Parlant du franc CFA1, à l’occasion d’un discours devant les députés sénégalais, François Hollande disait en substance ceci : ‘’La solidarité, c’est (…) la consolidation de la Zone franc. Que l’on me comprenne bien, les monnaies communes à l’Afrique de l’Ouest et à l’Afrique centrale constituent un véritable atout, notamment en matière d’intégration régionale, et la stabilité monétaire est un avantage économique précieux (…) Je suis convaincu que les pays de la zone franc doivent pouvoir assurer de manière active la gestion de leurs monnaies et mobiliser davantage leurs réserves pour la croissance et l’emploi.’’
Mais il y a lieu de relever une fausse note dans ce discours, notamment le propos spécieux et démagogique qui est loin d’être en adéquation avec la réalité. Comment ces pays du pré-carré français pourront-ils “assurer de manière active la gestion de leurs monnaies et mobiliser davantage leurs réserves pour la croissance et l’emploi’’ quand on sait que la spécificité coloniale de la tutelle monétaire exercée par la France sur une quinzaine de pays d’Afrique n’a jamais connu de remise en question? Il n’y a aucune sincérité à ce sujet, c’est pourquoi un constat lucide, sans concession et sans complaisance s’impose : la France freine des quatre fers le développement de ses ex-colonies au point d’y perpétuer un impôt colonial, au moyen d’une monnaie coloniale d’inspiration nazie et dont elle en tire largement profit. En effet, sous l’occupation de l’Allemagne nazie, la France a subi un système monétaire imposé par les allemands qui, selon Pierre Arnoult: «L’institution et le fonctionnement du soi-disant accord de compensation valurent à l’Allemagne des avantages considérables. Grâce à lui, elle put acheter gratuitement et sans limitation toutes les ressources françaises nécessaires à la poursuite de la guerre et à la subsistance de sa population»2. Les nazies soutiendrons donc l’effort de guerre en s’accaparant donc allègrement et sans bourse délier des richesses de la France, pays conquis, et ce, au moyen d’un stratagème monétaire inique.
En effet, après la libération, la France impériale, par machiavélisme, imposera à son tour le même système de prédation à ses colonies. Lequel est, hélas pérennisé à souhait jusqu’à nos jours, incarnant ainsi un néocolonialisme outrancier et pervers basé sur l’exploitation financière de ses ex colonies. Comme le dit Tchundjang Pouemi : «La France est, en effet, le seul pays au monde à avoir réussi l’extraordinaire exploit de faire circuler sa monnaie, et rien que sa monnaie dans des pays politiquement libres »3. A cela s’ajoute le pillage éhonté des matières premières du continent acquises gratuitement et dont on encourage guère la transformation en Afrique même. A cet effet, le professeur Nicolas Agbohou4 aura jeté un pavé dans la mare quand il dénonce l’escroquerie sinon le crime économique de la France consistant à se procurer des matières premières en Afrique en débitant les comptes d’opérations des pays africains de la zone CFA, localisés à la Banque de France, sans pour autant les payer concrètement. En clair, cet approvisionnement en matière première est gratuite pour la France. C’est ainsi que les pays africains de la zone CFA sont pris en otage par la France dans la mesure où leur argent est régis par de nébuleux comptes d’opérations dont seule la France connaît le secret. En effet, le contrôle et la gestion de cet argent provenant des pays africains ainsi que d’immenses intérêts générés est du seul ressort de la France.
