Le complot téké : mythe ou réalité ? Par DJESS DIA MOUNGOUANSI

Djess la Plume libre

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« Quand on creuse un piège pour son ennemi, faut pas creuser trop profond, car on ne sait jamais… »
Les mémoires d’outre tombe de Ntamb’Pinda.

Autant un fœtus a besoin d’un placenta pour se développer convenablement tout le long de la grossesse ; autant toute dictature a la nécessité atavique de s’inventer, pour sa perpétuation des ennemis, plus fantasques les uns que les autres. Alliant cynisme et rapacité, Sassou, le lecteur assidu de Machiavel, n’a jamais fait une quelconque économie de ce postulat. Au contraire, il en a usé et abusé à satiété. « La théorie du complot », moyen implacable pour terrifier les voix dissidentes et de museler l’expression, devient la quintessence de sa stratégie de …survie.

Nietzche nous avait prévenus : «plus le mensonge est gros, plus on y croit». Il aurait dû ajouter à l’attention des exégètes, adeptes de conclusions faciles, que la désillusion n’en serait que plus grande et le dépit plus prononcé une fois la vérité ramenée à ses justes proportions.

L’enjeu majeur tourne autour de la conservation du pouvoir par l’ethnie Mbochi qui a propagé son venin dans les tréfonds congolais, notamment en s’accaparant, sans aucune gêne, de tous les postes à responsabilités militaires et civiles sur toute l’étendue du territoire national. Mettre toutes les chances de leur côté, suppose une parfaite maîtrise d’une palette d’éventualités, convergeant toutes vers la conservation du pouvoir au sein du clan d’Oyo. Ce qui était au demeurant leur secret d’Alcove s’est allègrement mué en secret de Polichinelle.

Au même titre que les Illuminati, cette secte occulte disparue depuis 1789, remise au goût du jour par l’écrivain Dan Brown en 2000, qui présiderait aux destinées du monde ; les officines d’Oyo ont mis les tékés en ligne de mire, parce qu’ils concocteraient un plan conspirationniste visant ni plus ni moins, la fin du système immonde de Sassou.

Qu’à cela ne tienne, la hantise du complot téké est-elle crédible ? Peut-on dégotter, dans le macrocosme politique congolais actuel une série d’événements suivant un plan concerté et orchestré secrètement par les téké en vue de ravir le pouvoir des mains du clan d’Oyo ?

Pour répondre à cette kyrielle de questions, j’ai opté pour une démarche qui emprunte tout autant à l’observation qu’à la réflexion pure.

C’est un truisme de le rappeler : les fantasmes d’une pérennité dictatoriale caressés par Sassou, ont été tout bonnement ébranlées par la cristallomancie de ses féticheurs, à travers laquelle, ils auraient vu une horde de tékés succéder allègrement à son long et infécond règne. Reprenant à son compte les inepties de Jacques OKOKO « Même les tékés veulent diriger ce pays ? », il s’applique désormais à conjurer ce funeste destin. Ce n’est pas une sinécure.

Ironie de l’histoire, les cadres militaires et civils tékés qui l’avaient aidé à réaliser son coup d’Etat du 5 juin 1997, sont désormais en proie à une psychose d’arrestation imminente. Des courtisans suborneurs de l’Oyocratie, rivalisent de zèle pour traquer ceux- là qui furent leurs alliés sûrs dans la mise à mal du processus démocratique né de la CNS.

Pour avoir les coudées franches, Sassou a, au préalable battu les flancs dans la partie septentrionale, en réduisant à néant les velléités déstabilisatrices des «  katangais ». A la faveur du réaménagement militaro-politique de 2002, ils avaient été simplement évincés des postes stratégiques de l’Etat.

Les officines d’Oyo ont concocté une stratégie basée sur l’articulation d’un schème, où le subjectif se mêle à un fétichisme abject. Sassou est désormais persuadé que les complicités de Florent Tsiba et de André Obami Itou ne suffisent plus pour anéantir la menace téké. Or la réalité est plus subtile que ça.

Pour arriver à ses fins, Sassou a méthodiquement attaché du plomb dans l’aile de quelques tékés susceptibles de contre carrer ses projets monarchiques de 2016. Sans coup férir, l’ex-insaisissable Okombi Salissa était frappé de disgrâce. Après son éviction du gouvernement, sa machine de guerre, le CADD-MJ fut tout bonnement dissout, remplacé par la FMC. L’époque où il se distingua dans le rôle de redoutable chef cobra au service de Sassou, brisant des vies et des carrières, est révolue. Depuis son retour à Brazzaville, lui et le bras armé de Sassou, JF Ndenguet se regardent en chien de faïence. Chacun prêt à dégainer.

Des lourdes suspicions pèsent depuis un certain temps sur Maître Martin Mbemba , accusé par Sassou et son clan de ne pas s’être suffisamment impliqué dans la défense du pouvoir dans l’épineuse affaire des disparus du Beach qui les empêche de dormir. Son âme de défenseurs des droits humains, aurait pris le dessus sur la solidarité scellée par le boukoutage. On a vu avec quelle hystérie, le pouvoir a mis en scène, il y a peu son évacuation en France en publiant toutes les sommes relatives à son séjour et ses soins. Message subliminal : «  un boukouteur, comme nous ! ».

