DÉCLARATION DE PATRIMOINE : le dictateur Sassou Nguesso doit être déchu !

sassou

L’extrême opacité érigée en méthode de gouvernement de la République par le pouvoir actuel.

Dans le but de prévenir et répliquer certaines politiques délictuelles et criminelles préjudiciables aux finances et aux budgets des pays, nombre de constitutions africaines prennent soin de les prévoir formellement. La Constitution du 20 janvier 2002 n’est pas en reste.

De même, c’est pour prévenir de telles pratiques mais aussi pour empêcher l’enrichissement illicite que l’alinéa premier de l’article 48 de la Constitution prévoit que : « tout citoyen, élu ou nommé à une haute fonction publique, est tenu de déclarer son patrimoine lors de sa prise de fonctions et à la cessation de celles-ci, conformément à la loi

L’inobservation de cette obligation entraîne la déchéance des fonctions dans les conditions fixées par la loi ».

Cet article se réfère à une kyrielle de personnes. D’une part, il y a des citoyens assurant des fonctions électives. Le premier d’entre eux est, bien sûr, le Président de la République. Il y a également les représentants de la nation que sont les députés et les sénateurs. Enfin, il y a les conseillers, tant départementaux que municipaux, élus au suffrage universel. Toutes ces personnes disposent d’un mandat électif dont la durée varie d’une catégorie à une autre.

D’autre part, il y a des citoyens qui sont nommés par le Président de la République. Les premiers sont les ministres ou membres du gouvernement conformément à l’article 74 alinéa 1er de la Constitution. Parmi les citoyens qui sont astreints à l’obligation de déclaration du patrimoine, il y a ceux qui sont nommés à une haute fonction publique, pour reprendre les termes même de l’alinéa premier de l’article 48 de la Constitution. Il s’agit, en réalité de ceux qu’on appelle les grands commis de l’Etat dont il serait évidemment fastidieux d’en faire une énumération exhaustive.

La nomination à des hautes fonctions publiques relève du Président de la République. Ces hautes fonctions sont aussi bien civiles que militaires. Le chef de l’exécutif nomme à ces différentes fonctions, en Conseil des ministres, en vertu des articles 77 alinéa 1er de la Constitution.

Il faut adjoindre à ces grands commis de l’Etat, les ambassadeurs et les envoyés extraordinaires auprès des puissances étrangères et des organisations internationales qui sont nommés conformément à l’article 77 alinéa 3 de la Constitution.

Mais les grands commis de l’Etat existent aussi dans les institutions constitutionnelles que sont la Cour constitutionnelle, le Conseil économique et social, le Conseil supérieur de la liberté de communication et la commission nationale des droits de l’homme. Les Présidents et les membres de ces institutions sont nommés par décret du Président de la République.

Certes l’article 48 qui vise à prévenir l’enrichissement illicite pourrait contribuer, s’il était rigoureusement appliqué, à la moralisation de la vie publique. Il reste que la formulation de cet article n’est pas explicite. Et pour cause.

Le premier alinéa de cet article demeure vague en ce sens qu’il se contente de déclaration de patrimoine, sans en préciser la forme. Une déclaration peut être faite par écrit ou verbalement. Un texte écrit de l’importance de la Constitution, ne peut laisser les citoyens dans le flou. Il faut que ces dispositions soient suffisamment claires afin d’éviter que les politiques ne se livrent à des interprétations partisanes et fallacieuses susceptibles de causer du tort au pays.

L’article 48 se présente comme un fourre-tout alors que la déchéance est une sanction qui n’est encourue que dans un cas précis.

En réalité, plusieurs cas peuvent se présenter dont les conséquences ne sont pas les mêmes.

Un citoyen élu ou nommé à une haute fonction publique peut faire une déclaration écrite de patrimoine lors de sa prise de fonction.

Il peut faire une vraie déclaration de patrimoine lors de sa prise de fonctions et s’abstenir de la faire à la cessation de celles-ci.

Il peut faire une vraie déclaration, lors de sa prise de fonctions, et en faire une fausse à la fin de ses fonctions, pour masquer la richesse qu’il a acquise illicitement.

Il peut faire deux fausses déclarations de patrimoine lors de la prise de ses fonctions et à la fin de celles-ci.

Il peut tout simplement refuser de faire cette déclaration au début et à la fin de ses fonctions.

La déclaration de patrimoine est une obligation que doit préalablement remplir tout citoyen élu ou nommé à une haute fonction publique. Le fait pour lui de prendre ses fonctions, sans l’accomplissement de cette formalité, entraîne ipso facto la déchéance des fonctions. La déchéance n’est encourue que dans ce cas précis.

