Un politique Italien du 18è siècle disait que : « Les Nations vivent des qualités et des vertus de leurs hommes politiques ; elles meurent de leurs défauts, de leurs fautes, et de leurs crimes ». L’Europe a connu les pires moments de son histoire forgée par une catégorie de ses dirigeants notamment ; l’Allemagne avec Hitler, l’Espagne avec Franco, l’Italie avec Mussolini. En Amérique Latine, le Chili avec Pinochet. L’Afrique est le continent qui au 20è siècle a enregistré plus des morts pour des raisons politiques.
Le projet des pères des indépendances était de faire de l’Afrique une puissance libre, unie, et démocratique. Ce projet politique avait trouvé des concepteurs dans les élites naissantes confirmées, qui ont été Cheikh Anta Diop, Aimé Césaire, Frantz Fanon. Dans notre pays le Congo, cette pensée trouvera sa résonnance auprès de nos intellectuels, de nos personnalités politiques de l’époque des indépendances, tous ont voulu malgré leurs différences, d’un Congo uni, aucune puissance ethnocentrique n’était au-dessus des autres, toutes étaient rassemblées autour d’un même idéal.
Cette génération a mis en pratique la fraternité qui est l’un des maillons de la Sagesse Bantou, celle-ci incarnée par les vertus bien connues de nous tous, que sont le Kimuntu et le Bo moto, cette génération a promu l’intellectualité humaniste des grands groupes Kongo, Téké, Ngala
Puis se fit jour, le malaise collectif ; celui-ci structuré par l’utopie ambiante de l’idéologie marxiste-léniniste mal pensée par les idéologues du parti unique (PCT). Depuis la crise perdure malgré la parenthèse de la Conférence Nationale qui a tenté de réajuster la situation, mais en vain. Un cycle prend fin, celui de l’injustice, de la barbarie, de l’obscurité qui a fait régressé et déclassé le Congo Brazzaville. Seule une conscience forgée par les épreuves et les souffrances subies par les populations et transcendées par celles-ci est capable de nous projeter dans la modernité.
C’est pourquoi on est en droit de se dire que le problème qui nous ait posé reste et restera celui de la qualité de nos hommes politiques. D’où la nécessité, dores et déjà, de porter notre attention sur les vertus morales et les qualités que doivent incarner nos hommes et femmes politiques pour que le Congo, notre pays, ne tombe plus sous le coup de la profanation et qu’il retrouve sa place d’avant, de porteur d’humanité dans le concert des nations. Pour nous conduire dans cet exercice de quête d’hommes et de femmes de valeurs, nous nous inspirerons de la pensée d’Aristote.
Aristote nous indique trois conditions de possibilité qui conviennent pour éclairer les délibérations des citoyens libres en vue de choisir les hommes et les femmes qui doivent conduire leur destinée. Il en souligne trois : la pratique des vertus morales qui élèvent l’homme ; la recherche de l’excellence qui conduit l’intelligence humaine à la connaissance ; la justice au sens le plus achevé qui conduit les hommes et les femmes au respect de la norme afin d’éviter les déviances.
C’est pourquoi, un grand dirigeant français disait, il y a de cela plus de dix ans, « que les problèmes du monde et des sociétés sont devenus très complexes et qu’il faut des grands esprits, pour ne pas dire des grands hommes pour y apporter des réponses et des solutions adéquates »
D’où la recherche permanente de l’élévation ; cette élévation proviendra des hommes et des femmes congolais qui mettront au centre de leurs ambitions politiques les vertus morales qui sont comme le dit Grégoire de Nysse « les rayons qui émanent du soleil de la justice pour nous illuminer ; sous leur influence, nous venons écarter de nous les œuvres des ténèbres, et, comme en plein jour, à nous conduire avec dignité » ; Grégoire de Nysse poursuit « ayant renoncé aux silences de la honte et accomplissant toute chose dans la lumière, nous devenons nous-même lumière, capable de resplendir devant les autres »
L’aspirant aux hautes fonctions de l’Etat doit incarner au moins des vertus de cette hauteur dont parle Aristote, il doit être intègre. Car l’intégrité est le garant d’une bonne conscience et apporte la sérénité ; il faut qu’il soit courageux, car le courage construit au quotidien et rend fort dans l’adversité. Il faut qu’il soit tempéré, car la tempérance évite de tomber dans les excès et procure l’apaisement ; il faut qu’il soit humble, car l’humilité grandit celui qui en fait preuve et lui vaut le respect des autres ; il faut qu’il soit non violent, car la non-violence génère l’harmonie intérieure et répand la paix entre les êtres ; il faut qu’il soit détaché, car le détachement est un gage de liberté et cultive la richesse intérieure.
