Par Bernardin DILOU
À quelques mois de l’élection présidentielle de 2026, l’opposition congolaise donne l’image d’un corps affaibli, désarticulé, et profondément divisé. Loin d’apparaître comme une force politique structurée, capable de mobiliser les masses autour d’un projet de société novateur, elle semble prisonnière de ses contradictions internes, de ses rivalités personnelles, et d’une stratégie politique peu lisible. Cette fragmentation chronique constitue l’un des principaux handicaps à toute possibilité d’alternance démocratique au Congo, où le pouvoir en place profite de chaque échec de l’opposition pour consolider son emprise sur les institutions et neutraliser toute contestation crédible.
Depuis la Conférence nationale souveraine, qui avait suscité tant d’espoirs au début des années 1990, l’opposition congolaise peine à parler d’une seule voix. Les rares moments de cohésion ont souvent été de courte durée, sapés par des divergences stratégiques, des ambitions personnelles mal maîtrisées, ou des infiltrations par des acteurs proches du pouvoir. En 2026, cette incapacité à se structurer risque de se traduire, comme lors des scrutins précédents, par une multiplication des candidatures, un éparpillement des voix, et donc un boulevard électoral laissé au régime en place. C’est une mécanique bien connue : plus les candidatures se multiplient dans un contexte d’opposition désunie, plus le pouvoir en sort renforcé, souvent dès le premier tour, en toute légalité apparente.
Mais la désunion n’est pas le seul mal dont souffre l’opposition. Au-delà de la forme, c’est le fond de l’action politique qui pose un problème. L’opposition peine à proposer une vision claire du Congo de demain. Elle n’offre ni un programme politique structuré, ni une ligne idéologique cohérente, ni une stratégie de mobilisation à long terme. Ce vide est d’autant plus préoccupant que le pays est confronté à des défis socio-économiques majeurs : jeunesse sans emploi, services publics en ruine, corruption généralisée, dette publique écrasante, et dépendance persistante aux rentes extractives. Dans ce contexte, une opposition crédible aurait un champ immense à investir. Pourtant, elle semble paralysée, soit par le confort des deals tacites avec le régime, soit par un repli sur des logiques identitaires ou ethniques incapables de fédérer la nation.
Une autre faiblesse structurelle de l’opposition congolaise est son éloignement du peuple, notamment de la jeunesse. Cette dernière constitue pourtant plus de 60 % de la population, mais elle ne se reconnaît ni dans les discours des figures politiques actuelles, ni dans leurs méthodes. Il y a un fossé générationnel, mais aussi une rupture de confiance. Les jeunes, pour la plupart désabusés, ne voient dans l’opposition ni une force de proposition, ni un levier de transformation. Ils sont nombreux à estimer que les leaders de l’opposition ne valent guère mieux que ceux du pouvoir, tant ils semblent obsédés par les postes plutôt que par les idées, davantage motivés par la politique du ventre que par le service de l’intérêt général.
Pourtant, des exemples africains récents montrent qu’il est possible de changer les rapports de force, même dans des contextes très verrouillés. Les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES), notamment le Mali, le Burkina Faso et le Niger, bien que confrontés à des situations de crise, ont osé rompre avec un ordre politique hérité, jugé inefficace et corrompu. Si ces expériences ne sont pas sans critiques, elles démontrent néanmoins qu’une volonté politique forte, appuyée par une mobilisation populaire, peut faire émerger de nouvelles trajectoires. Ces mouvements de rupture, même controversés, trouvent leur légitimité dans le rejet profond des systèmes politiques traditionnels, incapables de répondre aux aspirations des peuples. En ce sens, ils constituent des sources d’inspiration pour toute opposition qui entend réellement redonner la parole au peuple et réinventer les fondements du contrat social.
Mais au Congo, les leaders de l’opposition semblent sourds et aveugles à cette dynamique continentale. Beaucoup ont choisi le confort de la compromission. D’autres ont sombré dans une forme de complotisme sans action concrète ni stratégie de terrain. D’autres encore, disqualifiés par leur passivité ou leurs retournements de veste, ont définitivement perdu toute crédibilité. Au lieu de se réunir autour d’un projet commun, ils se livrent à des luttes fratricides, où chaque leader rêve d’être le candidat unique, sans jamais accepter le sacrifice que cela implique. La logique de coalition, qui a pourtant montré son efficacité ailleurs (au Sénégal, en Zambie, ou au Malawi), semble ici inaccessible, tant les égos et les intérêts personnels priment sur toute vision collective.