Or, c’est déplorable, l’article 48 de la Constitution sanctionne même le défaut de déclaration de patrimoine, à la cessation des fonctions, par la déchéance. C’est une absurdité !

Comment, par exemple, un député qui est arrivé au terme de son mandat de cinq ans peut-il encore être déchu du mandat qu’il vient précisément d’exercer ?

Comment un trésorier payeur général ou un ministre peut-il être déchu de ses fonctions, faute de déclaration de patrimoine, à la fin de ses fonctions ?

Il est évident qu’il y a là un embrouillamini qui laisse perplexe et pantois lorsque qu’on fait une lecture intelligente de l’article 48 de la Constitution. La déchéance est une sanction inappropriée à la cessation des fonctions sans déclaration de patrimoine.

La formulation de l’article 48 nous amène à nous poser la question de savoir où ces « juristes » à la solde du pouvoir ont la tête lorsqu’ils nous pondent ces textes indigestes et ambigus ?

A moins qu’ils ne l’aient fait sciemment ce dont on n’est pas sûr, la vérité est qu’ils rédigent hâtivement ces textes et ne se donnent pas le temps de mûrir leur réflexion.

Pour bien montrer l’absurdité de cet aspect de l’article 48 de notre Constitution, il convient de recourir utilement au droit constitutionnel comparé, en citant l’article 99 de la Constitution de la République Démocratique du Congo (RDC), à cause de sa clarté et de sa précision.

Cet article dispose :

« Avant leur entrée en fonction et à l’expiration de celle-ci, le Président de la République et les membres du Gouvernement sont tenus de déposer devant la Cour constitutionnelle la déclaration écrite de leur patrimoine familial, énumérant les biens meubles y compris actions, parts sociales, obligations, autres valeurs, comptes en banque, leurs biens immeubles, y compris terrains non bâtis, forêts , plantations et terres agricoles, mines et tous autres immeubles, avec indication des titres pertinents.

Le patrimoine familial inclut les biens du conjoint selon le régime matrimonial, des enfants mineurs et des enfants même majeurs, à charge du couple.

La Cour constitutionnelle communique cette déclaration à l’administration fiscale.

Faute de cette déclaration, endéans les trente jours, la personne concernée est réputée démissionnaire.

Dans les trente jours suivant la fin des fonctions, faute de cette déclaration, en cas de déclaration frauduleuse ou de soupçon d’enrichissement sans cause, la Cour constitutionnelle ou la Cour de cassation est saisie selon les cas ».

Compte tenu de sa clarté et de son exhaustivité, point n’était besoin de renvoyer l’application de cette disposition au vote d’une loi. C’est du reste le cas dans la Constitution de la RDC.

La Constitution du 20 janvier 2002, en son article 48, fait exactement le contraire, en renvoyant la mise en œuvre de cet article à la loi. En réalité le renvoi à la loi n’est rien d’autre qu’une manœuvre dilatoire voire d’obstruction dont la finalité est d’empêcher l’application de cette disposition constitutionnelle. Pour preuve, depuis 2002, il n’y a même pas encore un projet ou une proposition de loi en ce sens.

C’est d’ailleurs pour une raison fort simple. La quasi-totalité des tenants de ce pouvoir, qui ont fait de la politique une profession conduisant à l’enrichissement facile et illicite, répugnent à toute idée de transparence dans la gestion des affaires publiques, en dépit de leurs proclamations régulières de bonnes intentions en ce sens.

La perpétuation du refus de déclaration de patrimoine par les dirigeants qui en ont l’obligation est révélatrice du mépris de la loi et du maintien de l’opacité nécessaire à tous ceux qui continuent à s’enrichir de façon illicite et scandaleuse, au détriment de la population qui croupit dans une misère sans précédent.

Si l’article 48 de la Constitution du 20 janvier 2002 avait été rigoureusement appliqué, la République du Congo aurait tout simplement été ingouvernable, parce que :

Le Président de la République aurait été déchu de ses fonctions pour avoir prêté serment sans avoir préalablement fait sa déclaration de patrimoine. Son serment n’a d’ailleurs pas de validité, parce que fait en violation de l’article 48 de la Constitution.

Les ministres de tous les gouvernements formés jusqu’alors n’auraient pas pris leurs fonctions.

Le Parlement n’aurait pas existé car les députés et les sénateurs de la onzième législature ainsi que ceux de la douzième auraient été déchus de leurs fonctions.

