Mars 2026, élection présidentielle au Congo : Partis politiques de l’opposition : participer, boycotter ou refuser l’élection présidentielle ?

Par Lucien PAMBOU

Depuis plus de 40 ans le président Sassou préside la République du Congo. Les résultats économiques ne sont pas à la hauteur de cette présidence. Les Congolais sont confrontés à des difficultés de vie car les hôpitaux, les écoles, les emplois pour les jeunes fonctionnent très mal. Plusieurs formes de précarité s’installent au Congo et pour une partie de l’opinion publique, il y a les possédants (dirigeants politiques congolais) et les autres (population congolaise). Malgré la volonté de diversifier le tissu économique et de construire des infrastructures, les problèmes demeurent, les pensions pour les retraités restent impayées ainsi que les traitements des fonctionnaires et certains membres du gouvernement, comme le ministre de l’économie Yoka, estiment qu’il leur faut faire des miracles pour payer les Congolais. Le gouvernement est accusé de clanisme ethnique car certains postes de hauts fonctionnaires sont tenus uniquement par des membres appartenant à la région ethnique du président. Les détournements de fonds publics ainsi que la corruption créent un malaise. Le taux de pauvreté augmente et l’absence d’accès à l’eau et à l’électricité accentuent la précarisation de la population. Une partie de l’endettement public fait l’objet d’une gestion active par les pouvoirs publics, néanmoins on constate que le taux de croissance du PIB de 4 % ne favorise toujours pas la redistribution des richesses car une grosse partie de la valeur du PIB est consacrée au remboursement de la dette.

Après le diagnostic économique, qu’en est-il au plan politique ?

Sur le plan politique il y a des tensions entre les partis politiques d’opposition et ceux de la majorité, dont le PCT. La violente algarade entre le RDD de Serge Yombi Opango et le PCT montre que le débat politique au Congo reste brutal. Le retrait de la liste électorale des partis politiques de Serge Yombi Opango , de Clément Mierassa ainsi que d’autres partis politiques a accentué le climat délétère dans l’espace politique congolais préélectoral. Nous soulevons ici et maintenant un débat relatif à la capacité ou non des oppositions politiques congolaises à s’opposer au président Sassou pour l’alternance démocratique.

En tant qu’analyste de la vie politique congolaise depuis plus d’une dizaine d’années, je m’appuie toujours sur la neutralité axiologique du sociologue allemand Max Weber pour traiter des questions politiques au Congo. On m’a longtemps accusé d’être un thuriféraire de Sassou et il y a lieu de croire que ce papier que je déroule en faveur de l’opposition pour les aider méthodiquement à exister, fera de moi un adepte de l’opposition. Je ne suis ni l’un, ni l’autre, mon rôle d’analyste me permet de mettre sur la table les débats dits interdits.

Les oppositions congolaises en déshérence politique et stratégique

Pourquoi les oppositions ivoiriennes arrivent-elles à se mobiliser pendant que les membres importants de l’opposition congolaise s’organisent en conciliabules de salon, souhaitent désigner un candidat commun sans programme, sans stratégie de communication et sans moyens financiers adéquats ? Le problème des oppositions ivoiriennes a été d’être écartées des listes électorales or dans les faits leurs leaders se sont mobilisés et ont marqué leur désaccord. Rien de tel au Congo parmi les oppositions politiques congolaises qui se contentent de mettre actuellement sur la table sans efficacité réelle les questions liées au fichier électoral, aux cartes biométriques, à la composition de la Commission électorale nationale indépendante. Ce travail aurait dû être fait dès 2021 par les membres de l’opposition qui se précipitent aujourd’hui avec le logiciel des partis socialistes et des LR (partis politiques français).  Certains membres de l’opposition congolaise de la diaspora sont membres du PS ou de LR et pensent à tort que l’écosystème politique français peut être repris par l’écosystème politique congolais.

En m’adressant aux partis politiques de l’opposition, je souhaite sortir des débats interdits, comme le dialogue, la transition politique (voir mon article publié le 3 août 2025 sur Congoliberty). Essayons maintenant d’examiner les trois cas auxquels vont être soumises les oppositions congolaises.