L’aspirant pourvu de telles vertus pourra espérer comme nous le conseille le philosophe Karl Von Eckartshausen « avancer vers la perfection ; voilà le vrai bien. Et le vrai bien, c’est le but de notre destinée. Etre vertueux, c’est aspirer à une ressemblance avec la divinité ; c’est se rapprocher de la vocation de l’homme ; c’est avancer vers l’unité de la créature et du Créateur. » Sachons que la plupart des grands hommes d’Etat qui ont marqué l’histoire du monde ne l’ont fait qu’en portant en eux quelques vertus.
La deuxième exigence que les illustres sages de l’antiquité et des philosophes des lumières recommandent aux hommes et aux femmes qui ont le souci du Bien de la multitude, c’est celle de l’excellence ; car on ne peut pas atteindre l’excellence sans la connaissance, le savoir et la culture.. Embrasser les affaires de la cité suppose un minimum de culture ; les aventuriers politiques il y en a une multitude au Congo, il suffit de regarder le nombre des partis et des associations à caractère politique.
Nous invitons nos éventuels porteurs de la conscience supérieure de s’affirmer aussi dans la culture générale, car comme le souligne notre illustre philosophe Nicolas Roerich « la culture est la vénération de la lumière ; la culture est l’amour de l’humanité ; la culture est l’unité de la Vie et de la Beauté ; la culture est la synthèse des réalisations qui élèvent et inspirent….Par la culture et l’étude les hommes peuvent devenir des réels coopérateurs de l’évolution, et c’est de la lumière que peut émerger la vraie connaissance »
Nicolas poursuit en insistant que : « la connaissance véritable est basée sur la tolérance réelle ; de cette tolérance réelle vient la compréhension absolue ; de la compréhension absolue vient l’enthousiasme pour la paix, qui éclaire et purifie »
Un sage s’interroge : « qu’est ce qui donne du prix à ta vie sinon le soin que tu prends à te rendre meilleur et à répandre le bien autour de toi » voilà le conseil d’un sage qui oblige celui qui veut sacrifier sa personne au service de l’intérêt général. Obama nous l’a démontré lors du discours aux obsèques de Mandela en prenant les exemples sur lui-même et sur Nelson Mandela ; belle leçon d’éthique. Or de plus en plus au Congo les gens viennent en politique pour leurs intérêts personnels et non pour l’intérêt de la multitude
Nous disons donc que les hommes et les femmes de demain doivent s’incarner à des êtres qui oublieront leur propre personne et sacrifieront leur vie au profit des autres ; alors ils pourront avec le philosophe Gérard Encausse dire: « ce n’est qu’en agissant au profit des autres que nous agissons en mode d’évolution, et d’éclaircissement ; tandis qu’en agissant à notre seul profit, nous agissons en mode d’involution, d’obscurcissement ».
Ceux qui doivent œuvrer pour le retour et l’actualité des lumières dans notre pays ne peuvent que s’atteler à promouvoir la justice, car la justice est la vertu publique des ceux qu’on appelle les justes ; ceux qui sont garant, d’une éthique civique ; car un homme politique au sens noble du terme est celui qui est respectueux et des normes. Un homme politique n’est pas celui seulement qui énonce les principes, mais c’est aussi celui qui fait que ces principes s’appliquent et s’imposent à lui.
Les lumières congolaises, soucieuses de répandre l’éveil de la raison philosophique et critique, éviteront de réitérer cette maladie très prononcée en milieu des politiques congolais, toutes générations confondues ; c’est celle l’égocentrisme, qui d’ailleurs constitue une faiblesse comme nous le fait constater l’écrivain Marie Corelli du 18è siècle « Le plus grand ennemi de l’homme n’est autre que son propre égo, car celui-ci, tant qu’il n’est pas maitrisé, le rend sourd et aveugle au bien. Mais Dieu a donné à l’homme une précieuse amie, son âme elle-même, qui n’a de cesse que se faire entendre à lui et de le guider » ;
Nous invitons donc tous nos frères et toutes nos sœurs du Congo à méditer cette pensée de Louis-Claude de Saint-Martin qui dit que « Pour notre avancement personnel dans la vertu et la vérité, il suffit d’une seule qualité, qui est l’amour ; pour y faire avancer nos semblables, il en faut deux : l’amour et l’intelligence ; pour accomplir une grande œuvre de l’homme, il en faut trois : l’amour, l’intelligence et l’action. Mais l’amour est toujours la base et le foyer principal ».
Les porteurs de la conscience supérieure pourront-elles aider notre pays à sortir de sa relégation et de son déclassement politiques afin que renaissent les lumières du peuple congolais et l’esprit Trans partisan ?
