OEUVRONS POUR LA PAIX, LA VRAIE PAIX JUSTE ET DURABLE

Par Dieudonné ANTOINE-GANGA

A quelques six mois de la date de l’élection présidentielle du 26 mars 2026, il a été donné à plusieurs Congolais de constater que la tension politique devient palpable. Ce qui inquiète plus d’un. Les Congolais pensent en effet que la paix est menacée parce que le dialogue semble avoir disparu dans les rapports politiques.

C’est pourquoi il sied de rappeler aux acteurs politiques de notre pays, qu’ils soient du P.C.T. et de ses alliés de la mouvance présidentielle ou des partis de l’opposition, que, comme l’affirmait le président Félix Houphouet-Boigny « le dialogue est l’arme des forts et non des faibles ; c’est l’arme de ceux qui font passer leurs problèmes généraux avant les problèmes particuliers, avant les questions d’amour-propre. Dans la recherche de la paix, de la vraie paix, de la paix juste et durable, l’on ne doit pas hésiter, un seul instant, à recourir, avec obstination au dialogue, car la paix n’est pas un mot ; c’est un comportement ». Des comportements donc bellicistes, l’arrogance, le déni de justice à ciel ouvert ne sont pas bien pour la paix. Quel congolais obvierait à la paix ? Quels Congolais, serions-nous en ignorant les vertus et les valeurs de la paix ?

Malheureusement, fort est de constater que l’argument politique est désormais valable que s’il est empreint d’arrogance, de démagogie, que s’il insulte et incite à la haine. D’autre part l’industrie de la démagogie, de l’arrogance, du mensonge et des fausses informations aucunement vérifiées tourne fort dans notre pays. Il faut s’en méfier pour ne pas glisser vers les pratiques de la célèbre « Radio mille collines » du Rwanda.

Le Congo ne veut pas en permanence vivre sous le règne des tensions politiques imaginaires. Le réseau social (Tiktok) pour ne citer que celui-là, joue actuellement en plein régime, les rôles respectifs d’hier de Goebbels en Allemagne hitlérienne et de la radio mille collines à Kigali. Tout y passe. Sans filtre. Personne n’est épargné. Encore moins épargnable. De la haute sphère politique au Congolais le plus anonyme, tout le monde est attaqué. Et de la façon la plus violente et non acceptable dans les propos. L’éthique encadrant toute information, n’est d’aucune valeur ici. L’on veut, coûte que coûte, opposer les deux camps politiques (pouvoir et opposition). Tous les moyens, tous les mots sont bons pour y arriver. Que cela se solde par des violences, comme en 1959, en 1977, en 1997, en 1998, tant pis. On s’en fiche, tout en oubliant qu’il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus. Donc, « Ote-toi de là que je m’y mette ». » ou « J’y suis, j’y reste. »  Seul le pouvoir d’Etat prime sur les vies humaines. Après l’on fera le point des morts. Pas maintenant.

L’on oublie aussi que le menteur est un être qui fabrique sa propre morale. Il établit avec les autres des rapports de supériorité. Lui peut savoir, pas les autres. Or le non-respect d’autrui ressemble au non-respect de soi-même, le principe d’une existence étant de ne pas rougir de soi.

Attention ! L’information, tout comme la communication respectent les règles et des lois régissant le secteur des médias. Attention !  « Les mots tuent autant que les armes. Ce sont eux, à travers l’usage pernicieux de certains médias, qui mettent la haine dans le cœur des hommes et arment le bras des enfants » dixit Yves Sandoz.

Ne laissons pas la haine grandir dans les cœurs des Congolais. Le Congo doit continuer d’exister après le 26 mars 2026. Il faut que l’Etat joue son rôle de censure de ces pratiques malveillantes. Mais il faut aussi que les Congolais prennent, eux-mêmes, de la sauvegarde de l’intérêt général. Sauvegarder la Nation. Sauvegarder la paix à la nation. Sauver des vies humaines. Faire comprendre à tous que la liberté d’expression a des limites. Elle n’appelle pas au libertinage d’expression.

La haine doit être bannie. Œuvrons pour la paix. Sans la paix, il n’y a ni commerce, ni artisanat, ni école, ni soins médicaux, ni développement durable. Quand la division, la violence et l’intolérance s’installent, ce sont les familles qui souffrent. En un mot, c’est le peuple qui souffre. Je nous inviterais donc fraternellement et patriotiquement à nous inscrire dans la vie du dialogue, de la tolérance, du respect mutuel et de la paix en vivant toujours pour la devise de notre pays « UNITE-TRAVAIL-PROGRES. »

La démocratie s’appauvrit et se déprécie lorsque les discours des uns et des autres n’arrivent pas à quitter le sentier, des questions crypto-personnelles et de la critique systématique.

Enfin, avec Gorbatchev, j’affirme que « le dialogue ou les rencontres face à face constituent le meilleur moyen de rechercher les points de contact, de rapprocher les positions concernant des affaires concrètes. Dans ce cas, il est nécessaire non seulement de savoir parler mais aussi celui d’écouter. Et pas seulement d’écouter, mais de se comprendre, de rechercher en commun des solutions aux problèmes complexes de notre temps. »

Il est inéluctable que le dialogue mène toujours vers la paix. Celle-ci n’est pas l’absence de guerre. Elle implique aussi et surtout :

1/ La justice sociale : que chacun ait accès à des conditions de vie dignes. Chez nous, ce sont quelques citoyens qui profitent de la richesse du pays.

2/ La réconciliation : dépasser les rancunes, guérir les blessures du passé.

3/ Le respect des droits humains : liberté, égalité et sécurité pour tous.

Or, après 65 ans de notre indépendance, tous ces facteurs essentiels à la paix manquent cruellement dans notre pays. N’est-ce-pas ? Œuvrons alors pour la véritable paix qui implique la justice sociale, la réconciliation et le respect de tous les droits humains. Le Congo doit mettre un point d’honneur au respect de ses propres lois et textes. C’est le minimum. En plus, l’Etat doit pouvoir affirmer son autorité pour ne pas donner le sentiment que l’on est dans une pétaudière. Force doit rester au Droit. Le Congo se bâtit à l’aune de la vérité des textes. Jamais l’émotion, la démagogie et la manipulation ne doivent prendre le dessus, car ce serait la porte ouverte à la forfaiture. Mettons tout en œuvre pour que le Congo ne tombe plus dans les travers de la violence, de la haine et des crises sordides qui risquent d’être préjudiciables aux générations présentes et futures. Attention ! « Un ancien feu n’a pas besoin d’allumette pour se rallumer » dixit un proverbe africain.

Dieudonné ANTOINE-GANGA

Ancien Ministre des Affaires étrangères du Congo-Brazzaville

Diffusé le 22 septembre 2025, par www.congo-liberty.org

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