Ᾱ l’origine du facteur d’exclusion, il y a le grégaire, le entre-nous, le clan. Parce que chez ces gens-là, la famille est limitée aux initiés, aux accaparateurs, le cartel des inconditionnels.
Alors que le monde actuel bouge, avance, discute et rivalise, l’ouverture à l’autre est un don de Dieu, une chose sacrée. Il est interdit pour notre beau pays, à cette époque charnière, à ces grands moments précieux de l’histoire de dialoguer. Nous sommes et serons toujours les observateurs les plus lucides de l’évolution du Congo. On nous traitera d’idéalistes, nous sommes ceux qui interagissent sur les idées, nous concevons l’histoire comme la rencontre entre l’exercice et la raison, et l’intervention dans le champ politique.
La parole sert l’éducation et la culture dans un pays en développement. Le débat, la conversation, le dialogue sont des sésames qu’il faut utiliser, user pour avancer. Sinon, nous deviendrons amorphes, aigris, sans sensibilité, des attachés, des esclaves, des muets, des envoutés, des maraboutés.
La palabre, l’échange, sont des symboles de progrès.
Pour un refus complet de zombification du Congo Brazzaville, nous refusons d’être « les damnés de la terre » au sens où Franz Fanon l’entend. Peut-on percer le secret du plaisir que nous donne la parole ?
Par quelle mystérieuse alchimie ce sel précieux capte les orateurs et les protagonistes ?
Le sens de la parole dépend moins de la signification que de la façon dont celle-ci s’exprime.
Elle libère la passion pour autre chose qu’elle-même surtout si elle est constructive, si elle dit la vérité.
La parole libère la masse silencieuse qui subit tant de déboires, des injustices horribles, ce mélange de colère, de chagrin et d’humiliation.
Mais chez ces gens-là, ces bourreaux institutionnels, ces alter-égo, l’attitude de principe n’a pas changé. Par le biais du mensonge, on nous méprise en bloc. Il y a de ces commissionnaires qui nous approchent, nous séduisent, recomposent avec nous par roublardise, par malhonnêteté débonnaire, ils commencent à nous déverser leurs boniments, des fulgurances comme une cascade.
En deça où au-delà de l’univers nommé le Congo Brazzaville, nous sommes toujours présents par la parole et par l’écrit.
C’est dans l’instant où cette parole dessert le lien communautaire « le patois » et troue le réseau de représentations symboliques, « les réseaux » qu’elle nous délivre, qu’elle remet au petit peuple un sens très aigu de sa fierté légitime et de son émerveillement.
Pour ne pas gêner, les Congolais vivent en vrais cloportes, à la manière de ces crustacés qui vivent carrément sous les pierres et dans les lieux sombres. Le petit peuple ainsi vit d’expédients et de mendicité. On réprimande vertement les gens d’en bas par les gens d’esprit parce que les pauvres sont extrêmement vulnérables et reconnaissables.
les gens du peuple n’ont rien à côté des gens riches et des élites. L’oisiveté du peuple divertit les biens pensants par sa drôlerie, ça s’appelle le jeu des anomalies, l’opinion publique internationale doit sûrement être au courant, loin s’en faut, c’est pas vraiment son problème.
Au pays, nul ne peut se dérober à la contrainte, le clouage est là, sur un fond d’ombre, diffusant un effet de lumière trouble. Ᾱ travers les petites parcelles de vie, la masse silencieuse est là, débonnaire, face aux prestidigitateurs.
Le mauvais sort, ce spectre qui nous obsède, dans la mortification de la chair. Tous ces affidés, les trouble-fête qui font leur métier de service, leur boulot d’appariteur de maison, ce sont des tanneurs qui vendraient volontiers nos peaux à l’ennemi pour un kopeck, avec ce large sourire folichon.
Il y a l’opprobre au bled, dans un obscurantisme villageois. Malgré tout, nous sommes la vigie d’un pays fracassé. Par nos écrits et par nos paroles que nous hurlons au quotidien dans l’urgence, nous refusons la fatalité et les formes de sadisme que revêt l’arbitraire dans son sein.
Bon Dieu de bon Dieu ! Mais quelle lutte mener et avec qui pour recouvrer notre respect ?
Le résultat, c’est la dégradation de la situation continuelle au jour le jour. Des coups qui se font entendre comme des clappements avec violence et bruit. Aucune position n’est totalement clarifiée. Les habitants se claquemurent, s’épuisent, dans une sorte de réclusion volontaire. Au dehors, les gens sortent d’une façon espacée car la police présidentielle est lasse de toujours punir ceux qui ne sont coupables en rien. Dans les marchés, les administrations, les citoyens évitent de se choquer en faisant des gestes et des pas silencieux, l’ambiance et la pression sont à peine vivables. Des esseulés, des maussades qui vivent dans des clapiers, ces cabanes en planches pour les lapins domestiques. Les enfants crient de faim, tels de petits chiens-chiens au clabaudage constant. La plus grave des voix de femme hurle au quartier en voyant des scènes répétées de désordre et de confusion.
Nous voulons être des alucites, ces voisins de la teigne dont la chenille cause des dégâts immenses aux céréales. Hélas, nous n’avons ni papillons à ailes gris-jaunes, ni céréales pour la fête populaire …..
Ᾱ l’horizon, tout est désert.
Bon nombre de pays africains, avec tout ce qu’ils possèdent dans leurs sous-sols, devraient apporter à leurs citoyens une vie d’abondance et d’insouciance, la vie de cocagne au lieu d’un semblant de vie, se cloitrant dans des mansardes sordides.