Notre pays désire aujourd’hui des hommes et des femmes qui incarnent les hautes vertus morales, philosophiques et spirituelles qui nous arracheraient de l’obscurité fondamentale et qui nous ouvriraient par leurs lumières éveillées et généreuses, le vaste chantier de l’intérêt général, du bien commun et du consensus républicain.
Cet article est aussi un rappel aux legs de sagesse de nos illustres grandes figures de la pensée congolaise et africaine qui furent Felix Tchikaya, Massamba Debat, Jacques Opangault, Kikhounga Ngot, Kwame Nkrumah, Patrice Lumumba, Barthelemy Boganda, Modibo Keita, Sylva nus Olympio, Lamine Gueye, Felix Moumié, Umb Nyombé.
Nous terminerons avec cette recommandation de Platon : « Si la république est vertueuse, elle jouira d’une paix inaltérable ; si elle est corrompue par les vices, et l’immoralité, elle aura la guerre civile et la guerre étrangère » Fasse le ciel que ces paroles du philosophe grec ne soient pas une prophétie.
Marcel ABIGNA.
La diaspora rendez vous tous au Congo pour aller pour faire la marche avec tout ceux qui sont au Congo
Tout est dit. C’est toujours un plaisir de vous lire Mr. Abigna. Ma question est: avez-vous mesuré le niveau d’effort et de violence qu’exigent les recommandations que vous faites dans votre papier? Le congolais, après 46 ans du pct, est un Homme abîmé dans son être à moins qu’un choc du genre révolutionnaire se produise au Congo pour pousser les gens à changer leur grille de lecture actuelle.
Oui pour les Hommes nouveaux; mais où les trouver? Ils existent; mais comment les emmener au-devant de la scène qui jusqu’à date est occupée par les mêmes depuis plus d’un demi-siècle? Il nous faut une situation révolutionnaire pour tout chambouler dans ce pays , et ce en éradiquant toute le racaille qui occupe le carreau présentement, y compris leurs progénitures pour espérer enfin l’avènement probable de l’Homme nouveau dans notre pays.
Je suis des ceux qui pensent qu’il n’y a pas que le pct qu’il nous faut jeter à la mer; il y a aussi certains individus dans notre opposition qui s’est engraissé sur le dos du peuple. Itadi, Yhombi, Tsaty Mabiala, Dzon Mathias, etc. C’est le tabac d’une même pipe qui ont échoué royalement dans leurs devoirs. Aussi, ils doivent partir avec sassou.
A Monsieur, MARCEL ABIGNA
Votre contribution ici est honorablement reçue car effectivement vous pointer ici un aspect auquel les Congolais sont devenus négligents. Le politique d’aujourd’hui est motivé par la réussite facile, donc lui demander qu’il apprenne ne serait ce que sur sa propre histoire en tant qu’être pensant c’est lui dire de se mettre une corde au cou.
Pour ma part je pense qu’il est temps de se focaliser sur la connaissance tant historique que idéologique. La gestion de la cité implique un certain savoir en sus du comportement individuel que puisse avoir chacun; au lieu de cela le Congo brille par une incurie d’incompétence et de personnalités incultes mais malheureusement aux commandes des affaire du pays. Voilà aujourd’hui la conséquence lorsqu’au sein du PCT les animateurs ont du mal à lire la loi fondamentale et la respecter simplement.
C’est parce qu’au préalable ces personnes n’ont aucun sens de l’éthique , de la morale et du respect de soi. Attention donc pour le Congo de demain il ne faille que la jeunesse tombe dans ces schémas; qui au lieu de tendre vers la perfection régresse au contraire pour finir dans les ténèbres. C’est ce que l’on constate aujourd’hui l’obscurantisme gagne les élites , au final c’est tout le peuple qui sombre. La lettre de monsieur SOUCHLATY POATY est très édifiante, l’interview de Monsieur BOWAO (rfi, afrno1) également est porteuse de beaucoup d’enseignement. Lorsqu’un chef s’entoure de flatteurs ne nous attendions pas à ce que lui même trouve le chemin de la lumière.
Mr bowao est un intellectuel il raisonné même s il a était avec sassou il a pris une bonne décision je le félicite pour son courage voilà un opposant il a beaucoup de vérité à dire surtout pour l accident de pila on saura beaucoup de chose
Il faut des femmes et des hommes patriotes avec des convictions panafricaines.
Il faut 3 critères simples pour assainir la vie politique du Congo:
aucun chef de guerre, chef de milice et membre d’une milice à partir de 1992 ne doit être candidat;
aucun haut fonctionnaire, membre du gouvernement et élu ne peut être candidat s’il n’a jamais publié son patrimoine;
aucun tribaliste ou parti reconnu comme tel ne doit avoir de candidat.
La matrice doit être la justice aussi bien judiciaire, économique que sociale.
