Des écrits de nombreux chroniqueurs ayant séjourné dans l’ancien Congo, le Koôngo dya Ntootela, celui-ci présentait, sur le plan institutionnel, les caractéristiques d’un véritable Etat.
Dans « Histoire du Congo-Brazzaville, édition Beger-Levrault Paris 1978 P.27. », Marcel SORET rapporte que :
« Le prototype de la société à Etat en Afrique centrale de l’ouest fut l’ancien royaume de Kongo. Le roi n’impose plus seulement son pouvoir aux descendants d’un ancêtre connu ou mythique, mais encore à des tribus tout à fait étrangères. Il se crée, alors, une véritable organisation étatique. ».
Dans le Koôngo dya Ntootela, la monarchie était élective et non héréditaire…Le choix d’un nouveau roi incombait aux grands du royaume, les trois principaux électeurs étant le Mani Vunda, les gouverneurs des provinces de Mbata et du Soyo…Le principe de l’ « élection du roi visait à dégager de la masse une personnalité susceptible de représenter et d’harmoniser en sa personne les aspirations et les vœux de tous les éléments de la communauté. [ W.G.L. RANDLES in « L’ancien royaume du Congo des origines à la fin du XIXe siècle P.28. »]
Ici, il y a lieu de rappeler l’importance de la personne du roi qui, aux yeux du peuple doit être bonne, exemplaire, digne de foi et de confiance. Il en est ainsi, en raison de sa haute mission qui est celle, comme le rapporte W.G.L. RANDLES de répondre aux « aspirations et aux vœux de tous les éléments de la communauté.
D’où la signification des grands titres honorifiques attribués au roi de Koôngo que sont :
LE MAANI et LE NTOOTELA.
- LE MAANI : Le roi du Congo ou de Koôngo est Maani parce qu’il est à la tête, peut-on dire, d’un « consortium » ou d’une communauté ayant en son sein plusieurs composantes que sont les Mbaanza, ma-n’gâta, mi-mvuka, Bibelo, c’est-à-dire des grands centres urbains, des villages, des cités et des grands quartiers résidentiels.
A dire vrai, le qualificatif de Maani consiste en la définition de toutes possessions qui relèvent du domaine du roi.
C’est ainsi que, l’expression ma-n’gâta maani évoque très judicieusement toute délimitation des biens qui relèvent du domaine de celui qui le revendique et en l’espèce le Maani-Koôngo.
D’un point de vue constitutionnel, Maani est l’ensemble de toutes les prérogatives qui sont du ressort de la compétence du roi.
- LE NTOOTELA : Le roi du Congo ou de Koôngo est par excellence, le Ntootela, c’est-à-dire le détenteur de plusieurs terres donc de plusieurs petits états qu’il gouverne en union étroite avec les gouverneurs de ceux-ci. Ce titre honorifique qui n’est exclusivement attribué au roi dérive du verbe Toota qui veut dire ramasser, cultiver, semer, travailler et récolter.
De plus, la dénomination de Ntootela confère au souverain, roi de Koôngo, le pouvoir de régner sur plusieurs états que sont les Mbaanza. Il est, somme toute l’unificateur ou le fédérateur et c’est en cela qu’il est aussi appelé le Mpfumu n’tooto ou le Mpfumu tsi.
En tout état de cause : « La grande innovation de la conquête bakongo est le groupement de multiples petits royaumes en un grand Etat centralisé et gouverné par un monarque suprême résidant dans une capitale. » [ W.G.L. RANDLES in « L’ancien royaume du Congo des origines à la fin du XIXe siècle P.20. »]
Toutefois, le pouvoir du roi n’est guère absolu sur les petits états qu’il gouverne puisque « le roi de Congo, de même que tous les autres grands chefs du pays, ne gouverne que selon les avis d’un conseil comprenant dix ou douze Noirs, membres choisis parmi les plus anciens…de sorte que la guerre ne peut être déclarée, des nobles nommés ou déposés, ni des chemins ouverts ou fermés sans le consentement de ce conseil » [ W.G.L. RANDLES in « L’ancien royaume du Congo des origines à la fin du XIXe siècle P.59. »]
Il s’agit là du Conseil d’Etat qui diffère du Conseil Royal lequel par son organisation et son fonctionnement s’apparente, peut-on dire, au Mboongi du village. Outre les membres du Conseil d’Etat, le « Mboongi Royal », est composé de tous les gouverneurs de provinces ou mbaanza, des chefs de villages ou kuluntu et de certains notables.
