Essayez d’échapper au naturel, au galop il vous rattrapera. Une fois de plus, Sassou-Nguesso, le fragile, le complexé et le frustré, quarante-un ans cumulés au pouvoir, est rattrapé et habité par « le goût du sang », à quelques mois de la nouvelle farce électorale…
Il fallait s’y attendre. Après avoir, en guise de l’émergence du Congo promise pour 2025, plutôt réussi à installer une funeste Camorra (permettez-nous le pléonasme) à la tête du pays, le revers du médaillon de cette gestion mafieuse du pays se vérifie aujourd’hui, au quotidien, par un phénomène populairement appelé ‘Bébés Noirs’ ou « Kuluna » qui n’a que peu à envier aux favelados de Rio de Janeiro, aux fameux « Microbes » d’Afrique de l’ouest et même du Cameroun, mais aussi aux cartels de mafia d’Haïti, du Mexique et d’Amérique latine et centrale (mais en moins organisés) dont on connaît les célèbres et criminels exploits. C’est-à-dire, une criminalité juvénile qui, en perdurant, ne connait plus d’âge, inonde la société et devient le mode normal de survie des marginaux de la société.
Sans l’ombre d’un doute, il s’agit là d’un symptôme, du fruit d’une gestion désastreuse du pays et, surtout, d’un apartheid institué à tous les étages dans le pays. Les ‘Bébés Noirs’ ou ‘Kuluna’ au Congo, c’est une évidence, ne constituent pas une génération spontanée. Ils sont bel et bien le résultat d’un régime qui a brisé tous les ressorts habituels d’un État, mais que le pouvoir despotique refuse d’assumer et de gérer comme il se doit dans tout État digne de ce nom, en répondant à cette criminalité juvénile par une criminalité d’État ! Résultat des courses, depuis le début du mois d’octobre, des jeunes gens sont abattus comme de petits lapins publiquement, au vu et au su de tout le monde, et parfois sur une simple dénonciation anonyme. Sans aucun procès et sans sommation ! Sassou-Nguesso assume et, devant certaines réprobations nationales et internationales, proclame avoir « donné des instructions » pour ces sanctions et exécutions extra-judiciaires. Crimes de jeunes marginaux contre crimes d’État, le Congo vit désormais ‘la totale’ de la barbarie, c’est-à-dire la descente ou redescente vers l’état de nature. Une situation qui ne saurait étonner les observateurs avertis, puisque prévisible, mais aussi déjà vécue dans les années qui ont immédiatement suivi la conquête sauvage du pouvoir par Sassou-Nguesso où sa milice, les redoutables ‘Cobras’, principalement spécialisés dans le pillage et les mutilations diverses de leurs victimes, avaient démontré une barbarie devant laquelle les ‘Bébés Noirs’ d’aujourd’hui apparaissent comme des enfants de chœur (cf. notamment le journal Le Monde, du 20 février 2000). Ceux-ci ne sont ainsi, en fait, que le prolongement ou une nouvelle génération des ‘Cobras’ d’hier et, on peut y lire quelque part le syndrome de Frankenstein.
Le moment choisi par ‘le chef’, l’authentique créateur et générateur de la barbarie, pour lancer l’opération dite d’éradication de cette criminalité juvénile, n’est pas non plus neutre. Depuis son retour catastrophe au pouvoir en 1997, qui avait consisté à braquer, avec le soutien des armées étrangères, un pouvoir qu’il avait perdu par les urnes cinq ans plus tôt en 1992, et qu’il n’a plus lâché depuis lors, soit quarante-un ans cumulés, le despote congolais a fait de la crise séquentielle, sans préjudice du sang, son mode de gestion électorale. Toutes les séquences électorales sont émaillées de crises, de crimes, de terreur, de sang. Rien d’étonnant là également, quand on sait que les conditions d’accès au pouvoir déterminent en général les conditions de son exercice. Le Congo est à quelques mois, en Mars prochain, de la nouvelle farce électorale et Sassou-Nguesso a besoin d’un environnement, d’un climat comme il en a l’habitude, les seuls qui lui permettent des marges de manœuvre pour exécuter, comme à l’accoutumée, ses forfaitures et perdurer au pouvoir.
C’est cette situation, cette sinistre séquence, ce moment pré-électoral, qui sont la trame de cette interview à laquelle nous avons été invité par la chaîne TLR-TV, pour donner notre éclairage.
Suivez, s’il vous plaît… « LES ‘BÉBÉS NOIRS’, RAISON DU POUVOIR, NOUVEL ALIBI ET STRATÉGIE POUR SE PÉRENNISER DE SASSOU-NGUESSO ».
Enseignant-Chercheur, Juriste et Politologue, consultant, Membre de l’Association Française de Droit Constitutionnel, Membre-Expert de l’Institut International de Droit d’Expression et d’Inspiration Françaises (1997-2024)