Participer à l’élection présidentielle

Les partis politiques de l’opposition, pour ne pas dire les oppositions, souhaitent designer un candidat commun, c’est leur droit ; mais rien n’interdit à un parti politique isolé de faire campagne pour son leader et de participer à l’élection présidentielle. Selon les travaux de l’économiste américain Anthony Downs (An economic theory of democracy, 1957) :

– voter implique des coûts : s’informer, se déplacer, perdre du temps entraîne l’électeur individuel à s’abstenir au lieu d’aller voter ;

– les électeurs sont rationnellement ignorants, ils font des choix économiques en votant pour ceux qui leur procurent des pagnes, du poisson salé, des moustiquaires ou de l’argent ;

– le comportement des électeurs est un défi pour les partis politiques qui n’utilisent pas la corruption politique.

Pour l’opposition ou une partie de celle-ci, participer à l’élection c’est respecter la logique de fonctionnement des institutions et accepter les résultats en cas de défaite ou de succès.

Boycotter l’élection présidentielle

On suppose que l’élection se tiendra à la date indiquée et que les partis politiques de l’opposition vont appeler à la boycotter. Le boycott est un acte militant collectif qui suppose une contestation très forte. Il vise à délégitimer l’élection par avance à cause d’un manque de transparence ou de fraudes. La stratégie collective vise à demander à tous publiquement de ne pas aller voter.

Le refus de participer

Il s’agit d’une décision individuelle et non collective. La nuance entre boycott et refus est légère mais elle existe. C’est une décision passive car on estime que l’alternance ne sera pas au rendez-vous et dès lors il est inutile d’aller voter.  Il faut que les partis politiques d’opposition réfléchissent sur le comportement des électeurs. Les dirigeants politiques de l’opposition devraient envoyer un message clair à leurs membres. Il faut qu’ils dépassent leurs divisions picrocholines. La vie des Congolais mérite mieux que les stratégies des hommes politiques d’opposition. Sassou ne s’est pas encore prononcé, il observe les soubresauts et les incohérences stratégiques des partis de l’opposition.

Par Lucien PAMBOU

Diffusé le 22 août 2025, par www.congo-liberty.org

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6 réponses à Mars 2026, élection présidentielle au Congo : Partis politiques de l’opposition : participer, boycotter ou refuser l’élection présidentielle ?

  1. Le fils du pays dit :

    C’est toujours un grand plaisir lire vos articles.
    La politique définie comme l’art de gérer la cité.
    Ce n’est pas un métier pour s’enrichir.
    Les vrais politiciens strictement parlant font la politique par conviction et passion pour servir leurs sociétés ou pays.Hors au Congo depuis 1968 la politique est devenue un tremplin pour se faire une place au soleil,un moyen très sûr pour prendre la revanche sur le vécu familial par le vol des derniers publics et le crime organisé.
    Les gens du Pct sont là depuis cinquante sept ans depuis leur prise du pouvoir par la force avec la raison fallacieuse de réajuster la révolution qui était sur la mauvaise pente.Ils n’ont aucun bilan.Zero mokate
    Prenons le plan quinquennat 1982-1986 qu’ils disaient vouloir construire le pays en comptant sur la manne pétrolière.Juste un petit ratio entre les moyens financiers dépensés pour ces constructions et leurs réalisations,le résultat est nul.
    Prenons 1997-2024 là encore l’argent public dépensé pour faire toutes les bricoles et leurs réalisations le constat est très amer.La qualité très mauvaise.
    Les gens du Pct sont comme les chiens qui ne changent pas leurs manières de s’asseoir.Ils n’ont jamais eu la volonté de faire quelques choses de bien.
    On ne peut pas construire et inaugure une route imaginaire c’est un acte criminel, c’est du cynisme.On ne peut pas faire les forages d’eau potable dans les zones où les nappes phréatiques sont polluées.Ce sont les réseaux dignes d’adduction d’eau potable qu’on réalise pas les forages.On ne construit pas les aérogares coincés aux habitations.Les gens du Pct c’est la médiocrité, incompétence, tribalisme, prévarication,le vol des derniers publics, irresponsabilité,boulemie,la violence, insouciance, jouissance, cynisme,sectes,mafia et crime organisé.
    Ils n’ont aucun bilan.