Cependant, il existe entre le roi et les deux conseils, une chambre royale dirigée par le Maani-Lumbu qui est le majordome du roi, le premier personnage après le roi qui ne doit jamais quitter l’enceinte royale.
Le pouvoir royal à Mbaanza Koôngo est aussi tempéré par l’existence d’un personnage de haut rang qui détient entre ses mains un pouvoir « politico-religieux », Maani Nsaku Ne Vunda.
D’après plusieurs chroniqueurs, Maani Nsaku Ne Vunda « …a le privilège d’être le principal électeur des rois, de les installer et de recevoir une sorte de tribut lors de leur prise de possession. » [ « Histoire du royaume du Congo » auteur inconnu et traduit par Bontinck (F) Editions Nauwelaerts 1972 P.60.]
Par ailleurs, Maani Vunda est un NSAKU, c’est-à-dire, un « Consacrateur », un Régulateur in fine le « Gardien du Temple » qui, à ce titre veille au bon fonctionnement et au rayonnement spirituel de la royauté en la débarrassant des agents perturbateurs qui sont susceptibles de la mettre en danger (du verbe sakula qui veut dire sarcler, débrousser, débarrasser).
- NSAKU : A l’image de ces petites noix comestibles, que l’on trouve sous terre avec pleines de racines et qu’on appelle nsa-nsaku (cyperaceae), le Grand prêtre NSAKU contribue, de par ses fonctions au renforcement populaire et salutaire de la royauté.
NSAKU est, somme toute, ce que les Koôngo appellent eux-mêmes, MIANZI MIA TSI ou MIANZI MIA KOÔNGO, c’est-à-dire, cette haute autorité qui porte en elle les fondements mêmes de la royauté ou du royaume.
NSAKU est, peut-on dire, l’expression de la conscience nationale Koôngo.
C’est pour cette raison que, Maani Nsaku Ne Vunda fut probablement au premier plan parmi les autorités Koôngo à abattre pour les missionnaires européens, en l’occurrence Portugais. Il constituait sans doute, selon eux, un véritable frein contre l’évangélisation du royaume et au-delà un obstacle de taille contre la traite négrière.
Pour l’illustre kongologue Raphael BATSÎKAMA ba MAMPUYA ma NDÂWLA :
« …le Vénérable, Ne Vûnda, devenait, « Ne Nsôngi wasongela bankwa yâla vana Mbazi’a Nkânga » : le régulateur qui assurait l’harmonie constitutionnelle à la Cour de Mbânza-Kôngo, ou « Sikulu dyanene diyala muna Ngôyo’a Ntinu » : le grand instrument (de musique) par lequel agit le roi…ou encore, « Ntudi watudika makânda mangani, edyândi kânda, lêmbe dya Ngo, lêmbe dya Tâta »… : celui qui se dévoue entièrement pour assurer la grandeur d’autres familles (lignages) tandis-que la sienne reste la régulatrice (la conseillère) des Autorités afin de les maintenir sur la ligne tracée par nos Pères. » [ BATSÎKAMA in « L’Ancien Royaume du Congo et les BaKongo » L’Harmattan 1999 P.185.]
A l’échelle provinciale, Maani Nsaku Ne Vunda considéré par les missionnaires européens comme l’homologue du souverain pontife, est représenté par le personnage de Kitomi qui intervient effectivement dans les nominations des chefs de provinces [ NSONDE (J.D.) in « Langues, Culture et Histoire Koongo aux XVIIième et XVIIème siècles » L’Harmattan 1995 P.124.]
D’un point de vue judiciaire, il existe dans le royaume de Ntootela une organisation tripartite des juridictions ou tribunaux. L’exercice tant pour les affaires civiles que pénales, appartient au chef du village, sauf pour des cas d’une extrême gravité qui doivent être instruits et jugés par des juges établis par le roi ou par le roi lui-même. Toute personne ayant intérêt pour agir en justice peut, pour des affaires de quelque importance, en appeler au tribunal du gouverneur ou du roi.[ Rudy Mbemba-Dya-Bô-Benazo-Mbanzulu in « Le procès de Kimpa Vita la Jeanne d’Arc congolaise » L’Harmattan 2002. P.66.]
