S’interroger sur le patriotisme c’est s’interroger sur la liberté et comme dit Brissot, la patrie commence avec la liberté. Posons-nous la question de savoir qu’est-ce-que le patriotisme ? Pour le philosophe romain Cicéron, la vertu publique est considérée comme vertu patriotique par excellence. La patrie en son sens originel, désigne la terre des pères. La vertu publique qu’est le patriotisme consiste à conserver avec amour la chose publique que nous ont transmise nos ancêtres.
Avant les indépendances, la terre congolaise ne connaissait pas autant de déchirements. Pendant les années préparatoires à l’avènement de l’indépendance, les congolaises et congolais prennent l’élan patriotique de vivre dans l’unité, la concorde, et l’harmonie. Cette concorde et cette harmonie se traduiront par un sentiment que tous les congolais partagent ; l’amour du Congo, l’amour de l’autre, le sentiment d’appartenance à un seul pays. Plusieurs faits historiques viendront cristalliser ce sentiment d’appartenance commune.
Le premier fait nous l’accordons au colonisateur. Dans son fameux discours solennel du 15 août 1960 lors de l’indépendance du Congo, André Malraux, après avoir rendu hommage à Savorgnan de Brazza, et à Felix Eboue déclare : « Brazzaville, ville illustre pour toujours dans le monde des peuples libres ; hier haut lieu de la France combattante, aujourd’hui centre actif du développement de tout un peuple, devient la capitale d’un Etat indépendant ». Par ces mots André Malraux plante l’arbre de la liberté, et le Congo sera en Afrique Centrale le premier foyer moral, spirituel, et intellectuel qui devait éclairer les autres Etats. Les lumières sont nées, on assistera à la création du centre d’enseignement supérieur de Brazzaville (CESB), centre qui drainera tous les étudiants venus d’autres Etats d’Afrique centrale, puis à l’installation de l’organisation mondiale de la santé (OMS) etc…
Toujours dans leur élan patriotique de consolider leur jeune république, les dirigeants congolais d’alors vont prendre l’initiative d’organiser, du 18 au 25 juillet 1965, les premiers jeux africains du continent, tous les congolais et congolaises du nord au sud et de l’est à l’ouest, dans l’unité et derrière leur Président Massamba Débat, vont s’activer pour réussir ces jeux. Au final, ces premiers jeux africains furent une réussite. Les athlètes congolais prouvèrent aux yeux de tout un peuple la qualité de leurs prestations en remportant plusieurs médailles, à l’instar d’Elende qui fut la star de ces jeux.
Un autre évènement qui rehaussa le Congo c’est sa participation au festival mondial des arts nègres, tenu à Dakar du 1er au 24 avril 1966. Des personnalités de tous horizons y avaient pris part : André Malraux, Aimé Césaire, Jean Price-Mars, Duke Ellington, Joséphine Baker, Langston Hughes, Aminata Fall et bien d’autres. Ce festival avait une double ambition : festive et intellectuelle et tous les arts étaient représentés : arts plastiques, littérature, musique, danse, cinéma etc.…là encore, notre culture congolaise y fut dignement représentée. C’est ainsi que l’écrivain congolais Tchicaya U-Tamsi remporta le grand prix de poésie et l’orchestre les Bantous de la capitale, le prix de la musique.