Les mêmes remarques sont valables pour les conseillers municipaux et départementaux, les personnes nommées à des hautes fonctions civiles et militaires etc.

Il convient de souligner avec force que toutes les autorités congolaises qu’elles soient élues ou nommées, exerçant leurs fonctions au pays ou à l’étranger ne méritent pas d’exercer ces fonctions pour violation flagrante de la Constitution, en son article 48.

Heureusement que, pour les autorités congolaises, l’adoption des différents textes, à commencer par la Constitution, n’a lieu que pour une consommation extérieure, afin d’induire la communauté internationale en erreur, par l’illusion de l’Etat de droit et de la démocratie.

D’ailleurs, un ministre d’Etat, encore en fonction, n’avait pas hésité à dire à l’un de ses interlocuteurs qu’ « au Congo nous essayons seulement d’appliquer la loi ». Il aurait plutôt dit qu’on ne fait rien pour l’appliquer et que c’est la principale cause de l’impunité généralisée et des diverses dérives que nous déplorons dans tous les domaines de la vie de notre pays.

NGOMA LUDOVIC

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12 réponses à DÉCLARATION DE PATRIMOINE : le dictateur Sassou Nguesso doit être déchu !

  1. Matière grise dit :

    SASSOU NGUESSO: PALME D’OR DE LA MÉDIOCRITÉ ET DE LA SORCELLERIE.

    Aussi haut qu’un oiseau volera, il finira par se poser. Il est temps que vous vous reposer Monsieur le président Sassou Nguesso.

    C’est le seul arbre que vous aurez planté et on se souviendra de vous pour avoir libérer le Congo votre médiocrité et de votre sorcellerie.

  2. Mon frère Ngoma , comme la dit le président Obama que l’Afrique à besoin des institutions fortes et non des hommes forts , il à encore dit que le mal de l’Afrique c’est corruption , en résumé voilà la maladie du congo ! Au congo la justice est inexistante , pour preuve le pseudo ministre est l’oncle de sassou (YOKA) , touts les membres de la famille nguesso sont des milliards, s’en suit Michelin Bouya , ndenguet , okemba, rien que ceux là détiennent les 3/4 de la richesse nationale , voilà chers compatriotes le désastre des voyous d’Oyo ! Et comme si c’était pas le chaos sassou voudrait bien continuer après sa folie meurtrière après 2016! Alors que le jeune d’en face joseph Kabila à déclaré hier qu’il aura alternance en 2016 en RDC .

  3. Delbar dit :

    La constitution du Congo est un excellent instrument mais encore faut-il que les acteurs politiques
    soient des démocrates et au service du bien public et non de leurs intérêts personnels.
    Je partage entièrement l’avis de loukabi lua malanda.
    La justice est inexistante.
    Le Congo est un pays qui fait semblant d’être une démocratie mais qui est une terrible dictature
    au service d’intérêts économiques d’une caste et un régime policier qui se moque des droits de l’homme.
    Tout le reste n’est que bavardage.
    Ceux qui pensent que j’exagère n’ont qu’à continuer à lire leur torchon quotidien se dénommant les dépêches de Brazzaville.
    Où tout va très bien dans le meilleur des mondes.
    Je suis sûr qu’un jour le peuple se réveillera.
    Je le dis et le répète, les assassins du 16 décembre rendra un jour des comptes.

    Patrick Delbar

  4. Anonyme dit :

    Monsieur ngoma a bien fait de rappeler l’article 48 de la constitution qui selon lui entraînerait la déchéance du président de la République pour la non déclaration de son patrimoine avant la prise de fonction.
    Mais je voudrais juste préciser à ce dernier que cet article ne peut pas etre appliqué pour la simple raison qu’il n’existe pas jusqu’à ce jour une loi fixant les condition de sa mise en oeuvre. Et pourtant le dernier bout de l’article précise bien « dans les conditions fixées par la loi »
    Il faut toujours bien lire les dispositions juridiques, camarade NGOMA
    MBATA YA MOKOLO

  5. NGouebo Alsen dit :

    Monsieur Patrick.Contentez-vous d’exprimer votre opinion sans tomber dans les travers qui dévalorisent ce site internet important pour nous. Rivarol avait dit; » Tout ce qui est exagéré est insignifiant ».Je vous invite à méditer cette pensée de sagesse et de modération.

