Ils n’ont de vanité que par excès, vautrés dans tout, avec des dehors assez repoussants et un crime d’opinion qui fait d’eux des scélérats. Les flatteurs sont toujours là à attendre je ne sais quoi. Comme tous les animaux de la basse-cour, ils flairent la barrière et l’obstacle, ils ne s’aventureront jamais au-delà. Des jugeurs peu appliqués, dépourvus d’esprit et de clairvoyance, une caisse de résonnance. Des déclamateurs, des hurleurs qui répandent et sont « la voix du leader maximo ».
Tout cet assemblage d’attendris, d’ambitieux aux mœurs étranges mais utiles au tyran forment les majorités crottées, le résidu des gens bien doués dans la fantaisie et la feinte. Des êtres au mépris hautain qui parlent fort, qui sont remuants et bruyants. La fatuité permet un peu d’assurance de soi chez ces gens-là, bien qu’ils soient utilisés dans les sphères et les besognes les plus basses et les plus médiocres.
Ici, à n’en pas douter, le courage de penser librement s’aigrit promptement. Voilà qui est singulier.
Des intellectuels ballots devenus par opportunisme régents et proconsuls (sui generis) au savoir instrumental, employables immédiatement à la défense de la grande cause du grand Mamamouchi. Nos petits soldats intellectuels, au sein du gouvernement, gèrent les indiscrétions, les imprécations, les commérages, les sortilèges, les malveillances et les sabbats.
Condamnés à l’impuissance et à l’apathie, sans aucun facteur de risque, nos hommes de pouvoir se conduisent avec réserve afin de préserver le chemin de leur ascension. Nos nouveaux gladiateurs veillent au processus de l’épuration, avec divers matériaux dont ils se servent comme les limites de la raison. Tandis qu’eux sont là pour protéger et consolider le pouvoir du chef, ils n’ont qu’à bien se tenir au regard de la tradition du secret.
Tous ceux qui n’interagissent pas comme eux sont leurs pires ennemis. Ces concupiscents, des fanatiques, des émotionnels livrent le fruit de leurs occupations et observations à la police politique. Alors, ils sauvegardent le pouvoir du chef de l’Etat.
Ces fondamentalistes gèrent le mal absolu avec un ressentiment petit bourgeois, champions de la haine véritable de l’autre, destructeurs par fonction. Ils se doivent d’anéantir la pensée des opposants politiques, indignes pensent-ils de vivre parmi eux.
A les entendre s’énerver, nous sommes les parasites rétifs qui refusons d’adhérer docilement à la pensée manichéenne du PCT. Au Congo, de nos jours, la posture pédagogique des bien-pensants est dégradée. Nos mandarins demeurent invisibles à force d’humiliations dans ce faux paradoxe, ce fol espoir n’est qu’un leurre. Parmi ce vaillant peuple qui baisse la tête sous le fardeau plutôt ulcéré, se disséminent des petites crapules casse-pieds, tous disposés à faire la propagande du chef de l’Etat mais ne savent pas où donner de la tête, quelle incurable folie !
Nos gens de bien dans leur position hautaine et confortable, riches au comble de tout le bonheur qu’ils peuvent désirer se complaisent dans les basses soumissions : enchevauchure, encliquetage, enfin tristes agents de propagande, tel est le destin qui leur est accordé.
La canonisation de la pieuvre par ses épigones est une vaste tromperie. Tous ces charognards sont dans le plébiscite, pères ambulants, mères indolentes, voilà le lot de ces plébéiens et de ces domestiques. Des hobereaux qui souffrent d’une félicité campagnarde et semi-bourgeoise : l’arrivisme, ventres proéminents, goinfres, petits bras, large sourire, démarche rassurante.
A quoi ça sert d’être éduqué, intelligent, connaitre les lumières si ces hauts fonctionnaires se vautrent dans un nihilisme bohème qui renverse beaucoup de nos évidences. Malgré le rejet exaspéré de la population congolaise, ces fameux savants n’ont aucune conscience de la mauvaise posture. Les félons ont travesti nos camarades en benêts, qu’ils sont tombés en déliquescence devant les rituels macabres et les bûchers de vanités.
Toutefois, ils reçoivent comme gratification des bien-fonds, le culte de Bacchus, boustifaille, parties de plaisir, argent de côté, c’est magnifique !
Ils ont accepté de bon cœur d’être les marches-pieds des puissants et pensent qu’un jour, l’autre, ils pourront s’élever eux aussi au firmament … Ah ! La belle affaire !
Des heureux jours qu’ils partagent avec les titulaires d’une dignité d’Etat et des commandants en chef victorieux : bectance, cabaret, voyages d’affaires, beuveries, surprises parties, échangismes … Grâce à Dieu, nous sommes chez les heureux du monde !
Cette promiscuité rend nos braves camarades braques, fêlés, fadas, cinoques et contents de l’être.
Le petit Robert, dictionnaire de langue française nous apprend, la becquée : ce qu’un oiseau prend dans son bec pour le donner à ses petits.
Les gens de Sodome, toujours présents à leurs postes, occupant leurs fonctions satellites, sont une garde prétorienne de mouchards. Un pacte faustien avec trente-six promesses à la clef qu’ils ont cosigné avec Lucifer … Joli tour de passe-passe !
Nos bien-pensants doivent demeurer fidèles sans motif de soupçons, sans arguments négatifs vis-à-vis du chef de l’Etat. Ils savent bien qu’ils vivent des situations réelles, prises dans l’événement historique … Et la roue tourne.
Chez ces gens-là, les éléments de la canaille sont dans l’usage commun : vendetta, sacrifices, acharnement, harcèlement, meurtres.
Ils sont entre eux, en somme, ces salopards : les qualificateurs de crimes abominables, les tueurs de masse, les participants passifs, les commandeurs actifs, les voleurs de bien-communs. Tous unis pour le meilleur et pour le pire, et ils sont toujours en liberté. La constance spécifique, quoi qu’il arrive, protéger « le leader maximo ». Drôle de mise au pas poussée à l’extrême.
A travers cette collaboration active de vendus, la tentative d’espérer échapper un jour prochain à la colère de la rue est nulle. Leur utopie aura fait naufrage, ce sont des hommes lâches qui nous auront quittés.
C’est le prix à payer, et voilà ce qui arrive quand on a vendu son âme à une divinité démoniaque.
Dina Mahoungou Le 16 mai 2015
Ecrivain et journaliste médias
Auteur des ouvrages suivants :
Trilogie romanesque : Kongoscopie
Tome 1 : Agonies en Françafrique aux Editons l’Harmattan (2010)
Tome 2 : Les parodies du bonheur aux Editions Bénévent (2012)
Tome 3 : Ô pays, couleur de cendre aux Editions Edilivre (2015)
Poésies : Le mémorial juvénile aux Editions St-Germain des Prés (1980)
La superbe de l’émotion aux Editions de la pensée universelle (1982)
Dans « La Marée du soir », Henri Montherlant a écrit « Il n’y a que deux partis dans un pays : ceux qui osent dire non, et ceux qui ne l’osent pas. Quand ceux qui ne l’osent pas dépassent en nombre considérable ceux qui l’osent, le pays est fichu ».
Comme sont partis les Bitsindou, les Bouissa Matoko et autres serviteurs zélés de petit Satan. Des morts avec les honneurs de la République mais des petites gens dans l’inconscient collectif.