L’opinion publique portugaise s’impatience face à la longueur de l’enquête sur les méfaits de Gilbert Ondongo, « le petit ministre » et de son acolyte José Veiga

Dernière minute : le Parquet de Lisbonne, dans l’affaire « Route de l’Atlantique vient d’inculper, outre José Veiga et son associé Paolo Santana Lopes, le fils de l’autocrate congolais, Denis Christel Sassou Nguesso et l’ancien ministre des finances du Congo, Gilbert Ondongo. José Colnaghi, patron du groupe Colpar Brasil (anciennement dénomé Groupe Asperbras) l’a été également…

Saluons les journalistes portugais, les magistrats portugais et les enquêteurs portugais !

L’affaire Ondongo-Veiga n’est pas enterrée ni jetée dans un tiroir. Après plus de 10 années d’enquête, l’instruction vient à peine d’être achevée…

D’ailleurs, peut-être avez-vous remarqué que la clique mafieuse congolaise évite depuis quelques temps les séjours au Portugal et même en Espagne voisine…

Veiga n’était qu’un intermédiaire, grassement payé, mais un intermédiaire tout de même. Le Chef de Gang est bien Denis Sassou Nguesso, et il finira bientôt par tomber !

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Antonio José Vilela

15 décembre 2025 à 17h28

« Et pourquoi ne pas étudier sérieusement le processus Route de l’Atlantique ? Ou ne serait-ce qu’un de plus ?! »

Alors que la décision du procureur général concernant l’affaire de la Route Atlantique, impliquant José Veiga et d’autres suspects, est imminente, il est inévitable de constater que cette enquête illustre une fois de plus les dérives d’une investigation criminelle qui dure depuis plus de 11 ans.

[…]

L’affaire de la Route Atlantique a débuté en 2014 suite à une demande de coopération des autorités judiciaires suisses auprès du Portugal. Elle portait sur des soupçons de corruption liés à un système d’opérations pétrolières et de préfinancements pour le secteur de la construction, d’une valeur de 500 millions de dollars, conclus entre 2009 et 2011 par la société suisse Gunvor avec une entité publique de la République du Congo. Ce financement était destiné à la construction d’un complexe industriel et commercial dans ce pays africain (qui demeure l’un des plus importants producteurs de pétrole d’Afrique subsaharienne), projet porté par la multinationale brésilienne Asperbras. Pour ce faire, Gunvor était soupçonnée d’avoir versé d’importantes commissions à des personnalités politiques et influentes congolaises par l’intermédiaire d’intermédiaires, une partie de ces fonds provenant d’un compte bancaire détenu par Asperbras à la Banco Espírito Santo de Lisbonne.

« Ces paiements, de l’ordre de 15 millions de dollars, étaient destinés au président de la République du Congo, Denis Sassou Nguesso, et aux membres de sa famille, notamment son épouse Antoinette Sassou Nguesso et son fils Denis Christel Sassou Nguesso [dit « Kiki », qui était administrateur d’entités contrôlant le secteur pétrolier au Congo] », précisent très tôt les documents de l’enquête, notant que plus de 10 millions de dollars ont également été versés à Gilbert Ondongo, alors ministre des Finances et l’un des hommes de confiance du président Denis Nguesso.

Pour obtenir certaines de ces informations, les autorités suisses se sont appuyées sur la collaboration d’un détenu de l’opération menée dans ce pays, Pascal Collard, représentant de Gunvor, finalement condamné en 2018 pour des actes de corruption liés à l’acquisition de pétrole auprès des gouvernements du Congo et de la Côte d’Ivoire. Dans le cas du premier pays africain, Collard a avoué aux autorités suisses que la direction de Gunvor avait approuvé tous les versements de pots-de-vin à des membres du gouvernement (et à d’autres personnes) et a expliqué le fonctionnement présumé du système, qui impliquait également le Portugal. Plusieurs de ces pistes ont ensuite été exploitées par le parquet et la police judiciaire. Parmi celles-ci, on peut citer plusieurs comptes bancaires suspects, deux sociétés appartenant au groupe Asperbras et un homme plus connu du grand public pour ses liens avec le football, mais qui s’est révélé être un collaborateur de la société brésilienne : José Veiga.

Au fil du temps, l’enquête a commencé à se concentrer « sur les relations et les contacts privilégiés (…) avec les dirigeants politiques de la République du Congo, et les interceptions téléphoniques, les actions de surveillance, la collecte et l’analyse de documents et d’autres moyens d’obtenir des preuves ont prouvé l’existence de telles relations, ainsi que le but qu’elles servaient », ont écrit à plusieurs reprises les enquêteurs de l’unité anti-corruption de la PJ dans des rapports.

[…]

Le temps n’a jamais cessé de s’écouler. La première commission rogatoire adressée par le ministère public au Congo ne devait guère susciter de réponse, et celle-ci ne parvint jamais. Malgré tout, après de nombreuses avancées et revers, en octobre 2022, la Police judiciaire (PJ) a remis au DCIAP (Département central d’enquêtes et de poursuites) ce qu’elle considérait comme le rapport final de l’enquête. Ce document de 195 pages indiquait : « (…) après examen des éléments de preuve recueillis, il est possible de conclure à l’existence de preuves solides, claires et suffisantes établissant la commission d’actes susceptibles de poursuites pénales (…) ». Sans préciser les infractions exactes commises par José Veiga et les autres accusés dans le cadre des achats bancaires (ni dans d’autres situations liées aux sommes prétendument versées par Asperbras), l’inspecteur João Branco n’a admis que quelques modifications des faits lors d’éventuels interrogatoires complémentaires menés auprès des accusés avant la clôture de l’enquête.

[…]

Le résultat fut conforme aux attentes : même avec la collaboration d’une entreprise spécialisée, la transcription des écoutes téléphoniques a pris près de deux ans. Mais les péripéties ne s’arrêtèrent pas là. Pendant un temps, le parquet envisagea même de suspendre provisoirement les poursuites contre certains accusés s’ils acceptaient de payer – comme dans les affaires Furação et Monte Branco – de lourdes amendes et reconnaissaient une fraude fiscale aggravée. Dans le cas de José Veiga, selon les calculs d’une équipe conjointe de la police judiciaire et de l’administration fiscale chargée de l’affaire, l’amende s’élèverait alors à plus de 43 millions d’euros, intérêts compris. Selon cette hypothèse, Veiga n’aurait pas déclaré au Portugal plus de 101 millions d’euros versés en 2015 par la société brésilienne Asperbras. Dans le cas de Paulo Santana Lopes, il ne s’agirait que de près de 1,9 million d’euros, car Veiga (et ses sociétés) lui auraient versé, également en 2015, 4,5 millions d’euros prétendument non déclarés aux autorités fiscales portugaises.

SOURCE ; CNN

José Veiga et Denis-Christel au cœur d’un réseau international de blanchiment. Par Rigobert OSSEBI

Le Sorcier portugais de Denis Sassou Nguesso : Antonio José da Silva Veiga, dit “José Veiga”. Par RIGOBERT OSSEBI

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