LA DICTATURE N’EST AUTRE QUE LE TERRORISME D’ÉTAT. Par Grégoire GAYINO

massacre chez le colonel Tsourou en décembre 2012 à Brazzaville

massacre chez le colonel Tsourou en décembre 2012 à Brazzaville

Ce dimanche 11 janvier, Paris est la capitale du monde en lutte contre le terrorisme qui sévit dans de nombreux pays. Des autorités du monde entier se sont retrouvées à Paris pour manifester leur mécontentement contre cette barbarie qu’est le terrorisme. 17 personnes, journalistes, policiers et autres ont trouvé la mort à cause de l’intolérance de certains d’accepter la liberté d’expression. Tous les peuples aspirent vivre en paix sans crainte d’être tués parce qu’on a fait une caricature d’un prophète, on a critiqué un chef d’État, ou parce qu’on est musulman, juif, noir, blanc.

Le terrorisme est une barbarie qui frappe aveuglement les populations soit au nom d’une croyance, soit au nom d’une cause.

En Afrique, certains chefs d’État pour défendre leur pouvoir n’acceptent pas la liberté d’expression. Des journalistes et des opposants qui osent critiquer les régimes sont soit menacés ou tués. Ils se barricadent autour d’une milice de mercenaires prêts à tuer. Ils utilisent les armes achetées avec l’argent du pays pour menacer et réduire leur population au silence. Ces responsables s’accaparent des richesses du pays réduisant la population à l’extrême pauvreté. L’espérance de vie dans ces pays pauvres est très faible (beaucoup de jeunes meurent avant 40 ans) et le taux de mortalité infantile très élevée.

Au Congo Brazzaville, depuis l’arrivée au pouvoir de Sassou Nguesso, les populations vivent un terrorisme d’État qui a réduit le peuple au silence. Du coup d’État qui a renversé le pouvoir de Marien Ngouabi au coup d’État qui a renversé Lissouba, des populations innocentes sont victimes de cette furie barbare. Des individus qui avaient fui le pays pendant la guerre contre Lissouba au pouvoir ont été exécutés froidement de retour dans leur pays et leurs corps jetés dans le fleuve Congo.

Le 4 mars 2012 des munitions entassées dans une caserne militaire explosent faisant un carnage avec plus de 3000 personnes tuées. Certains corps ont été également jetés dans le fleuve pour camoufler la vérité sur le nombre de morts. Le gouvernement des criminels n’a reconnu que près de 150 morts. Par contre la vérité sur l’origine de l’explosion, sur le nombre de morts et des mutilés ne sera connue.

Le 26 décembre 2013, cette même dictature tua froidement des jeunes qui étaient venus former un bouclier pour protéger un ancien officier de l’armée congolaise sous la menace du pouvoir. Des corps ont été également jetés dans le fleuve et les familles des victimes interdits de faire le deuil.

Des manifestations publiques sont interdites pour les partis de l’opposition par contre le parti au pouvoir seul est autorisé à tenir des réunions publiques. Beaucoup de cadres et des intellectuels se voient obliger de fuir leur pays de peur de passer par les armes ou d’être emprisonnés.

Après ce rassemblement, les Africains qui vivent dans l’oppression, la privation de leur liberté, la menace, la peur espèrent trouver un engagement des pays démocratiques à abandonner leur soutien aux dictateurs. Ces gouvernants africains qui arrivés au terme de leur mandat veulent modifier leur constitution pour se maintenir au pouvoir doivent maintenant s’attendre au pire. S’ils osent le faire, parmi les sanctions, une seule peut faire réfléchir avec moins de conséquence pour les populations : l’interdiction de l’espace aérien par exemple. La liberté est un besoin pour tout le monde et la privation de liberté une contrainte difficile à supporter par quiconque. Sans la liberté il n’y a pas de paix.

 

Par Grégoire GAYINO

Militant de la liberté

Membre des assises nationales

 

Diffusé le 13 janvier 2015, par www.congo-liberty.org

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5 réponses à LA DICTATURE N’EST AUTRE QUE LE TERRORISME D’ÉTAT. Par Grégoire GAYINO

  1. KITSIMBOU dit :

    Dans un style très simple mais pertinent, vous avez résumé toute la contradiction des hommes politiques en Afrique et au Congo en particulier. Ils versent tous les larmes de crocodile pour « Charlie » alors que dans leur propre pays, émettre une opinion divergente est presque condamnable. Dans ses voeux au corps diplomatique le 5 janvier 2015, le président Dénis Sassou Nguesso a condamné « avec la plus grande fermété cet acte horrible, lache et ignoble qui n’est pas seulement une vile agression contre la France, mais une atteinte à la liberté d’exoression, pilier majeur de la démocratie ».
    C’est à mourir de rire, ces propos venant du président de la république du Congo.
    Quoi qu’il en soit, il ya lieu de reconnaitre que même si les congolais sont terrés dans la peur, on ne peut jamais prévoir la réaction d’un peuple excédé. Ouaga n’est pas Brazza mais ce qui est arrivé à Ouaga peut arriver à Brazza. L’histoire recente ne nous contredira pas.