En somme, et ce, d’un point de vue pratique, la justice royale s’exerce vis-à-vis des grands vassaux que sont les chefs de province, et en appel vis-à-vis des autres chefs.
RUDY MBEMBA-DYA-BÔ-BENAZO-MBANZULU (TAATA N’DWENGA)
Kongologue
Diffusé le 02 octobre 2015, par www.congo-liberty.org
Je cherche à me documenter sur le royaume du congo. Je voudrai connaitre l’histoire du royaume du congo depuis Koongo dia Ntootela jusqu’à la bataille d’Ambouilla Je reste à votre disposition pour tous commentaires ou articles. Est-il possible de m’expliquer d’où vient le nom Kongo ? Merci
Alors, considerant tout cela, je me permet de dire que les gouvernements anarchiques du PCT n’ont aucun fondement moral ni éthique car le choix des membres est dicté par leur seul objectif de s’enrichir illicitement. Qu’ils dégagent tous. Nous voulons évoluer et faire évoluer notre beau pays.
Si on se réfère à la philosophie de nos anciens le nom de Kongo comporte plusieurs significations.
La première semble être la paix et qui, par ailleurs est traduite aussi par le terme Ki-oongo.
Kongo exprime aussi l’idée de présence, d’existence et de vie. C’est ainsi que, autrefois, lorsque on était à la recherche d’une personne, lors par exemple d’une partie de chasse, en l’appelant, elle devait répondre kongo, manière de signifier sa présence. Et même quand une personne était nommément appelé, elle devait signifier sa présence par l’expression kongo !
Un chasseur qui est vraiment adroit est appelé aussi Kongo. A ce propos, peut-on considérer le fondateur du royaume Koôngo, comme un véritable chasseur, autrement dit un véritable négociateur ayant réussi à regrouper plusieurs petits états dans un ensemble dénommé Koôngo, plus précisément Koôngo dya Ntootela, ce qui veut dire, le pays du roi fédérateur, unificateur etc.
Kongo rappelle aussi les différentes étapes ou épreuves ayant été traversées par nos anciens pour parvenir à la fondation de leur fédération. C’est à ce titre par exemple, l’apparition au ciel de kongolo, c’est-à-dire de l’arc-en-ciel donnait lieu à une grande satisfaction collective. C’était pour eux le signe de l’unité de toutes ces composantes ethniques de cette fédération kongo.
Kongo est, par ailleurs et par principe associé à l’appellation des écoles initiatiques comme le leemba, kimpasi, ndembo, kwimba. Ainsi, le leemba peut être dénommé kongo dia leemba ou le kimpasi, kongo dia kimpasi. Ici, kongo traduit le devenir de l’être en tant que citoyen connaisseur des principes qui régissent l’organisation et le fonctionnement de la société et qui sont appelés tsieno mia ba mbuta na tsieno mia tsi.
Enfin kongo comporte le vocable de ngo qui désigne la panthère et qui fut l’animal emblématique dans le Koôngo dya Ntootela.
C’est dire que le nom de Koôngo donne lieu à plusieurs enseignements qui peuvent nous prendre des heures et des heures d’échanges…
Est-ce l’appellation KONGO n’était pas aussi une Province dans le Royaume de KONGO? je pense que oui! Et que les natifs des Kongos vivant dans cette Province qui n’ont rien n’avoir avec les Ba kongos ou Ba congo! et le fleuve Nzadi ou kongo! quelle leur origine?
Merci pour cet aperçu historique
Bonjour mon cher frère, confrère et ami Maître Philippe YOULOU !