Le quatrième évènement qui marqua la mémoire collective des congolais est la rencontre amicale de football entre l’équipe FC Santos du Roi Pelé et l’équipe nationale du Congo. Foundoux Mulélé nous rapporte que dans sa tournée africaine, l’équipe FC Santos du Roi Pelé devrait seulement rencontrer les équipes nationales du Gabon et du Congo Kinshasa et que le Congo Brazzaville n’était pas au programme. Mais grâce à l’élan patriotique du président Massamba Débat, celui-ci dépêcha un émissaire auprès des dirigeants du FC Santos pour que leur équipe accepte de jouer avec l’équipe nationale du Congo, c’est ce qui fut fait. Le 7 juin 1967 a lieu la rencontre entre les deux équipes. Au cours de ce match bien que Pelé ait aligné les meilleurs brésiliens de son équipe, du genre Manuela Maria, Garrincha, et autres, les internationaux congolais prouvèrent au Roi Pelé l’excellence de leur jeu et le match se termina par un score de 3 à 2 en faveur du FC Santos. Ce faisant, Jadot, Foundoux Mulélé ont driblé Pelé. Foundoux Mulélé prendra même le luxe de faire à Pelé un petit pont et son coéquipier qui était à côté de lui a sautillé comme s’il avait marqué un but. Ce qui fera dire au Roi Pelé « qu’en Afrique Centrale on connait aussi jouer au football »
Cinq années après, le football congolais atteindra l’apogée de sa gloire, avec la victoire éclatante de sa sélection nationale en finale de la 8è coupe d’Afrique des nations de Yaoundé 1972 en battant le Mali de Salif Keita par un score de 3-a 2. Les héros de Yaoundé s’appellent Bahemboula Mbemba « Tostao », Jacques Ndomba « Géomètre », Mbono « Sorcier », François Mpelé, Moukiila « Sayale » ; De retour à Brazzaville tout le peuple congolais dans un élan patriotique était en liesse ; le président Marien Ngouabi comme son prédécesseur, Massamba Débat, gagné par cette fierté patriotique exposera le trophée tant convoité au salon de sa résidence officielle, dans la lancée il prendra la décision de baptiser la sélection nationale du Congo du nom « des diables rouges ». Pour l’honneur, il recevra à déjeuner Bahemboula Mbemba « Tostao »artisan de la qualification des diables rouges.
Un autre domaine qui marqua la vie nationale du Congo en beauté est celui de la musique congolaise, car la poésie qui s’y trouve a déjà envouté plus d’un africain. D’ailleurs la dimension profonde de cette musique se trouve dans cette définition que donne Platon de la musique : « la musique est une loi morale, elle donne une âme à nos cœurs, des ailes à la pensée, un essor à l’imagination. Elle est un charme à la tristesse, à la gaieté, à la vie, à toute chose. Elle est l’essence du temps et s’élève à tout ce qui est de forme invisible, mais cependant éblouissante et passionnément éternelle ». C’est ainsi que les Bantous de la capitale premier orchestre mythique du Congo, remportera le premier prix de la musique au festival des arts nègres à Dakar ; la grandeur de la musique congolaise s’y reconnaitra aussi à travers la beauté de la femme congolaise, où les vedettes de la chanson congolaise des deux rives du fleuve redoubleront d’effort pour chanter cette Beauté; c’est ainsi Kallé, Rochereau, Mujos, Essou, Ganga Edo, Malapet, Pamelo, etc. … ne tariront pas d’éloge pour chanter la beauté de la femme congolaise symbole de la création divine.
Le Congo fut aussi dans les premières années de l’indépendance, le pays leader en Afrique pour les solidarités internationales relatives aux luttes des libérations nationales, mais aussi en ce qui touchait les persécutions des patriotes et militants d’autres pays.
Comme on le constate, dans les années qui suivirent l’indépendance les congolaises et congolais étaient réputés intelligents, travailleurs, ayant le gout de l’effort, du travail bien fait, vivant dans la joie, le respect des autres, la bienveillance, bref toutes ses qualités qui rendaient l’homme et la femme congolaise dignes.
Aujourd’hui, nous congolais manquons d’hommes et de femmes de caractère, dotés des vertus utiles à la république. Nous manquons d’hommes et de femmes de prière. Nous manquons de guides spirituels, et de vrais philosophes. Enfin nous manquons des dirigeants vertueux et inspirés, moralement et spirituellement structurés.
