Mars 2026 : La citadelle sassouiste, serait-elle réellement imprenable ?

 « Cela semble toujours impossible jusqu’à ce qu’on le fasse » Nelson MANDELA

L’insigne impéritie dans laquelle SASSOU et son PCT ont plongé le peuple congolais, met a priori en relief l’impossibilité d’une alternance de pouvoir en République du Congo en mars 2026, ni par les urnes, ni par les armes. Face à ce dilemme, certaines officines de l’opposition échafaudent des stratégies pour chercher à pourfendre la citadelle imprenable. Toutefois, la problématique congolaise peut être traduite dans le questionnement suivant : comment prioriser la recherche des stratégies visant à se débarrasser d’un système éculé par la médiocrité et le tribalisme tout en mettant un terme à la construction des murs de lamentations encouragée par les églises de réveil entretenues par le pouvoir actuel ? 

Un dialogue national inclusif « introuvable ».

C’est un truisme de le rappeler : face à la crise multidimensionnelle que connaît notre pays, seul un dialogue impliquant toutes les forces vives de la nation sans exclusive, le sortirait de l’ornière.  Cependant, il sied de rappeler, à toutes fins utiles, que le Congo de SASSOU est l’une des dictatures les plus féroces au monde. Une tyrannie qui axe la gestion du pouvoir sur une conception cynique, à rebours de l’alternance démocratique et puisée dans les traditions ethniques des bords de l’Alima selon lesquelles « lorsque le gibier est pris dans le filet (oyocratique), et il est absolument hors de question de le relâcher ».

Considéré comme son assurance-vie, SASSOU n’a aucune intention de quitter le pouvoir en 2026. Il met tout en œuvre pour se reproduire à la tête du Congo ad vitam aeternam.  Il sait que l’article 96 de sa funeste constitution ne sera jamais un bouclier qui le protègerait contre la justice pour les crimes et délits qui ont jalonné son règne interminable, une fois qu’il aura quitté le pouvoir. Les lois sont faites et défaites par les hommes. De même, nonobstant certaines ambitions venant de son propre camp et des éventuels ennuis de santé inhérents à la vieillesse, il ne désignera jamais un successeur pour le défendre après le pouvoir. L’expérience de l’Angola, avec l’héritage de José Eduardo DOS SANTOS mis à mal par son successeur Joao LURENCO, ne le rassure point. Sa fille Isabel DOS SANTOS, jadis désignée « la femme la plus riche d’Afrique » est aujourd’hui obligée de s’exiler à Dubaï pour échapper aux poursuites judiciaires.  

Il n’est pas superflu de rappeler que SASSOU et ses sbires sont passés maîtres dans l’art d’organiser des « dialogues bidons » à la veille de chaque élection présidentielle et dont les conclusions sont toujours tout bonnement jetées aux orties. Une procrastination stratégique ! De même, les officines oyocratiques n’accepteraient jamais l’organisation d’un dialogue national inclusif, comme jadis la CNS, sans y être contraintes. Que cela soit tenu comme dit.  Elles ne sont pas devenues soudainement des patriotes, amoureuses de ce pays, car, elles savent qu’elles y perdraient quelques plumes. L’organisation d’un tel dialogue serait nécessairement une conquête nationale, gagnée de haute lutte par le peuple.

Les « primaires » à la congolaise : hypothétique panacée ?

Un certain nombre de compatriotes, certainement par paralogisme, rivalisent d’ingéniosité et nous tympanisent depuis un certain temps avec l’idée d’une organisation des « primaires » qui serait, selon eux, le nouveau fil d’Ariane pour sélectionner le meilleur candidat qui affronterait SASSOU en 2026. Une très fausse bonne solution pour plusieurs raisons.

Il est illusoire de s’inspirer du système électoral américain basé sur les « Primaires » dans le choix d’un candidat à l’élection présidentielle au Congo. Et pour cause, tous les courants d’idées politiques qui traversent ce grand pays, se répartissent dans un échiquier politique dichotomique ( Les Républicains et Les Démocrates). Le choix d’un candidat dans chaque camp a toujours obéi à un processus rodé et aisé.

A contrario, l’expérience des « Primaires » a tourné court en France, un pays qui a plusieurs partis. La double victoire de François HOLLANDE aux primaires puis à l’élection présidentielle de 2012 constitue le mythe fondateur en France. Sur la base de ce succès, la droite s’y était ralliée en 2016. Mais l’engouement a fait rapidement place au désenchantement.  De fait, les « Primaires » qui auraient pu être la martingale, sont devenues une machine à perdre et à radicaliser aux effets incontrôlables. Les deux partis qui ont organisé les « Primaires » (Le Parti socialiste et les LR) n’ont même pas réussi à se qualifier au second tour. En définitive, conçu comme un outil de régulation de la conflictualité partisane, le dispositif a conduit à l’exacerber.

Un pays comme le Congo, avec des partis d’inspiration ethnique, et qui du reste n’ont rien à voir les uns avec les autres sur le plan idéologique ; non seulement l’organisation desdites « Primaires » serait kafkaïenne, ensuite, rien ne garantirait le respect de la vérité des urnes.

