LES CONDITIONS D’UN VRAI DIALOGUE DANS L’UPADS. Par Jean-Pierre Loundoubi

upadsLes Congolais exigent constamment et instamment de leur classe politique qu’elle démocratise le système politique national, autrement dit, que ses membres abandonnent les pratiques autoritaires d’exercice du pouvoir, aussi bien à l’intérieur des partis politiques qu’au niveau du gouvernement du pays,  afin de commander d’une manière ouverte à la contradiction et à la proposition. De cette façon, ils feront de l’espace public un espace de décisions  prises dans un cadre de liberté et d’équité. Et comme l’acceptation de la diversité et la composition avec le pluriel et l’opposition constituent les exigences fondamentales de la démocratie, elles interdisent totalement du domaine de l’action politique la haine des différences; parce que la compétition pour la gouvernance du pays, dans le respect des règles du jeu démocratique, ne peut s’ouvrir qu’à des programmes différenciés entre eux et multiples des partis politiques. D’où la nécessité pour les partis politiques de se démocratiser en interne, de manière à ainsi s’exercer à un fonctionnement idoine sur l’échiquier politique démocratique national. Mais contraire à cette attente légitime est la démarche adoptée par le dernier Congrès de l’UPADS, laquelle a abouti à l’élimination des différences et l’imposition subséquente d’une pensée unique au sein du parti.

Nous aimerions insister sur l’idée que la voie du succès, en matière de démocratie politique, est le dialogue, le respect authentique de la diversité, conduisant à la découverte des mérites de l’autre, lesquels imposent, au bilan, son respect.

Premièrement, disons que pour qu’il y ait un vrai dialogue au sein d’une formation politique comme l’UPADS et au plan national, nous devons impérativement manifester l’ouverture d’esprit et l’intérêt  face à la diversité pour que des courants de pensée s’épanouissent pleinement, ce qui est autrement plus difficile que d’assurer leur simple survie. Cela dit, il est essentiel de faire la distinction entre la simple tolérance et le respect véritable. Encore que même la première qui, depuis la création de l’UPADS, paraissait acquise a été remise en cause par le dernier Congrès qui a stoppé nette la continuité des courants de pensée autres que celui porté par ses organisateurs. Le problème qui en résulte est que pour dialoguer, il faut être à deux et non à seul, comme c’est depuis lors le cas dans ce nouveau parti qu’on appelle UPADS soit par simple intoxication du mot soit par félonie.

Deuxièmement, faisons remarquer que pour qu’ils puissent mettre en valeur leur différence et leur originalité, les sous-groupes socioculturels et la mosaïque des sensibilités politiques doivent bénéficier d’un respect authentique, profondément ancré dans l’esprit des managers du parti. Bien sûr que les ambitions des uns et des autres peuvent constituer un obstacle sur le plan de la communication authentique avec autrui, supposé incarner une idée différente de celle que soi-même défend, mais cette difficulté-là offre à tous l’occasion de faire preuve de bonne volonté, en discutant les uns avec les autres, de manière à se mettre d’accord sur ce qui est essentiel à l’atteinte des objectifs partagés que sont ceux du parti.   A ce sujet, il convient de noter que si le dialogue, la confrontation des idées, le débat contradictoire en vue d’options consensuelles à la réalisation des priorités du parti étaient répandus,   plutôt que d’être le lot d’une minorité négligeable d’initiés, cela constituerait la simple  expression du respect que l’on accorde à la pensée de l’autre, vu comme un allié, un partenaire et non comme un adversaire et au pire, un ennemi à combattre et à vaincre à tout prix. Au sein de l’UPADS, le dernier Congrès y a apporté une illustration supplémentaire : la stratégie d’une sensibilité qui (ici, celle de Tsaty Mabiala et Gamassa), souvent au terme d’un stratagème, accède aux commandes du parti est de soumettre et assimiler tous les autres courants à sa conception pourtant partielle des choses et à ses volontés, faute de quoi, elle les frappe d’ostracisme, d’exclusion comme le sont aujourd’hui les sensibilités de Christophe Moukouéké, le CNSP et celle dite « la dynamique …».