Autre caillou téké dans les chaussures de Sassou : Mathias Dzon. Sassou a usé de toutes les turpitudes pour le priver de tout mandat public. Sans élus, il a de la peine à traduire dans l’opinion, son véritable poids politique. Sassou prend chaque fois un malin plaisir à le ridiculiser en lui interdisant d’embarquer pour Paris. Cela en dit long sur l’animosité que le satrape d’Oyo éprouve à son égard ; occultant au passage son apport dans le financement de la guerre du 5 Juin 1997.

La tonitruant Colonel Marcel Ntourou a quant à lui appris à ses dépens que le rôle de spadassin au service d’un assoiffé du pouvoir comme Sassou, était le plus ingrat. Bien placé dans le collimateur, sa tête est bien mise à prix ; mort ou vif. S’étant bien tiré du procès des explosions du 4 mars 2012, il est devenu l’homme à abattre depuis qu’il a eu l’outrecuidance de faire des compromettantes déclarations contre le pouvoir à RFI, signifiant sa disposition à donner son témoignage dans l’affaire des disparus du Beach. Son calvaire perdure.

Ce prétendu foyer de tension téké, une fois circonscrit, il fallait s’assurer que l’OPA réalisée jadis sur le MCDDI de Bernard Kolelas pouvait bien être mise au service de ses ambitions de 2016. Mais surtout, ôter de façon définitive, toute envie aux deux entités politiques issues de l’ancien parti du feu « Koumbi de Total ». Rien n’est moins sûr. Si la DRD de Hellot Mampouya a du mal à se couper de la main nourricière de Mpila, Parfait Kolelas quant à lui, ne se gêne plus de piquer des coups de gueule ostensibles, exprimant sa désapprobation face au partage inégal du gâteau pour lequel, il se sent lésé. Son collègue du DRD serait devenu milliardaire au seul bon vouloir de Sassou, alors que lui, fils de Bernard Kolelas , friserait l’indigence (sic). Drôles d’ ambitions !?

En somme, faute d’une possible structuration politique du groupe téké, la théorie du «  complot téké » n’est qu’une invention des officines d’Oyo, dans le seul but de mettre sous pression ce groupe ethnique qui serait, dans l’imaginaire national, dépositaire de la légitimité de la possession de la terre congolaise. Dans sa stratégie, Sassou s’attèle à disposer de l’initiative. Et dans son obsession de mourir au pouvoir, il ne ménage aucun effort en explorant toutes les approches. Okombi Salissa et Marcel Ntsourou, adeptes de l’art opératif, sont sans ignorer que le choix de l’attaque, adopté par Sassou, lui a permis – en théorie- d’imposer le rythme de la bataille, principalement par deux facteurs : effet de surprise et choix du lieu et de la date de l’engagement.

Djess dia Moungouansi «  La plume du Congo Libre »

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5 réponses à Le complot téké : mythe ou réalité ? Par DJESS DIA MOUNGOUANSI

  1. Sassou est une ordure pour la démocratie dit :

    La portée de nuisance du dictateur Sassou Nguesso s’étend jusqu’à détourner chez tout un chacun toute possibilité de réfléchir et de penser. Le peuple est alors conduit à s’adonner à des occupations médiocres.

    Ainsi anéanti, le peuple, réduit à adhérer à la pensée unique et stupide imposée par le dictateur, n’œuvre plus à sa construction cognitive, mentale, psychique, émotionnelle et sociale.

    Dans les conditions d’avilissement généralisé, le peuple accepte d’être complice du tyran et nourrit son pouvoir par sa propre coopération.
    Le peuple devient dans l’espace et le temps, le collabos passif et actif de la tyrannie.
    En effet, le cerveau de 90% de congolais de l’intérieur est abimé par 34 ans de dictature Denis Sassou Nguesso contre 60% des congolais de l’extérieur du pays.
    Mais comment repenser le congolais ou reformer l’individu congolais?
    Oui, l’inégalité entre couche sociale, tradition, culture, société et civilisation n’est pas fondée sur la nature – elle réside dans l’éducation ou l’information qu’on donne à l’individu ou plutôt dans celle qu’on lui refuse.

    Éduquer, respecter et reformer le congolais, c’est l’aider à se libérer et à conquérir cette maitrise de soi, seul signe de la liberté, de la justice, de la démocratie, du savoir, de savoir-faire, de la créativité, de l’innovation, des technologies, du progrès, de la société et de la civilisation.
    OUI, SASSOU NGUESSO DÉGAGE ET LAISSEZ-NOUS REFORMER LE CONGOLAIS !!!

  2. Jean BONGA dit :

    Tout non bochi au service de Sassou est en danger potentiel! Terrible réalité et lecon pour l’avenir, c’est à dire 2016!

  3. AI dit :

    Djess de Bana Brazza d’arlette loukakou de mwana deya.