Le franc CFA est manifestement le fer de lance du pillage des économies des pays du pré carré. C’est une monnaie qui, loin d’endiguer le sous-développement et la pauvreté des Africains, contribue significativement à la grandeur économique de la France néocoloniale. Ainsi en témoigne Jean Boissonnat, membre du Conseil de la politique monétaire de la Banque de France (1994-1997): «La zone franc a permis à la France de se fournir en certaines matières premières (plomb, zinc, manganèse, nickel, bois, phosphate, oléagineux, uranium…) sans débourser des devises. On a calculé qu’elle représentait (pour la France) 250 millions de dollars par an d’économies de devises. La métropole a acheté, en 1954, pour 365 milliards de marchandises (principalement des produits). On a estimé que 500.000 Français de la métropole tiraient leur moyens d’existence de l’ensemble économique de la zone franc.»5
A l’évidence, le maintien du Franc CFA (Colonies Françaises d’Afrique) s’apparente à un impôt néocolonial imposé par la France et qui me pousse à déclarer ceci : “On est face à un mécanisme de spoliation et d’asservissement financier pompeusement estampillé « légal ». Par ce système inique et pervers la France exploite plus que doublement les Africains. C’est ici le comble d’une Afrique à la fois riche, paupérisée et réduite en mendiante ! En somme, les Africains ploient sous le joug d’une dictature monétaire quand ce n’est une servitude financière. La France prospère allègrement sur le terreau de la misère des Africains et contribue ipso facto au développement du sous-développement. On ne le dira jamais assez la prétendue “douce” France et droit-de-l’hommiste est en partie responsable de la misère et de la pauvreté chroniques imposées aux Africains.”6 Il n’y a donc aucune cohérence, aucune adéquation entre les déclarations d’intention et la réalité. En fait, face à la complaisance coupable des dirigeants africains, Tchundjang Pouemi tire sur la sonnette d’alarme: « Aujourd’hui, faute d’accorder aux questions monétaires l’attention qu’elles méritent, l’Afrique inflige à ses enfants, et plus encore à ceux qui ne sont pas encore nés des souffrances tout à fait gratuites».
Et ces souffrances injustes sont telles que acculés par la misère, la guerre et la férocité des tyrans qui sévissent sur le continent, les jeunes africains montent à l’assaut de la forteresse Europe, au moyen des bateaux de fortune au péril de leur vie. Depuis, la méditerranée s’est transformée en un vaste cimetière enregistrant au quotidien d’incessantes hécatombes de cargaisons humaines, au point où des milliers d’âmes de jeunes noirs gisent dans les abysses. Ce lieu, désormais macabre, a connu 3500 morts en 2014 et près de 1 800 migrants (femmes et enfants compris) engloutis depuis le début de 2015. Mais ce qu’il convient de déplorer dans cette tragédie humaine, c’est l’attitude de la prétendue droit-de-l’hommiste France qui, par dépit, s’est engagée dans l’opération de secours des infortunés naufragés ou boat-people de la misère, pour par la suite les conduire directement en Italie.
Dans le même temps des consignes de fermeté sont données par les autorités françaises en vue du renforcement des mesures de sécurité à la frontière franco-italienne où les migrants qui tentent de gagner la France, une fois appréhendés par la police, sont reconduits illico presto et manu militari en Italie. On ne peut qu’être indigné et j’avoue mon incompréhension devant ce manque d’élan compassionnel de la part d’un pays qui s’enrichi allègrement et grassement sur le dos des Africains. En effet, la France est opposée à l’accueil de ces pauvres hères, parias et damnés de la terre au point de demeurer sourde à l’appel de solidarité lancé par la Commission européenne pour l’instauration des quotas de migrants. Comme pour traduire dans les faits la déclaration non moins raciste et xénophobe de l’ancien premier ministre Michel Rocard, à savoir : “La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde.” On le voit bien, la pseudo douce France, foulant au pied le devoir d’humanisme, est frileuse sinon rétive à l’idée de prendre fidèlement sa part de ses souffrances et de cette misère dont elle participe activement à engendrer sur le continent, au moyen d’un impôt colonial.
A l’évidence, cet état de fait constitue une exception française, d’autant qu’aucune autre puissance impériale et coloniale au monde n’a perpétué une tutelle monétaire aussi perverse. En effet, cet immonde système de prédation monétaire, par lequel la France impose la misère au peuple noir est foncièrement immoral et illégal, tant il relève de la criminalité économique qui ne saurait d’ailleurs grandir ce pays. Au regard des masses d’argent indues, qui sans cesse ont été siphonnées en Afrique depuis 1945 et continuent à être pillées de nos jours, lesquelles sont accumulées au trésor français; il sied donc d’inférer sans coup férir que les Africains ont le droit légitime de venir jouir de leurs richesses, constituées d’immenses réserves de change, fruit de leur travail et de leur sueur, indûment accaparées et confisquées par la France. C’est pourquoi je dirais avec l’homme intègre et digne fils d’Afrique Thomas Sankara : “Les Africains ne sont guère redevables des occidentaux, c’est plutôt le contraire.”