  2. S. BIKO dit :

    Ce texte est dans le style des articles que je viens de lire sur un blog togolais qui se veut panafricaniste.

    Il mette en évidence l’indignation à géométrie variable des africains, qui voient des malheurs au quotidien à leur porte, quand ils n’en sont pas eux même les auteurs ; et ces mêmes africains qui montent en première ligne, dès qu’il y a un événement en occident.

    Comment comprendre qu’au Congo, avec tout ce que nous connaissons comme drame, pour ne prendre que l’exemple du 16 décembre 2013, on a vu en pleine ville, des corps déchiquetés, dont certains ne sont pas identifiés à ce jour.
    Il y a des familles qui n’ont jamais fait le deuil et craignent d’aller demander des comptes aux systèmes du tyran.

    Ceux qui vivent ces événements au quotidien, sans en faire état, ni aider les familles en dénonçant ces atteintes de droit de l’homme, sont les premiers à arborer le « JE SUIS CHARLIE ».
    Je laisse de coté ceux qui ont une indignation ethno-géographique, à l’image de celui qui a sorti le concept de colonel téké..

    Pour terminer, je partage le lien du site togolais, dont les articles sont assez instructifs et donnent à réfléchir :

    http://lajuda.blogspot.fr/2015/01/anthologie-du-deuil-de-charlie-hebdo-en.html

    Anthologie du deuil de Charlie Hebdo en Afrique: Ou quand la mort du « Blanc » anéantit le « Noir ».

    „Charlie Hebdo: Denis Sassou Nguesso, pas loin d’une crise cardiaque, dénonce un »acte terroriste horrible, lâche et ignoble ».“

  3. Aloula dit :

    Mon cher frère Qayino vous avez tout dit sur le drame Congolais, faut-il encore que l’élite congolaise la plus avancée prenne conscience comme vous pour ôter le pays entre les mains de ce dictateur, il faut dorés et déjà qu’on sache que la résistance contre ce système devient un devoir, s’il faut qu’on accepte que Sassou nous tue tous, la lutte contre Sassou devient implacable.

  4. Isidore AYA de Makoua dit :

    Religions, philosophie, liberté de conscience et les libertés fondamentales: Peut-on imposer à l’autre ce qui pour soi est sacré?

    Tout un chacun possède son domaine  » sacré » religieux, spirituel ou non. Ce qui est « sacré » pour l’un ne l’est pas forcément pour l’autre – c’est ça être libre et c’est ça la liberté !!!

    Toutes ou tous celles ou ceux qui fréquentent ou habitent l’avenue Montaigne à Paris (8eme) ont-ils un jour lu Montaigne?

    Michel Montaigne (1533 – 1592) pensait « qu’une tête bien faite vaut plus qu’une tête bien pleine ». Il ajoutait « qu’au lieu d’encombrer la mémoire de l’individu, il vaut plutôt éveiller son esprit (l’esprit critique), ses raisons, sa conscience et sa personnalité d’individu « .

    La liberté d’expression est de pouvoir critiquer. Critiquer les religions aussi ou les positionnements des religieux ne doit pas être un délit mais plutôt une opinion.

    Certaines personnes vivant dans les sociétés libres, éduquées et civilisées se positionnent d’abord comme « croyant » plutôt que comme « individu, être humain, femme, homme, citoyen, de telle ou telle catégorie socioprofessionnelle.

    L’appartenance religieuse ou non doit rester du domaine « privé ou de l’intime » et non de l’extime (néologisme) – ce qui serait une véritable estime de l’autre ou d’autrui.

    Quand je mets sans cesse en avant ma religion et ma pratique religieuse comme moyen de communication verbale ou non (signes ostensibles) – c’est une façon de questionner sur ce que l’autre pense de cette pratique, s’il la pratique également et donc dans une certaine mesure de vouloir imposer ou convaincre.

    Ce rabâchage ou rabattage religieux ne respecte pas la liberté d’autrui – c’est abusif comme comportement cognitif, émotionnel et social ou plutôt une forme de dictature de conscience.

    http://congo-objectif2050.over-blog.com/2015/01/religions-philosophie-liberte-de-conscience-et-les-libertes-fondamentales-peut-on-imposer-a-l-autre-ce-qui-pour-soi-est-6

  5. Sam Bousky dit :

    Dictature suppose Constitution sacrifiée. Les congolais qui ont de la mémoire se souviennent de ces deux phrases fortes, prononcées aux lendemains de la mort de Marien Ngouabi, quand le CMP devait sortir d’on ne sait où: « Le recours à toute solution CONSTITUTIONNELLE est impossible actuellement. La situation est militaire ». La victime de cette assertion? Alphonse Mouissou-Poaty, président de l’Assemblée, donc potentiellement chef d’Etat par intérim. L’auteur de ladite assertion? DSN bien sûr. Alors le peuple va t-il encore lui permettre une énième forfaiture?

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