A MFOA
Bjr ,
je viens de vous lire, merci pour cet étalage de votre programme de candidat car vous en avez le droit, aussi je veux vous dire que tous ceux qui de loin ou de près ont travaillé pendant ce système Sassou ne sont pas que de mauvais attention pour le cas d’espèce Monsieur le premier ministre SOUCHLATY – POATY,,,lisez son interview et vous comprendrez. c’est il faudra au Congo nouveau des gens dont la probité n’est pas douteuse ils y sont , aussi il ne faut pas écarter pour écarter dès l’instant que chacun de ceux qui seront aux commandes prouverons leur amour pour ce pays déjà en déclarant leur patrimoine avec un casier judiciaire vierge.
Comme à la conférence nous devrions éviter les erreurs du passé mais aussi ne pas faire de la discrimination hasardeuse. Toutes les forces qui vont concourir pour évincer le dictateur sont attendues par les congolais qui veulent retrouver la quiétude et le bien être.
Ecoutez le ministre BOWAO je pense qu’il est clair ds ses dires, tous ceux qui sont au PCT ne sont pas que des ignares souvent le rapport de force ne leur est pas favorable pour parler.Quand bien même qu’ils soient collectivement responsables.
Bonjour Cher Compatriote,
Je trouve toujours tes réflexions très profondes. Je dirai même que tu voles très haut dans ta pensée, mais trop haut pour nos hommes politiques qui ne sont guidés que par ce que tu appelles la satisfaction de la manducation. Au lieu d’exiger d’eux d’être des hommes de qualité, ce qu’ils ne peuvent pas être, c’est à nous même d’être de qualité et de refuser que n’importe qui prenne par effraction la destinée de notre pays. Notre laxisme peut favoriser beaucoup d’abus. C’est pourquoi ce qui se pose à nous aujourd’hui nécessite de nous-même une grande rigueur intellectuelle et morale. Si nous affichons nous même les valeurs que tu as développées dans ton texte, les aventuriers n’auront pas leurs place dans notre Congo nouveau que nous voulons exemplaire où l’arbitraire et l’impunité n’ont pas leurs place. Quitte à nous d’être à la hauteur. Car on dit aussi un peuple ales dirigeants qu’ils méritent. Et faisons attention non pas à ce qui nous divise comme nous le chantons dans notre hymne nationale la congolaise (car je pense que rien ne nous divise), en revanche il y a ceux qui nous divise et nous devrions faire attention à eux. Je propose qu’un jour le « CE » de notre hymne soit remplacé par le « CEUX » qui donnerait plus de sens à cet hymne sur cette phrase.
Bravo mon frère ABIGNA ! Et continue de nous éclairer.
Cordialement
Tebola Babins
Enjeux éducatifs sur un réseau global !!!
Oui, l’inégalité entre couches sociales, traditions, cultures, sociétés et civilisations n’est pas fondée sur la nature – elle réside dans l’éducation ou l’information qu’on donne à l’individu ou plutôt dans celle qu’on lui refuse.
Ceci est un cas de prise de conscience universelle au niveau philosophique, politique, économique, social, culturel, environnemental et sociétal.
Élevons ensemble, la raison (le doute et la pensée) ; et éveillons en nous, l’esprit humain (l’esprit critique) et la conscience individuelle et collective (la liberté de conscience, les valeurs morales vers le bien que le mal).
À macktchicaya
Frère.
L’intérêt du pays est fondamental c’est vrai! Les iraniens disent qu’il vaut mieux un mensonge conciliateur qu’une vérité qui divise… C’est une vision à court terme.
On ne construit pas un pays sur l’injustice et l’impunité. La justice est le meilleur ciment pour les fondations d’un pays.
Je vous renvoie aux paroles de Thurgood Marshall, le premier noir a siégé à la cour suprême de USA en 1968: where there’s no justice, there’s no peace… PAS DE JUSTICE, PAS DE PAIX.
Toujours l’homme car c’est de cela qu’il s’agit, oui, le problème est posé essayons de chercher, on trouvera les hommes et des femmes de qualité car fut un temps où le Congo a connu la gloire grâce à son élite. Bravo Mr ABIGNA pour cet effort commun que vous mettez en emmenant les uns et les autres à la reflexion pour se pencher sur ce malade qu’est le Congo notre beau pays.
La contribution de Macktchicaya prouve qu’il y a des hommes et des femmes des lumières qui réfléchissent; bientôt, si le Congo retrouve le chemin de la démocratie le genie congolais prouvera aux yeux du monde sa capacité à générer une élite nouvelle à la hauteur de ses ambitions, il suffit la liberté.
C’est une réflexion honnête, sincère et profonde pouvant éclairer les nouveaux dirigeants de demain.