  6. NGouebo Alsen dit :

    Monsieur Anonyme.Je vous demande aussi d’apprendre à bien lire les articles publiés.Croyez-moi ce n’est pas à vous de m’apprendre le contenu de l’article 48 de la Constitution du 20 janvier 2002.Je vous conseille simplement une relecture intelligente de mon article.Tu réaliseras le caractère insensé et stupide de ton allégation qui, pour moi, n’est qu’une sorte de BOZOBA YA MOTO YA MAYELE TE

  7. NGouebo Alsen dit :

    Je parle bien de l’article de Mr Ngoma Ludovic et non du mien.

  8. Delbar dit :

    Monsieur Ngouoebo,,
    Je vous suggère de regarder la vidéo des conséquences de la tuerie du 16 décembre et je vous remercie alors de me confirmer si j’exagère !
    Ce site est aussi très important pour tous mes frères qui souffrent comme jamais.
    Si vous voulez vous mentir à vous-même, il vous suffit de lire les dépêches de Brazzaville.

  9. Laure Ndalet dit :

    Déclaration sur RFI du Professeur Placide Moudoudou, doyen de la faculté de droit de l’université Marien Ngouabi affirme « En Afrique le serment n’a aucune valeur juridique. La sorcellerie prime sur le droit ».

  10. Matière grise dit :

    Déclaration sur RFI du Professeur Placide Moudoudou, doyen de la faculté de droit de l’université Marien Ngouabi affirme « En Afrique le serment n’a aucune valeur juridique. La sorcellerie prime sur le droit ».

    Pourquoi ne pas créer ou fonder une faculté de la sorcellerie à l’université Marien Ngouabi dont le Prof de la sorcellerie Placide Moudoudou serait l’honorable doyen et puis Sassou Nguesso le recteur de l’université Marien NGOUABI ensorcelé par….

  11. MBATA YA MOKOLO dit :

    Après la mbochinisation du PCT à Brazzaville out tous les arrondissements du nord et la fédération de brazzaville en dehors de djiri sont dirigés par les plus intelligents et compétents du parti c’est à dire les mbochis, le tour est venu à la FMC qui vient de placer à la tete des arrondissements ouénzé, poto poto, talangaI…des jeunes mbochis; La fédération FMC de BrAzzaville aussi aura pour premier jeune un mbochi.
    Ce qui est curieux c’est qu’au sortir des législatives de 2012, les plateaux, la cuvette, la cuvette ouest, la sangha et la likouala ont tous donné 100 pour 100 de députés au PCT.Mais pourquoi dans le partage du gâteau la cuvette ouest, la sangha et la likouala sont toujours mis de coté?
    Je demande simplement aux ressotissants de ces départements de laisser ces idiots, non pardon ,ces intelligents de mbochis avec leur PCT et se rallier aux autres frères congolais du sud pour reconstruire le Congo.

  12. Mfoa dit :

    HORS SUJET SUR HORS SUJET

    Le propre du congolais c’est de généraliser les situations individuelles et monsieur NGouebo Alsen a raison car  » sans mesure, la force de l’argument se vide en chemin avant sa destination ».

    Condamner sassou c’est plus que logique mais ethniciser le débat en le renvoyant au fait qu’il est mbochi, c’est tribaliste! Point final!
    L’ethnie ne détermine pas le destin des femmes et hommes sur terre et ce n’est pas un passeport de telle ou telle qualité dont certaines personnes se prévalent ici!

    Quand un noir viole ou vole en France doit-on comdamner tous les noirs de France? Pitoyable comme argument et surtout sans substance!
    Sassou est un criminel et prend tout le pays en otage: Le nord n’est pas le Qatar et le sud Tombouctou… Combien de nos frères mbochis profitent du pouvoir de Sassou? et les kongos de son gouvernement, vous n’en parlez jamais…. sa femme vili (tchimbonda et les vincent Gomez et cie) qui fête un anniversaire à 1 million d’euros… Vous en faites quoi?

    Et puis, faisons de l’autocritique car la constitution de 1992 disposait des articles sauf erreur (57 et 58) sur la publication du patrimoine….
    Combien de membres du gourvenement de monsieur Lissoouba, les parlementaires et hauts fonctionnaires de l’époque 1992_1997 ont eu à publier leur patrimoine…. Bonne Chance!!!

    L’argument est qu’aucune loi et décret d’application n’ont été publiés! Sauf que depuis 12ans, on se demande que font les députés? C’est juste une volonté du pouvoir de manquer de transparence et on sait à qui profite le crime!!!!

    Barrack Obama a seulement partielement raison car pour avoir des institution fortes, il faut des femmes et des hommes forts et intègres qui savent ce que l’on entend par « intérêt suprême du pays »

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