Le sort de figures comme le général Jean-Marie Michel MOKOKO, André OKOMBI SALISSA ou encore Parfait Brice KOLELAS devrait pourtant provoquer un électrochoc. MOKOKO et OKOMBI croupissent toujours en prison, pour avoir osé défier le pouvoir de manière frontale. Parfait KOLELAS, lui, est mort dans des circonstances opaques, sans que les conditions de son évacuation sanitaire ou de sa prise en charge médicale ne soient clairement élucidées. Ces trajectoires tragiques auraient dû servir de point de ralliement, un appel à l’union sacrée de l’opposition. Mais elles semblent au contraire avoir renforcé la peur, le repli et la prudence excessive des autres figures politiques, qui hésitent à s’exposer ou à prendre des risques réels.
À cela s’ajoute une faiblesse organisationnelle criante. L’opposition manque de structures solides sur le terrain, de relais dans les provinces, de mouvements citoyens puissants capables d’accompagner ses actions. L’absence de partis ancrés localement, dotés d’une base militante active, empêche toute stratégie de terrain sérieuse. Or, la conquête du pouvoir ne se fait pas uniquement par des déclarations sur les réseaux sociaux ou par des conférences de presse à Brazzaville. Elle suppose une présence quotidienne, un travail de proximité, une capacité à écouter les doléances du peuple et à y répondre par des propositions concrètes. C’est cette proximité qui fait défaut aujourd’hui.
L’article 5 de la Constitution congolaise affirme pourtant que « la souveraineté nationale appartient au peuple ». Encore faut-il que les forces politiques créent les conditions pour que ce peuple puisse l’exercer librement. Cela passe par la création d’un espace politique véritablement pluraliste, par la reconquête de la confiance populaire, et par une offre politique audacieuse, enracinée dans les réalités du pays. Tant que l’opposition congolaise restera prisonnière de la duplicité, de la division et de l’opportunisme, elle ne pourra pas remplir cette mission.
Le temps presse. À l’approche du scrutin de 2026, les Congolais méritent mieux qu’une opposition spectatrice, somnambule ou complice. Ils méritent une opposition forte, unie, intègre et capable d’incarner l’alternance. Une opposition qui assume le risque politique, qui propose des solutions viables, et qui s’organise pour gagner, et non simplement pour exister. C’est à ce prix que l’alternance deviendra une possibilité réelle, et non un simple slogan sans lendemain.
Par Bernardin DILOU
Diffusé le 19 décembre 2025, par www.congo-liberty.org

Cher frère Bernardin , il faut être un illuminé pour participer à cette parodie d’élection, organiser par Sassou Denis et ses parents Mbochi ! D’ailleurs quand on voit les enfants qui n’ont jamais travaillé, mais comme par miracle vont payés près de 38000 euros pour participer à cette mascarade, l’on comprend aisément que ces deux petits voyous qui participent à la mafia Mbochi ! Il faut plutôt demander à la population sudistes de renoncer à toute sortie le jour J de cette mascarade ! Comme ça l’opinion internationale comprendra que Sassou Denis ne contente que ses parents Mbochi.
Cher frère,
Je comprends la colère et la lassitude qui traversent une grande partie de nos compatriotes après des décennies de confiscation du pouvoir. Cette colère est légitime.
Cependant, mon article ne fait ni l’apologie d’une élection dont les conditions seraient idéales, ni la promotion d’une participation aveugle à un processus verrouillé. Il analyse avant tout les faiblesses structurelles de l’opposition congolaise, ses divisions, ses incohérences et son incapacité, jusqu’ici, à incarner une alternative crédible aux yeux du peuple et de la communauté internationale.
Je crois profondément que l’invective, l’ethnicisation du débat et la disqualification morale systématique des acteurs, quels qu’ils soient, affaiblissent notre combat commun plutôt qu’ils ne le renforcent.
La question centrale demeure : comment construire un rapport de force politique, citoyen et crédible, capable de contraindre le pouvoir et de redonner espoir au peuple congolais ? C’est à cette réflexion que je m’efforce de contribuer.
Fraternellement.
Bernardin DILOU