1 Le franc des Colonies Françaises d’Afrique est devenu le franc de la Communauté Financière Africaine (Fcfa). Cette monnaie a été créée le 25 décembre 1945 par le général de Gaulle, conformément à l’article 3 du décret 45/0136. C’est un mécanisme colonial mis sur pied par la France pour lui permettre de maximiser le profit non seulement des ressources financières, des richesses naturelles, mais aussi du travail des Africains.
2 Pierre Arnoult, Les finances de la France sous l’occupation allemande (1940-1944), 1951, p.192
3 Joseph Tchundjang Pouemi, Monnaie, servitude et liberté: la répression monétaire de l’Afrique, 1980.
4 Jean Boissonnat, “La Zone Franc: Survivance du Passé ou Promesse d’Avenir”, dans La Croix, 17 février 1960.
5 Nicolas Agbohou, Le franc CFA et l’Euro contre l’Afrique, Editions Solidarité Mondiale, 1999.
6 René Mavoungou Pambou, Le franc CFA : un anachronisme colonial, Zenga-Mambu, 2012
René MAVOUNGOU PAMBOU
Unis Pour le Congo
Secrétaire chargé des questions éducatives et culturelles
La France est dans son rôle d’asservir et paupérisée ses ex colonies. Cette imposition ou dirais- je cette dépendance monétaire imposée par la France a ses ex colonies est source de survie pour sa propre économie. Les africains doivent comprendre que nous ne vivons pas dans un monde ou il y aurait d’un côté les gentils et de l’autre les méchants. Chaque pays essaie de tirer profit de l’ignorance et de la naïveté des autres. C’est aux africains de prendre courage et de se rendre compte que le FCFA joue en leurs défaveurs. Tant que nous africains ne comprendront pas qu’il n’y a que les intérêts qui priment entre nations, nous resterons toujours ceux sur qui les autres viendront essuyer leurs pieds. En conclusion, ce n’est pas la France qu’il faudrait blâmer mais plutôt ses ex colonies.
Ceux qui veulent changer les choses, agissent et ,les autres parlent, parlent et parleront encore longtemps…
Nous sommes indépendants depuis 1960 et acceptons encore l’asservissement…
Nous ne pouvons que nous prendre à nous-mêmes car le reste n’est que sempiternelle excuse.
Il n y a que les Africains comme sassou, feu bongo, feu mobutu, feu Kadhafi, … qui pensaient et qui pensent encore qu’ils ont des amis français. Degaulle avait été largement clair: Une nation n’a jamais d’amis, elle n’a que des intérêts.
Je suis tout simplement écœuré d’entendre nos petits hommes politiques africains parlé d’amis français, d’amis blancs,… Ils sont vraiment nuls. Un ami blanc, ça n’existe pas.
Qu’est ce qu’un blanc peut venir faire au Congo dans un environnement sale et repoussant qu’est Brazzaville si ce n’est que pour se faire les poches !
Un type m’avait dit un jour, si tu parles de changer la monnaie, tes jours seront comptés, je lui demandais mais pourquoi, il m’avait répondu, les français vont par personne interposée si ce n’est d’autres africains te couper la tête.
L’esclave est le seul a coupé ses chaines mais pas le maitre. L’alternance démocratique est la solution en afrique.
Que peut faire un sassou aujourd’hui face à la france, il est prêt à tout donner même gratuitement pour conserver le pouvoir.
L’alternance protège le pays et son peuple.
Bonjour la République
la victimisation logique africaine tous nos malheurs sont le fait des autres;rien que la langue francaise qui nous permet de communiquer entre nous,est pour beaucoup dans notre evolution;quand a vos reves de replie sur soit meme j espere que vous n iraient pas a l illimination morale ou physique de ceux qui ne voudront pas vous suivre.
