genre pensez vous qu’il va s’en tirer sans rendre compte?
Les politiciens et autres congolais de tout bord devraient se rappeler et revendiquer une sépulture digne à la dépouille du Président Alphonse MASSAMBA DÉBAT qui est toujours quelque part dans les bosquets de la route Nationale n.2 vers le village Loufoula disait-on à l’époque de son assassinat par ce même sassou.
YOMBI ,son complice dans l’assassinat de Marien a été évincé du pouvoir au motif qu’il avait 30 paires de chaussures ,un zoo privé et un lit mouvant . Habitué des complots,il avait à l’époque fédéré BOKAMBA YANGOUMA et Justin Lékounzou pour mettre en minorité YOMBI et le débarquer de la Présidence de la République. Ce dernier s’était plié pour éviter une effusion de sang.
Le Professeur Pascal LISSOUBA ,démocratiquement élu a été évincé par un coup d’état dont sassou tient la responsabilité pleine et entière ,à en croire les déclarations sur RFI ,le 27 octobre 1997 de Jean Marie Tassoua qui disait avoir reçu mission de regrouper les forces militaires et politiques aux fins de subversion dès 1993 .
Il faut que les jeunes congolais soient mis au courant de ces vérités souvent ignorées qui gouvernent la vie politique de sassou.
Il faut savoir que sassou que l’on dit intelligent avait mieux à faire en investissant l’argent qu’il pille au lieu de le planquer dans les banques des pays ou règne le secret bancaire (112 comptes bancaires ) en France pour lui et sa famille. On sait par ailleurs que sont devenus les fonds cachés des autres dictateurs à l’image de Mobutu, Sanny Abatcha (du Nigéria ), Eyadéma ,Moussa Traoré et autres. L’avenir très proche nous édifiera.
Lorsqu’une gouvernance est saine; pas de travers financiers ,ni politiques, ni des coups bas de corruption, on peut quitter tranquillement le pouvoir.
Sassou est en péril. Sa conduite politique est catastrophique et de nombreuses plaintes s’abattront sur lui après son départ de la présidence congolaise. Un putschiste ne finit pas en beauté à la sortie de son méfait. La lâcheté est donc de frauder, frauder et encore frauder. Les Congolais vont-ils être complices de ce sauve-qui-peut?
Le fait d’avoir usurper le pouvoir est un délit qu’il ne peut oublier. Le Congo pourrait en l’espèce, servir de modèle. Que jamais, aucun despote ne vive en paix ! Sassou doit quitter le pouvoir afin que le Congo trouve paix, fierté et modernité politique.
A Lulendo de Ponton,
Comme vous je pense que sassou s’est auto-détruit par lui même. C’est un homme tourmenté qui se dit, une fois le pouvoir perdu il est mal barré car tous les dossiers criminels accumulés durant cette trentaine d’années finiront par jaillir.
UNE SIMPLE PRÉCISION
Sassou est un putschiste pour avoir accédé au pouvoir par les armes!!!
Mais, Lissouba a réuni le conseil constitutionnel à la fin de son mandat uniquement pour reporter la date des élections.
Mais, il est écrit nul part qu’il aurait remporté les élections en 1997…. Kolelas était probablement le mieux placé pour l’emporter mais il a été son propre ennemi car assoiffé du pouvoir et d’argent: Résultats en 1992, il avait déjà perdu une bonne partie de l’électorat au profit du professeur.
Mon cher compatriote Xavier KITSIMBOU, sachons de quoi on parle. Article 185 de la constitution du 20 janvier 2002 dispose : L’initiative de la révision de la Constitution appartient, concurremment, au Président de la République et aux membres du Parlement.
Aucune procédure de révision ne peut être engagée ou poursuivie lorsqu’il est porté atteinte à l’intégrité du territoire.
La forme républicaine, le caractère laïc de l’Etat, le nombre de mandats du Président de la République ainsi que les droits énoncés aux titres I et Il ne peuvent faire l’objet de révision. On ne peut donc au nom de la légalité dont vous faites écho s’opposer à la modification de la constitution, fut-il pour assouvir les appétits de pouvoir d’une personne, pourvu que cela se fasse dans le respect strict de l’article 185 dans son alinéa 3: « La forme républicaine, le caractère laïc de l’Etat, le nombre de mandats du Président de la République ainsi que les droits énoncés aux titres I et Il ne peuvent faire l’objet de révision ». On peut donc tout réviser, l’âge, le pouvoir exécutif, le pouvoir législatif, et les autres institutions. En revanche, cette Constitution ne peux en aucun cas être changé. Et justement le débat au Congo porte non pas sur la révision mais sur le changement de la constitution. Posons donc bien le problème avec justesse et pertinence. j’ai dit.
Jean-Jacques BAYONNE6cASTADOR