Notre république ressemble aujourd’hui à Rome avant sa chute ; où l’immoralité et le vice furent la marque de fabrique. Ce que témoigna Caton au sénat de Rome dans le procès de Catilina : « Gardez-vous de penser que ce soit par les armes que nos ancêtres ont fait la république, d’abord si faible, un puissant empire. S’il en était ainsi, nous la verrions, aujourd’hui bien plus florissante, puisque nous avions d’alliés, plus d’armes ; d’autres moyens, qui nous manquent fondèrent sa grandeur ; au-dedans l’activité, c’est-à-dire le travail, la créativité, la recherche, la culture ; au dehors l’éthique, l’équité dans les délibérations, un esprit libre dégagé des passions et des vices. Au lieu de ces vertus, nous avons le luxe et l’avarice, la pauvreté de l’Etat, l’opulence des particuliers ; nous vantons les richesses, nous chérissons l’oisiveté et la paresse ; nulle distinction entre les bons et les méchants ; l’ambition possède toutes les récompenses de la vertu. Et il ne faut pas s’en étonner ; lorsque vous vous rendez esclave, chez vous de vos plaisirs, ici de l’argent ou de la faveur et de la corruption, il en résulte que l’on se jette de toutes parts sur la République abandonnée »
Et quand l’orgueil, le sensualisme, l’oubli de tous les devoirs, l’absence de la norme, le mépris et le non-respect des autres, l’injustice sont arrivés à une certaine limite alors la justice divine apparait ; et ce ne sont ni les grandes phrases, ni les combinaisons de tous genres (monologue de Sibiti) qui peuvent nous sauver ; écoutons Bossuet : « Il faut être aveugle pour ne pas voir qu’il y a une puissance occulte et terrible, qui se plait de renverser les desseins des hommes, qui se joue de ces grands esprits qui s’imaginent remuer tout le monde et qui ne s’aperçoivent pas qu’il y a une raison supérieure qui se sert et se moque d’eux, comme ils servent et se moquent des autres » ; tous ceux qui ont bravé cette raison supérieure ont été dans l’abime, ils s’appellent, Hitler, Mussolini, Franco, Pinochet, Ceausescu, Amin dada, Saddam Hussein, Mobutu, Ben Ali, Moubarak, Kadhafi, Samuel Do, Blaise Compaoré, etc…
Nous disons que le patriotisme est l’axe de rassemblement, quand le pays se fracture dans la crise et s’inhibe dans la décomposition, la désorientation et l’obscurantisme. Le patriotisme est aussi la lumière éveillée des intelligences qui servent de boussole à ceux qui languissent dans l’idolâtrie. Le patriotisme enfin c’est la résistance contre l’oppression, telle est la leçon historique que nous enseigne le geste insurrectionnel de Tchimpa Vita, la Patriote.
Par Marcel ABIGNA
Diffusé le 12 aout 2015, par www.congo-liberty.org
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Tres bon article Cher Grand Frere. Si seulement les voyoux qui nous font mal depuis des annees pouvaient le lire!
Très bel article.En parlant des héros de Yaoundé,l’auteur à citer le nom de NDOMBA JACQUES « le géomètre’.Ce dernier n’était pas à Yaoundé,il a participé à la CAN de 1974.
Vous aviez raison Socrates, mon neveu Ndomba n’était pas à Yaoundé. C’est bien de le souligner. Par contre peux t on envoyer ce beau texte à SASSOU qui apparemment ne sait pas lire les signes du temps.