Ce sujet existentiel rsique de subir un cyber-boycotte des plus détalant. Et pour cause. L’auteur de l’article ose illustré la tartufferie du chevalier Flamby. L’idole des « sans dents » (d’après le best seller élitiste de Valou Trierweller qui fait le buzz au pays de Voltaire) de la soit disant diaspora et des cités HLM, sur sa célèbre monture de scooteur nocturne. A bord du quel ont pris place de nombreux adeptes du gauchisme intellectuel cocufiant. Voyez vous, ce grave paradoxe a été souligné plus d’une fois dans différents articles, car le nazisme monétaire est une réalité juridique imposée par la france et qui se perpétue. En dépit de tout clivage idéologique Droite/Gauche ou alternance au pouvoir qui fait rêver les congolais. Mais ce banal sigle énigmatique ne susciterait aucun débat polémique, si il n’était pas accompagné d’un scandal permanent et cinquantenaire. Dont le symbole reste la dette publique impayable, sans oublier le non moins scandaleux compte des opérations qui nous a été littéralement confisquer manu militari par le trésor francais. Ceci étant, une seul solution demeure: que l’UA décrète un jour l’abolition du FCFA et songe à battre une monnaie continentale. Sinon faut il rappeler les véritables causes de la destruction de la Libye par l’OTAN ? Inutile de révéler davantage que la nouvelle banque centrale panafricaine prévu à cet effet aurait vu le jour en Tunisie et que les Présidents Moubarak, Ben Ali, Kadhafi et d’autres chefs d’etats africains avaient signés la fin de la suprématie du dollar et de l’euro. Eh bien, la suite nous la connaissons. Puis que le fameux Printemps Arabe (c.-à-d. le banquier apatride G.Soros ou la CIA) est passer exactement sur cet axe là, à l’insu de l’opinion africaine bernée par les médias avec les « grandes valeurs » occidentales. Force est de constater que la diaspora la plus « intelligente » du monde, généralement composée d’idiots utiles (selon Lenine) au service des prétendues ONG (Transparency International, Sherpa, Survie… compte d’opération connait pas ?) dites « indépendantes » et des soit disant démocrates gauchistes luttant contre la « france-Afrique » imaginaire, demeure parfaitement amnésique face au plus grand scandal monétaire de l’Histoire. Or, ceux ci ignorent qu’un certain J.Ferry (père spirituel de F.Hollande) du parti socialiste et de la Gauche bourgeoise fut le véritable cerveau penseur du colonialisme francais. Quant au Gal De Gaule, ce n’était qu’un célèbre tankiste déserteur nommé verbalement en exil, doubler d’un patriote pragmatique. Un énième planquer du Blitz Crieg, de la redoutable Wermarcht, du réaliste régime de Vichy et du IIIème Reich Nazi colonisateur de la france arrogante qui prétendait à la possession de colonies en Afrique. Notamment au Congo, où ce grand francais a été admis en réfugié politique, dans sa « Case » au milieu des indigènes (d’après ses mémoires) de Bacôngo à Brazzaville. Enfin, la fameuse Résistance francaise de la 25ème heure ne doit son mythe qu’au seul courage des Tirailleurs africains qui ont libérés Paris, au prix d’un lourd sacrifice jamais récompensé à ce jour. Si l’on en croit l’histoire tragique d’un massacre au camp de Thiaroye, symbole de l’ingratitude des blancs en vers leurs Héros Noirs. Pis aujourd’hui, on va nous apprendre la bonne gouvernance, la transparence pétro-financière, ainsi que la démocratie.
JE NE SUIS LOIN D ETRE DOGMATIQUE.JE PENSE QUE LE JOUR VIENDRA OU LE CONGO OU L AFRIQUE PRODUIRA ASSEZ POUR AVOIR SA MONNAIE.L IDEE DE CREER SA MONNAIE POUR DES CONSIDERATIONS IDEOLOGIQUE ME REBUTE .