En fait, il n’ y a jamais eu, en dehors de la cité royale dénommée MBAANZA KOÔNGO, une province portant le nom de Koôngo. A dire vrai, MBAANZA KOÔNGO, capitale du royaume de KOÔNGO fait partie intégrante de la province de MBATA, qui est le pays d’où sont originaires NSAKU et ses descendants. Historiquement parlant, le fondateur du royaume de KOÔNGO, NIMI LUKENI qui, au moment de son accession au trône devient NTINU WENE est le benjamin d’une famille royale. C’est le royaume de VUNGU qui est le pays des BA-YOMBE. La création du royaume de KOÔNGO qui remonte aux années 1000 voire bien avant, est la conjugaison des forces de deux grandes personnalités que sont NSAKU détenteur des terres de la province de MBATA et NIMI LUKENI, le conquérant, le forgeron et MBAANZA KOÔNGO naît, à la suite d’un accord politico-religieux conclu entre ces deux grands personnages. Le lieu de la promulgation des lois du nouveau royaume est d’après les chroniqueurs est le Mont KABA ou MONGO WA KAILA selon l’expression des chroniqueurs européens situé dans la cité royale de MBAANZA KOÔNGO.
Là ça vole hAUT. Merci Tâtâ Ndwenga. Voila le lien établit entre la mythologie Kongo et les jeunes lors de la dernière manif du boulevard qui chantaient « LE CONGO EST UN LEGS DE NOS ANCIENS » . Le NOUS étant bien entendu inclusif, car dans leur esprit, le Congo est un bien commun comme ils sont su l’écrire dans les pancartes.
Tout nouveau Président, devrait faire l’objet d’une formation accélérée de l’histoire CONGO. De toutes les communautés du Congo. Ceci éviterait à mon avis des erreurs d’appréciation de l’histoire de nos différentes communautés. Aimé MATSIKA nous avait reçu en 1993, pendant les événements Pool/Niboland. Il était Ministre de la Justice de Lissouba. Il nous expliquait que ce qui était entrain de se passer trouvait son origine dans une méconnaissance historique de notre pays. Les Kongos nous expliquaient t-il étaient toujours dans la recherche inconsciente du pouvoir detruit de Koongo Dia Ntotéla. Et que la prise en compte de cette dimension metaphysique était indispensable pour une stabilisation du Congo. L’on se souviendra que plus tard que Lissouba declarera que le POOL était la locomotive du Congo. En politique comme dans la vie, tout est symbole. Connaissant le President Lissouba, cette phrase ne pouvait être anodine. Phrase qui a souvent été reprise. C’etait peut être, à l’époque, la phrase qu’il fallait. Tout dirigeant du Pool qui n’aura pas integré cette dimension initiatique ne sera jamais adoubé. Kolelas Bernard dans ses discours faisaient souvent reference à la bataille d’Ambouila. Cette histoire dont il avait une grande connaissance galvanisait les foules. Et ça n’est pas un hasard si les Milongo Dominique ont échoués dans leur conquête du leadership au Pool.
Toujours pour faire le lien avec le meetting du boulevard, certains esprits savants se sont écorchés les oreilles en entendant des chants en Lari. Croyez bien que Parfait Kolelas n’en a cure. A Ponton, Dolisie, et partout où il y’aura des ressortissants attentifs à cette dimension mythologique Kongo, le lari écorchera de nouveau les oreilles, car il le refera. Les observateurs avertis étaient surpris de constater que la chanson de sortie de Parfait Kolelas « loulendo » appartient à la cosmogonie BULA MANANGA. Ce courant syncrétique, fourre-tout, qui englobe les Kimbanguistes, les Matsouanistes et les Animistes. C’est un courant dans lequel, pour des raisons sans doute historiques, on trouve beaucoup de Vilis et de Gangoulous. Je fais le pari, qu’à Gamboma, les chants BULA MANANGA trouveront écho.
Tous ces aspects sont importants à connaître. Merci tâtâ Ndwenga.
Très bonne analyse de Tâtâ NDWENGA et de MDR! En fin! il y a des Congolais qui ont une culture approfondie de leur pays, le Congo! L’on ne peu pas ignorer: d’où VENONS-NOUS? QUI SOMMES-NOUS ? OU ALLONS-NOUS et avec QUI?
Chapeau messieurs, c’est un vrai plaisir de vous lire.
MDR a parlé de la chanson d’ouverture. Quid du la chanson de fermeture.
Bonjour mr Rudy Mbemba, je constate que vous avez continué à prpfesser sur le Kongo. Je vous lisais autrefois sur mwinda.org