  2. Le fils du pays dit :

    Comment le Président Massamba Débat à ils ont pris le pouvoir par la force et ses collaborateurs en cinq ans seulement avec les moyens financiers et humains limités ont construit le tissu socio économique que ces mêmes gens du Pct ont tout détruit.
    Les Fontaines d’eau potable dans tous les quartiers.Les gens du Pct sont totalement incapables ne fut ce que de ressusciter toutes ces structures.
    Non,non les gens du Pct tous civils et miliciens des vrais produits de forces obscures très hostiles envers le peuple Congolais.La génération de arrière grand parents et grand parents s’est dressée contre l’oppresseur pour sauver leurs terres, femmes et enfants.Les agents du Pct semble être tombés sur la génération différente des congolais qui ne montre aucun signe d’exigence envers eux sinon comment comprendre leur cinquante sept ans de la destruction et vente du Congo aux puissances étrangères.

  3. Le fils du pays dit :

    @Mr Lucien Pambou dans un langue front et véridique les gens du Pct ont désarticulé tout le système administratif conçu par le président Massamba Débat pour le remplacer par des succursales de ceux qui les emploient.
    Il n’ont aucun bilan à présenter au peuple Congolais.Ces différents articles traitent justement cette absence de bilan des gens du Pct.Vous pouvez les lire sur ce site.
    La vulnérabilité des bâtiments, routes et ouvrages d’Art et l’industrie de la construction performante,saine et inclusive parmi les défis à relever par les architectes, ingénieurs, techniciens et ouvriers d’un Congo post Pct

    De la nécessité des normes nationales et la construction des infrastructures modernes :un défi des architectes et ingénieurs d’un Congo post Pct

    Congo -Brazzaville: Proposition pour la construction de 100 000 logements sociaux annuellement

    Parmi:les grands défis du pays : infrastructures, urbanisation et l’exode rural

    Le Congo post pouvoir Pct doit former davantage des ingénieurs pour avancer

    Le Congo avec sa manne pétrolière aurait pu ressembler à Dubaï.Merci Sassou

    De la nécessité de la création de l’autorité congolaise des diplômes et certificats (ACDC)
    Vous voyez tous les titres des articles indiquent mêmes déjà que rien n’a été en cinquante sept ans par les gens du Pct,on remet toutes ces choses qui auraient pu être faites aux congolais responsables et compétents dans un Congo post Pct

  4. Samba dia Moupata dit :

    Cher Lucien, reçois mon salut fraternel ! Je rentre du Congo où j’ai sillonné de Brazzaville à pointe noire par la route, je dirais s’il existait un enfer sur terre ce pays en serait la définition parfaite ! Les populations de Brazzaville et de pointe noire attendent les Turques pour ramasser les ordures ménagères . Sassou Denis c’est le chaos incarné ! Brazzaville connu par la pénurie récurrente de carburant et l’augmentation hasardeuse des prix des transports en commun. Voilà un fou furieux Mbochi fainéant qui veut rempilé pour un neuvième mandat pour encore plus de plus de médiocrité. Alors le Congo de Sassou Denis serait un paradis des idiots et l’enfer des sages ? Pourquoi participer à une parodie d’élection présidentielle où l’organisateur est Mbochi parent de Sassou Denis ???

  5. Suzie Guth dit :

    En refusant de participer, le résultat est connu d’avance. Si l’on veut gagner une élection, le parti doit faciliter les démarches des électeurs: les inciter à voter d’abord, aller les chercher, faciliter la démarche et faire comprendre l’importance du nombre et la qualité du programme.C’est facile à dire, plus difficile à faire.

  6. Le fils du pays dit :

    Tout ce que je fais c’est la France qui me le demande.
    Prenez tout ce que vous voulez, payez les salaires et laissez moi mourir au pouvoir dixit la fripouille selon Modeste Boukadia.
    La fripouille veut mourir au pouvoir malgré ses cinquante sept ans de valet sans bilan.Quand il y a certains congolais qui appellent à leurs vœux la tenue de cette énième farce.
    Tout pouvoir installé par les parrains ou maîtres n’est qu’une mascarade.
    Les conseillers et spécialistes du Pct n’ont jamais compris celà.

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