Même au Congo, pour le moment, il n’y a pas de solution de remplacement. Le goinfre perdure dans cette auto-investiture solennelle de chef de l’Ẻtat comme celle conférée à un matador, pour l’élever au rang de « matador de toros ».
C’est la faute à personne si la situation au pays s’est dégradée, disent-ils, c’est la faute à la crise. Nos pays sont indignes par la manœuvre de leurs dirigeants, par dessus tout, nous imposerons, par nos actions, l’immense travail de clarification et les exigences de la démocratie.
Sassou Nguesso entretient avec le pays une relation incongrue et comique, c’est un pantin de l’hyper-mondialisme, il ne sert à rien, comme toujours. Il a des difficultés particulières à dire non à ses patrons, non aux scandales liés aux ressources.
Les grands événements récents dans l’ancienne Afrique équatoriale française et dans les pays francophones des grands lacs demeurent très préoccupants. C’est une longue période d’attention et de vigilance qui doit commencer à nous interpeller.
La crédibilité de tous ces chefs d’Ẻtats est entamée, bafouée. Aux yeux du citoyen, nos dirigeants ne sont pas crédibles, ils demeurent cupides, faux, aventuriers et inconstants, leur milice casse tout et le peuple vit dans la misère. Tout est irrationnel.
Les projets de ces tyrans sont suicidaires, ils cultivent l’échec au quotidien. La sottise là-bas est traitée avec vigueur et pénétration dans la société. Mais pourquoi méritent-ils ces troublions de chefs, entre les tourbillons de la vie et les drames au quotidien qui s’installent en nous, une considération particulière ?
Le début du 21ème siècle annonce le roman d’une crise profonde et d’une débâcle existentielle dans toute l’Afrique subsaharienne.
Le climat dans toute l’Afrique se délite et les gens ne se rendent pas compte avec exactitude de la réalité du moment. Nos pays sont dans le chaos. L’improvisation et l’aventurisme de nos dirigeants sont intimement liés. La première illustrant le caractère parfaitement irresponsable du second.
C’est au peuple africain, dans toute sa légitimité, de choisir lui-même ses dirigeants, parmi ses fils méritants, dans une projection idéale de la tolérance.
Nous nous sentons à l’étroit, à mesure que dans nos pays la tyrannie avance, le vide se fait autour de nous. Pour les gens avertis et éduqués, voir des Nations qui s’effondrent produit toujours une sensation d’étrangeté. Nos dictateurs vivent au cœur, à l’intérieur d’un monde qu’ils créent.
Du Mali à la Centrafrique et au Tchad, du Congo au Zaïre (RDC), ainsi qu’au Rwanda, la démocratie se doit d’être ancrée en nous, entre l’éphémère d’un côté et l’universel de l’autre.
Il faut dire que la patience sera de mise.
Dina Mahoungou Le 12 janvier 2014
Ecrivain et journaliste médias
Auteur du roman : « Agonies en Françafrique » aux éditions l’Harmattan
Auteur du recueil de nouvelles : « Les parodies du bonheur » aux éditions Bénévent
CONTRE CULTURE RÉFRACTAIRE: L’AFRIQUE NOIRE EST-ELLE UNE SOCIÉTÉ DE-STRUCTURÉE OU DÉSORGANISÉE?
Incroyable mais vrai, 60 à 70 % des ex chefs d’état et de gouvernements africains terminent le plus souvent le reste de leur vie en exil. Oui, c’est la honte et le déshonneur d’une certaine mentalité anti-démocratique de tout un peuple et d’un continent.
Les médias, historiens, chercheurs, artistes, intellectuels et politiciens africains passent l’essentiel de leur recherche sur les dégâts causés par l’esclavage, la colonisation et l’apartheid que ceux causés par les 50 ans des dictatures africaines.
Celles-ci ont en à peine 50 ans d’indépendance décimés près de 10 millions d’africains et ont conduit 30 à 40% d’intellectuels, de meilleurs cerveaux ou de matière grise à résider hors du continent noir.
En occident, les mauvaises langues pensent que les noirs ne peuvent se comporter comme des démocrates que lorsqu’ils sont soient chez les blancs ou soient encadrés par les occidentaux. Les comportements des présidents noirs en Afrique du Sud et aux USA sont des parfaites illustrations du cadrage démocratique de l’homme noir par l’homme blanc.
Sinon, comment imaginer qu’en 54 ans d’indépendance toute l’Afrique subsaharienne à majorité noire ne soit pas capable de structurer et d’organiser des sociétés libres, démocratiques, éduquées et civilisées?
Les africains pensent certainement à la théorie du complot ou du bouc émissaire (esclavage, colonisation, néocolonialisme, apartheid, dictature, ingérence, francafrique, etc) pour justifier leur incapacité mentale ou chronique à la démocratie. Tant qu’à faire !!!
LIS LES INEPITIES DE TON FRANCOIS BIKINDOU DINA MAHOUNGOU : Je voudrais vous souhaiter à tous mes vœux les meilleurs pour cette nouvelle année 2014: bonne santé, réussite dans vos projets et surtout suivez votre chemin en tenant compte de vos convictions et non pas des racontars, de la médisance et des critiques infondées frisant la calomnie venant de la part des gens qui voient leur échec personnel à travers votre évolution sociale.
Merci LILIAN à vous de même.