  4. Kimpéné Ya CONGO dit :

    De nos jours, il n’est pas souhaitable que Sassou Rempile pour un ème mandat au Congo, qui ira directement dans l’Abîme. Figurez-vous qu’il est là depuis bientôt 35 ans alors qu’au Congo, il n’y a Rien de fait plutôt Tout est à Refaire. Je suis Désolé, si Le Président Sassou ne se rend pas Compte que le Congo va Droit dans le Mûr, alors qu’il Repasse à son Pouvoir Éternel et le Congo va Couler définitivement.
    Imaginons que les Chercheurs démographes ne se Trompent pas l’Afrique Noire aura une Population qui Frisera les 3 Milliards d’habitants parmi lesquels seront des Nigérians qui n’arrivent même pas à Stabiliser leur pays englué dans la Barbarie des Différentes Religions que l’Esclavage et la Colonisation Nous ont apporter comme grosses Nouvelles Corvées Éternelles, alors que Nous Vivions pour Nous comme des Gens calmes et Croyant à Nos Dieux de Nos Forêts, des Pierres et de nos Fleuves Vénérés.
    Mais Voilà qu’il Nous faut nous adapter après la grande Migration Pénible à l’Assimilation obligatoire d’où nous en sommes encore, il faut mettre de la Raison en Expliquant à Tous les Noirs d’AFRIQUE que dans peu de Temps, Nous ne Représenterons que Nous même, sans Industrialisation Intégrée dans Nos pays, sans Développement Intégré de nos Villes, pas de Politique Nataliste conséquent, pas de Politique d’Avenir à la Place de l’Endettement Vertigineux de Nos Pays Très Riches où il n’y a que des Voleurs au Pouvoir Personnel, plutôt Familiale. J’en ai pas Fini de parler des Erreurs d’Existence de la Politique en Afrique, surtout Subsaharienne.
    Je vous Souhaite Bonne Chance à Remettre au Pouvoir Sassou qui n’a fait que Détruire tous les Meilleurs Intellectuels qui Pouvaient Avoir des Visions de bonne Gouvernance et qui Devaient avoir de Perspectives d’Avenir mieux que son Chemin Vers le Désastre. Je Nous demande tous d’Imaginer qu’Après 35 Ans de Pouvoir Égoïste tel qu’il a traîné le Congo, nous serions bien Capables de Gérer Notre Pétrole à partir de la Raffinerie comme les Vénézuéliens et autres. Je Vous dis qu’on aurait mieux avancé à la place d’un Pays au Bord de l’Abîme où Rien ne Fonctionne et le Président de la République, Chef de L’Etat ne rend même pas Compte qu’il n’a Rien fait de Spectaculaire, en des Tournantes à travers les 5 Août dans toutes les Régions, alors qu’est-ce qui en Reste après 5 mois !!!!
    Il est temps que Les Congolais se Disent qu’ils ne restent pas Trop de Temps avant que Ceux qui Nous ont Appris à Lire et Ecrire ne Nous Voudront lus Chez Eux d’ici 2050. Ne me posez pas la Question, Pourquoi ?
    Imaginons que cette Grande et Riche Afrique Noire reste sans Industrie, sans Education poussée avec des Ingénieurs et autres qui Aiment Réellement leur Continent, alors je nous Incite à faire de Grands Programmes d’ Intégration en 5 ou 6 Points Clés qui Devront Nous Libérer de la Dépendance Éternelle des…
    La Machinisation ( Industrialisation ) Sectorielle sur au moins 5 points Choisis à travers l’Afrique et il faut y Aller vie car le temps de Trouver des Partenaires qui Nous vendent des Grandes machines comme les Avions , les Trains, les Vélos, les Mobylettes et machines Dont Nous auront Besoin Quand Personne ne Voudra plus de Nous.
    C’est la Période de la Véritable Prise de Conscience que Nous Sommes Très Très en Retard en Afrique Noire et il faut une Vraie Union afin qu’à Travers tous les grands Pôles à travers 5 ou 6 pays Choisis qui Formeront des Ingénieurs agréés capables de Gérer l’Intégration et le Réveil de Cette Pauvre et Riche Afrique Très mal Gérée.
    nous n’avons plus de temps à Perdre et cela Sied à la Plupart des Cumulards qui n’ont Rien Fait pour Cette Belle AFRIQUE.
    ViVe l’AFRIQUE LIBRE et DÉMOCRATIQUE ! ViVe la DÉMOCRATIE en AFRIQUE ! ViVe la BONNE GESTION de l’AFRIQUE ! ARRÊTEZ les POUVOIRS ÉTERNELS en AFRIQUE !

  5. Mfoa dit :

    Le propre d’un dictateur est de vivre dans la paranoïa… La réalité, est qu’il ne sait pas le jour de l’occurrence de sa chute et s’il subira le sort de Ben Ali ou celui de Kadafhi…

    Alors, comprenez qu’il soit agité! En réalité, on ne peut se mentir à soi-même et le dictateur sassou-nguesso le sait très bien….TOUT A UNE FIN!!!

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