A cela s’ajoute l’habileté manœuvrière de SASSOU qui a l’habitude de fabriquer ses propres « candidats », contre les espèces sonnantes et trébuchantes, toute honte bue. Les plus connus et les plus corrompus sont : Kignoumbi kia MBOUNGOU (désormais en disgrâce) et Enguios NGANGUIA ENGAMBE.

Autre obstacle, et non des moindres, c’est l’absence d’un système électoral inclusif. Quel que soit le candidat sélectionné par ces « primaires », la vérité des urnes ne serait jamais respectée. En 2016, le général Jean Marie Michel MOKOKO et/ou Guy Brice Parfait KOLELAS avaient bel et bien battu SASSOU à plate couture, mais avaient-ils été déclarés vainqueurs ? Non ! Preuve, s’il en fallait une, pour axer notre combat sur l’identification et la neutralisation du talon d’Achille du système.

Comment peut-on créer un réel rapport de force favorable ?

La grande mobilisation du peuple congolais pour créer le rapport de force nécessaire permettant de repenser l’organisation politique du pays afin de restaurer la démocratie et la République, est la seule bataille qui vaille d’être menée.

Un rapport de force se crée, mais ne se décrète pas. Les murs de lamentation et autres incantations oiseuses face à un pouvoir autiste, n’ont jamais fait avancer le schmilblick.   Le peuple congolais, qui a longtemps perdu la main, doit être conscient d’une chose : aucune nuit, aussi longue soit-elle, ne peut empêcher le soleil de se lever.

Dans les relations humaines en général, et sous une dictature notamment, si l’avilissement d’un peuple par un autocrate peut paraître comme une péripétie dont la fin est écrite d’avance, dans un second temps, la capacité d’organisation, de persuasion et de se faire des alliés doit, à coup sûr, renverser le rapport asymétrique.

Pour réussir à prendre de l’ascendant sur la force dominante, aujourd’hui et plus encore demain, il faut nécessairement s’approprier le champ cognitif, c’est-à-dire la compréhension de la société dans toutes ses dimensions. Et pour l’opposition congolaise extrêmement affaiblie par les manigances du pouvoir, l’importance des forces morales et les pouvoirs du calcul stratégique lui donneraient au moins une chance de renverser un rapport de force qui lui est d’abord défavorable.

Le peuple trinque, pendant que la dictature s’en donne à cœur joie.  On assiste à la multiplication des brimades, des tortures et assassinats dont le cas le plus emblématique est celui de Lassy MBOUITY. Enlevé par les spadassins deSASSOU, il a été torturé pendant 10 jours et jeté dans les égouts de Madoukou Tsiékélé. Le peuple tétanisé, n’a pas été en mesure de prendre ses responsabilités. Sur ce plan, le peuple népalais venait de nous assener une bonne leçon de courage en prenant le taureau par les cornes.   

Les leaders des forces de l’opposition doivent créer un véritable lien organique avec le peuple. Les jeunes des quartiers nord de Brazzaville notamment, jadis réticents et/ou complaisants par la proximité ethnique avec le pouvoir en place, doivent désormais être mis à contribution. Ironie du sort, ils sont, un peu plus que les autres, les premières victimes des affres ( bébé-noirs, érosions, inondations etc..)  de la gestion calamiteuse. Les leaders issus de ces zones doivent s’impliquer dans ce combat et mettre en avant le bien-fondé de la lutte pour la libération de notre pays. Il n’est plus question de mobiliser les foules avec les primes de présence ni de construire l’avenir sur l’achat des consciences.

Toutes les actions sur le terrain doivent être menées en bonne intelligence et concomitamment avec celles qui visent l’affaiblissement des piliers du système ( les institutions vampirisées par SASSOU, l’armée « tribalisée » à outrance, les magistrats corrompus etc…). La nouvelle arme, les réseaux sociaux doivent être un appui imparable dans la diffusion des informations et des mots d’ordre. Comme on l’a vu en RDC en 2018, les Web TV comme ZIANA TV, TLR TV, AFRIKILI TV, BRAZZAPARIS-INFOS ou LA RADIO DE LA COMMUNAUTÉ doivent être multipliées par 20 ou 50 pour contrecarrer la propagande sassouiste.

Pour ma part, j’anesthésie le temps qu’il faut passer pour nous dessiller et nous aider à exhumer notre orgueil, afin de s’affranchir du joug dictatorial. La restauration de la démocratie et de la République ne pourra être obtenue que si nous réussissons à tous les niveaux, à nous faire violence et prendre le taureau par les cornes. Nul destin inexorable ne nous prédispose en effet à être sous la botte d’un tyran. Toute misère mène à la révolte ou à la soumission : le choix est clair. Mais peut-être l’histoire de l’humanité est-elle, d’une certaine manière, l’histoire des révoltes et des révolutions…N’oubliez pas le mot de Romain Rolland (écrivain français, pacifiste et humaniste). « Même sans espoir la lutte est encore un espoir ».  

Djess dia Moungouansi

Diffusé le 01 octobre 2025, par www.congo-liberty.org

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Une réponse à Mars 2026 : La citadelle sassouiste, serait-elle réellement imprenable ?

  1. Anonyme dit :

    Un très bon texte qui analyse la situation politique du Congo. La fin dope tous ceux qui luttent pour l’avènement d’un pays -le Congo – ou l’espoir est là. Si longue que soit la nuit , le jour viendra et ce jour là, on traduira les paroles de notre hymne national.

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