Troisièmement, signalons que le dialogue avec l’autre permet de découvrir en même temps son mode de pensée et ses idées et que cette connaissance et l’intérêt ainsi développé pour lui sont susceptibles d’apporter déjà des changements à la façon de penser et d’agir des deux côtés, puisqu’en favorisant la communication, on dissipe de nombreux malentendus et contribue à faire disparaitre bien de préjugés tenaces qui, bien souvent,  ne relèvent en fait que de l’ignorance ou du manque de connaissance de l’autre; dans la mesure où mieux on se connait, facile est l’élaboration d’un argumentaire persuasif d’un allié nominal jusque-là considéré, à tort, comme hostile à soi. Si tel avait été le cas au cours du dernier Congrès de l’UPADS, on aurait dialogué sur la transparence, la justice, l’équité des critères et mode d’accession à la direction du parti, autant que sur sa doctrine ainsi que la structure du pouvoir en son sein, afin de s’accorder sur quelque chose en quoi la majorité des membres du parti se seraient reconnus. Mais Pour dialoguer, de la volonté et du courage politiques, il en faut vraiment. Toutefois, il y a à craindre que ces facteurs fassent gravement défaut chez les dirigeants actuels de « l’UPADS » ainsi qu’en témoigne leur attitude  en cette occasion cruciale qu’a été le Congrès de juin 2013.

Quatrièmement, soulignons que dans l’UPADS, les frictions et la méfiance résultent souvent de la façon dont un sous-groupe donné a pris le contrôle du parti. On se souvient encore de la fixation qui portait, il y a quelques années en arrière, sur la tristement célèbre « bande de quatre » qui domina complètement ce parti. Ces frictions et méfiance nuisent à l’engagement et à la contribution de celles et ceux, nombreux, qui contestent cette procédure de prise de pouvoir, si ce ne sont les conditions qui l’ont entourée, et elles restreignent aussi l’influence et l’efficacité de l’ensemble du parti ainsi que de ses managers qui gaspillent leurs ressources en tentant de régler d’interminables luttes intestines. Par exemple : avant le dernier Congrès de l’UPADS, on reprochait au Secrétariat national de ce parti d’être totalement coupé des instances intermédiaires dudit parti, pis encore, de sa base. Cinq mois après le Congrès qui devait régler ce problème, la nouvelle direction constate que le fossé entre elle et ces autres échelons du parti est encore plus large et plus profond qu’il ne l’était avant le Congrès, alors qu’elle doit les motiver à s’approprier l’exécution des activités du parti. La voilà donc engluée dans un cercle vicieux, à un point tel qu’affirmer que le remède y est pire que le mal qu’il était censé combattre n’aurait rien de  cynique. En somme, la solution pertinente est que la nouvelle direction du parti cesse de considérer les courants de pensée et les lobbies divergents de la ligne officielle, qu’elle incarne, comme à conquérir et à soumettre par la force, s’ils ne sont à ignorer ou à rejeter systématiquement, mais qu’elle reconnaisse leur différence ainsi que leur unicité comme un apport intéressant et enrichissant pour l’efficacité de l’action du parti; plutôt que d’y voir une forme de résistance, de contestation et d’opposition insurmontables. Mais en a-t-elle des ressources, en d’autres termes, s’y est-elle vraiment préparée?