très bèl article….ca donne les larmes aux yeux…ce pays qui a l’indépendance était la fierté de tout un continent, petit par la taille et sa population..mais qui était compté parmi les grandes nations africaines, aussi bien dans l’histoire (royaume Kongo, pivot de l’AEF et des indépendances, mouvements de libérations des peuples noirs…), dans l’économie (parmi les pays francophone les plus industrialisés a l’époque, des usines dans tout le pays, huilka, Offnacom, OCC, sotexco, Cidolou….), la santé (siège africain de l’OMS, l’hopital général de brazzaville un des plus grands d’Afrique, centres de santé dans tout le pays), l’éducation (première université d’afrique centrale, les plus grands lycées de l’UDEAC, quasiment 100% de scolarisation et d’alphabétisation, chaque quartier de brazza et ponton avait des écoles et des collèges), les transports (lina congo avec des pilotes et personnel congolais et non des blancs comme ECAIR), les villes (brazza la verte, etait une des mieux urbanisée avec des rues numérotées et ordonnées, des parcs, des beaux batiments, des transports publics, ramassage des ordures et faisait partie des plus belles villes francophones avec un riche patrimoine colonial architecturale et des quartiers « africains » certes modèstes mais ou il faisait bon vivre), la culture (brazza était un véritable quartier latin, pays qui avait des grands écrivains de renom, ecole de peinture de poto poto, la Rumba qui faisait danser toute l’afrique, premier pays d’afrique noire a avoir une chaine de TV, permière Radio lancée par le général de Gaulle), le sport (organisation des jeux africains, plus grand complexe des sports de la zone à l’époque, premier pays de l’UDEAC à remporter la CAN, bien avant le Cameroun!, champion de hand ball, athlétisme….), la diplomatie: sièges de plusieurs institutions régionales, des nombreux accords signés a brazzaville (UDEAC, BEAC, UAPT….), notre capitale etait la capitale diplomatique d’Afrique centrale!!!…Le congolais était une personne fière, propre sur lui, travaillieuse et comptait parmi les éilites africaines….Brazzaville avec son quartié poto poto était la ville la plus cosmopilte de la sous region, les étrangers étaient content de vivre au Congo, Pointe Noire était consiérée par les marins et les européens comme la plus belle station balnéaire d’afrique centrale…le congolais était traité avec respect par les autres africains, tout ca sans le pétrole!!!….aujourd’hui quand on parle du congolais…c’est le congo « zoba » et le « mbémba », on nous traite de bon à rien à part danser le ndombolo et exceler dans le maquillage, la fénéantise et le vol des fonds publics!!!
Bravo Mr ABIGNA, Massamba Débat et Marien Ngouabi étaient les présidents qui aimaient leur pays, dans presque tous les domaines le Congo brillait, le Congo notre pays était le sanctuaire de la vie morale, spirituelle, et intellectuelle, André Malraux a raison de dire ville illustre pour toujours. Le Congo Brazzaville sera toujours pour l’éternité une ville exemplaire, pour défendre la liberté, la charité, et autres vertus; n’en déplaise à Sassou et sa clique qui baigne dans l’ignorance et l’orgueil mal placé.
Cher parents bonjour,
Je suis très flatté de tout ce que vous dite sur ce site et merci infiniment
Mais mon humble avis, je pense que changer la constitution ou pas là en ai pas la question, je crois que si vous et nous, nous sommes toujours cette force-là endogène qui entre en concubinage insaincieux avec la force exogène notamment la France qui nous détient encore captif par les comptes d’Operations en France et avec beaucoup bien d’autres choses comme pillage du pétrole et le carnage de nos leaders africains, nous ne pouvons pas délivrer notre beau pays le Congo entre les mains d’un sanguinaire et dépité de la France au Congo baptisé par un certain JACQUE FAUCARD, le missionnaire français dans une politique de tuer, diviser et violer nos éthique constitutionnels . Alors je nous demande quoi ? Je voudrais que nous même d’abord, nous soyons très honnêtes, sérieux, unis, patriotique et dynamique, alors là nous vaincrons. Car les enjeux politique de la France sont de nous pousser à nous centre tuer entre nous, nous diviser pendant que eux, ils profitent de cela. Mes chers frères, citoyen congolais, je ne voudrais pas vous inviter à regarder de ce qui se passe à ailleurs mais d’être curieux de savoir que nous avons notre destin en main… je vous remercie. Que Dieu bénisse le Congo et tous les congolais qui aiment d’abord leur pays le Congo, car celui qui aime d’abord son pays ne pourra jamais le faire un royaume pour sa famille, son ethnie, et son parti politique. Merci de plus .Je suis Afrique media au Cameroun.