Roman « Destin cruel » de Julien Ludovic Kodia. Par Noël KODIA

destin

Jonathan et Eléonore, deux jeunes Noirs sud africains, se rencontrent en Angleterre au cours de leurs études universitaires et tombent amoureux l’un de l’autre. Un amour fort qu’ils concrétisent par le mariage avant de rentrer au pays où ils vont exercer le métier d’enseignant à Durban. Mariage heureux entaché par la stérilité d’Eléonore que tente de « combattre » Jonathan car elle a de la peine à assurer sa féminité sans enfant. L’homme s’entend avec Diana, la sœur aînée d’Eléonore résidant à new York pour que sa femme puisse s’y rendre pour ses vacances. Des vacances au cours desquelles Eléonore pourrait rencontrer un médecin spécialiste pour sa stérilité. Mais elle refuse l’opération de la dernière chance, sa stérilité, une fatalité qui pourrait trouver la solution dans la prière. Aussi, le couple accepte leur condition de foyer sans enfant imposé par le destin et cela malgré le comportement des parents de Jonathan qui souhaiteraient une progéniture pour ce dernier. Les deux époux qui s’aiment malgré le manque d’enfant se remettent à Dieu et espèrent la délivrance dans la prière. Aussi, l’inattendu se réalise mystérieusement quand Eléonore donne naissance à des jumeaux. Un miracle de Dieu pour le couple qui savoure un bonheur éphémère. La mort d’Eléonore consécutive à une hémorragie après l’accouchement est imminente car les médecins n’arrivent pas à l’arrêter et qui concrétise le destin cruel du couple. Le livre de Julien Ludovic Kodia, un roman qui trouve sa signification dans le triptyque Diana – Jonathan – Eléonore.

Diana une femme pas comme les autres

Diana, une femme militante de l’ANC qui nous rappelle l’Afrique du sud d’avant la fin de l’apartheid. Par son courage, elle brave le pouvoir dictatorial et minoritaire blanc. Traquée, elle s’exile aux Etats Unis où elle continue sa formation politique tout en travaillant : « Diana est gestionnaire dans l’entreprise qui l’emploie. Dès (…) son arrivée aux Etats Unis, elle s’était inscrite dans une grande école de commerce. Concomitamment, elle suivait également des études de sciences politiques dans une l’une des grandes universités de New York » (p.18). A new York, Eléonore découvre en sa sœur une femme de caractère qui continue sa lutte contre l’injustice des Blancs commencée au pays . Dans son combat, elle est beaucoup assistée par de grands noms de la politique américaine. Devant son ami Brown avec lequel elle semble partager partager sentimentalement le quotidien, Diana se montre plus politique que sentimentale ; ce que remarque sa sœur : « De nombreuses femmes de notre mouvement continue la lutte. (…) La femme doit avoir un cœur pour aimer » (p.32). Mais les inquiétudes d’Eléonore vont se dissiper dans l’espace et dans le temps, quand, à son pays au pays, sa sœur lui de son futur mariage avec Brown dont elle serait l’initiatrice : « N’es-tu pas l’artisan de mon bonheur actuel ? (…) J’avais goûté enfin au bonheur ; celui qui ne peut être donné que par l’être aimé, et, dans mon cas ce fut Brown » (p.74).

Le couple Jonathan – Eléonore : l’amour au-delà des limites

Rares sont les couples paisibles sans enfant dans la société africaine. Aussi, Jonathan et Eléonore remarquent que leur amour est fragilisé par la stérilité de cette dernière. Et pourtant malgré cette fâcheuse situation qu’a tenté de remédier l’homme en complicité avec sa belle-sœur de New York, malgré l’échec de cette tentative, l’amour entre Jonathan et Eléonore restera intacte. Même quand ses parents essaient de le persuader d’avoir des enfants, Jonathan reste imperturbable : « J’aime ma femme papa. Je ne laisserai personne s’immiscer dans la vie de mon foyer » (p.81). Leur amour réciproque est tellement fort que, pour cet enfant qui semble important pour sa belle-famille et pour l’équilibre de leur foyer, Eléonore n’hésite pas de demander à son mari de trahir une partie de leur amour pour la bonne cause : « Un enfant est toujours un enfant. Qu’il soit fait avec une autre femme ou non. Peut-être que tes parents ont raison. J’accepterai donc de te partager avec une autre, une petite trahison bien sûr qui pourra rétablir l’équilibre de nos vies (…) Va donc, va me chercher cet enfant, notre enfant » (87). Mais l’homme ne se laissera pas faire, leur destin sans enfant étant la volonté de Dieu. Et c’est dans la prière que le couple trouvera sa délivrance. Devant le découragement total de sa femme, Jonathan lui rappelle que « personne ne peut sonder les pensées de Dieu (…).Aussi longue que pourra être [leur] nuit, le jour finira toujours par se lever » (p.89). Leur amour réciproque consolidé par la prière va leur réserver une agréable surprise quand le médecin révèlera à Eléonore sa future maternité : « Ce qui est impossible à l’homme ne l’est pas pourtant pour Dieu. Aujourd’hui j’apprends qu’il n y a pas plus grand médecin que notre Dieu » (p.96). Mais le bonheur qua va procurer la venue des jumeaux au couple sera e courte durée. Le destin fatidique qui poursuit inexorablement Jonathan et Eléonore va faire éclater sa cruauté à travers la mort de cette dernière qui laisse deux enfants dans les bras de sn mari, lui qui, paradoxalement privilégiait l’amour au-dépens de la maternité de son épouse.

Conclusion

« « Destin cruel », un roman qui, dans un langage simple et linéaire, nous plonge dans les méandres de l’amour passion qui brise quelques tabous de la société africaine, telle l’acceptation de la stérilité dans le couple. Et comme il est spécifié sur la quatrième de couverture du livre, « Destin cruel », une histoire forte et émotive où se mêlent amour et souffrance ». ? Un récit vif et alerte qui montre que l’auteur est plus qu’un romancier.

Noël KODIA

  1. Ludovic. Julien Kodia, « Destin cruel », éd. Edilivre, Paris, 119p. 13,50€
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