Cinquièmement, signalons que les vues à la base des différents lobbies et sensibilités sont certes distinctes, mais elles permettent de créer une culture de dialogue, de concertation donc de démocratie qui favorise le compromis et l’entente commune plutôt que les affrontements fratricides. Une plus grande ouverture d’esprit face à l’opinion des autres permettrait aux dirigeants politiques de disposer d’un éventail plus large d’idées et de solutions aux problèmes qui aideraient à vaincre de nombreuses difficultés sans nuire à la diversité et à l’unicité des partenaires. Le succès des solutions ainsi proposées par différentes sensibilités leur vaudrait par ailleurs un plus grand respect de la part d’autres sous-groupes d’acteurs au sein du parti qui, finalement,  verraient en elles une source de progrès et d’efficacité plutôt qu’un obstacle. En étant ouverts aux idées des autres et en acceptant la différence et l’originalité comme un bienfait plutôt que de s’accrocher à leurs idées conservatrices et très stigmatisantes, les dirigeants de l’UPADS permettraient aux minorités de s’épanouir pleinement dans le parti, sachant qu’à terme, ils feraient bénéficier à l’ensemble du parti de la richesse ainsi cultivée.

Enfin, favorisant le dialogue entre les minorités socioculturelles et les sensibilités idéologiques qui composent le parti, de nombreux problèmes causés par le simple manque de communication seraient facilement évités; puisque la communication favorise l’établissement d’un climat de détente, de confiance entre les communautés, autant qu’elle favorise la connaissance de l’autre. Il deviendrait alors plus facile de s’ouvrir aux valeurs et idées différentes, au lieu de se borner à les combattre sans vraiment les connaitre ni même les comprendre. Une telle attitude de coopération et de respect mutuelle permettrait aux différentes sensibilités de s’épanouir pleinement et d’apporter opportunément leur contribution à l’atteinte des objectifs communs, tout en conservant le caractère unique qui les rend si particulières, mais si utiles à l’équilibre du fonctionnement du parti. Il s’ensuit que pour tout meneur d’hommes rationnel, à négliger cette option, il y aurait beaucoup d’inconvénients quant à l’atteinte de l’objectif d’efficacité qu’on se sera donné. Mais encore faudrait-il que nombreuses soient les personnes qui ressentent, de façon contraignante, la pression de l’obligation de résultats dans les activités qu’elles effectuent quotidiennement. Ce qui s’est rarement vérifié dans le domaine politique au Congo, encore moins au sein de l’UPADS, où règne l’absence de la notion de mérite et du besoin d’évaluation des pratiques.

Par Jean-Pierre Loundoubi, Psychosociologue de l’action organisée

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3 réponses à LES CONDITIONS D’UN VRAI DIALOGUE DANS L’UPADS. Par Jean-Pierre Loundoubi

  1. Manona dit :

    Jean Pierre.
    Bonjour!!!
    Pour une fois,j’ose apprécier humblement et publiquement vos analyses très souvent pertinentes;analyses relatives soit à l’état presque chaotique du Congo,soit à l’implosion de fait de notre héritage politique commun qu’est l’U.PA.D.S.légué à tous les Congolais par le Professeur Pascal Lissouba.
    Merci pour votre pertinente contribution qui,à n’en point douter,retiendra l’attention des cadres,militants et sympathisants du Parti.Et bien sûr,celle du CNSP dont nous sommes l’un des membres associés, avec une mission bien précise depuis la fin du mois de juillet dernier.
    Nous oserons prendre contact avec vous dans les et semaines à venir.

    Très cordialement.

    Martin Manona
    Commissaire Général du CNSP-UPADS France-Europe.

  2. NIGER dit :

    Aucun dialogue, quelle que soit sa forme, ne pourra sauver l’UPADS. Les divisions sont trop profondes, souvent ridicules et les ambitions personnelles trop acérées, les passions chroniques.

    Ce qu’il faut pour ce grand parti en déroute, c’est la dissolution pure et simple après le règne du despote de Mpila. Il faut assainir, détruire ce parti si important afin de faire renaître un nouveau concept politique.

    La dissolution fera venir de nombreux et nouveaux sympathisants parce qu’il y aura renouvellement mais aussi, rajeunissement des dirigeants. L’UPADS aujourd’hui a une image vieillotte, confuse et anarchique.

    Tout le reste est pure illusion!!

  3. Anonyme dit :

    Felicitations NIGER !
    Vous connaissez mieux l’UPADS que tous ces tintins qui continuent a jouer les charlatants après avoir vide l’UPADS de son ame.

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