Face au hold-up constitutionnel du dictateur Sassou-Nguesso, François Hollande doit poser des actes. Par OLIVIER MOUEBARA

Sassou-HollandeLe scénario était connu et écrit d’avance. L’issue des Jeux africains a sonné le glas de la mise en scène.

Dictateur indéfendable, criminel de guerre et de l’humanité, ami de la France et de ses réseaux obscurs, Sassou-Nguesso tente de se maintenir et de crever au pouvoir pour absoudre ses crimes.

Alors que sa propre Constitution taillée sur mesure lui interdit de briguer un troisième mandat et d’organiser un référendum anticonstitutionnel conformément aux articles 56, 58, 185 et 220, le cerveau et le tiroir-caisse du coup d’Etat avorté au Burkina-Faso, tente une ultime manœuvre dilatoire ; qui, de toute évidence sera voué à l’échec.

La détermination du peuple congolais reste intacte. Quoi qu’il fasse et quoi qu’il nous en coûte, le pays doit se débarrasser de ce dictateur, de son clan mafieux, de sa famille, et de toute cette mauvaise graisse.

François Hollande, de discours en incantations, ne cesse de rappeler au respect des règles constitutionnelles en Afrique. Le moment est venu pour lui de poser des actes concrets. Le masque du responsable du pillage et du pogrom de Brazzaville en 1997, du nettoyage ethnique organisé dans le Pool, de la disparition de 353 congolais au Beach de Brazzaville, de l’assassinat de Marien Ngouabi, du cardinal Emile Biayénda, de Bruno Ossebi, et de bien d’autres Congolais anonymes, vient de tomber.

Le dictateur-général d’opérette qui s’apprête de rejoindre le cimetière des dictateurs déchus, cherche par cette ultime provocation à enjamber d’autres cadavres pour conserver le pouvoir par la force.

Il est à la fois honteux et préoccupant de voir le président français accueillir sur le perron de l’Elysée le Pol Pot congolais, en essayant de ce qu’il sait faire de mieux: la synthèse. A présent, l’heure n’est pas à la synthèse, mais aux décisions et aux actes.

Si l’insincérité est la marque de fabrique des politiques, force est de constater que François Hollande a une occasion en or de concilier ses incessantes menaces avec ses actes.

Si François Hollande n’a pas cautionné en sous main ce passage en force du dictateur Sassou-Nguesso lors de leur entrevue à l’Elysée, le président français doit dès à présent interdire de séjour sur le territoire national français le bourreau de l’Alima, ses ministres, sa famille, son clan ses proches, geler leurs avoirs, donner les moyens à la Justice de mener à son terme l’enquête sur les Biens mal acquis, suspendre les relations diplomatiques avec un régime tortionnaire et répressif (même si la France a des intérêts colossaux au Congo).

La diplomatie française de la rhétorique n’a pas sa place en raison de la gravité de la situation. Il est inacceptable qu’un dictateur prenne en otage un pays depuis 32 ans.

Tout le monde se souvient de la virulence avec laquelle le dictateur Sassou-Nguesso s’était attaqué jadis au professeur Pascal Lissouba, à propos, disait-il du non respect de la Constitution par ce dernier. Il demandait sans sourciller à « tous les démocrates de se lever quand la Constitution est violée ».

Au moment où le criminel Sassou-Nguesso viole la Constitution, tous les démocrates, François Hollande compris, doivent se lever et sonner la fin de la récréation. Nous avons du mal à croire que cet homme infâme brave Barack Obama et l’ancien député de Corrèze.

Laisser le dictateur Sassou-Nguesso violer le droit qui est par essence « l’ensemble des règles qui régissent la société », est un mauvais signal pour tous les africains qui aspirent à la démocratie. 

Dictateur passéiste, Sassou-Nguesso se doit de reculer avant qu’il soit trop tard. Le peuple burkinabè ne cesse de montrer que la mobilisation populaire et de la société civile est à même de faire plier des hommes en armes. Le peuple congolais en prendra forcément le chemin.

De tout temps, la France a toujours été contre l’Afrique.

Revenu au pouvoir en 1997 par les armes grâce à l’aide de Jacques Chirac, la politique africaine de la France a toujours été ambigüe. La cellule africaine de l’Elysée, contrairement à la propagande distillée ici et là, reste le moule de fabrique des tyrans africains.

François Hollande, au nom de cette gauche morale, a tout intérêt à se positionner clairement sur le hold-up constitutionnel au Congo. Trahira-t-il sa parole, échouera-t-il à contribuer à chasser le dictateur Sassou-Nguesso du pouvoir?

Sa réélection en 2017 dépend en partie des suffrages des africains. Maintenir Sassou-Nguesso au pouvoir contre la volonté populaire par un tour de passe-passe, nous conduira à nous désister ou à voter blanc. A quoi sert-il de voter pour des partis politiques traditionnels qui maintiennent l’Afrique la tête sous l’eau, et des dictateurs à vie au pouvoir?

Nicolas Sarkozy ne s’en est pas caché à La Baule le 6 septembre dernier devant ses partisans en déclarant, dans un lapsus pour certains : « Dans cette identité française, il y a quelque chose auquel je suis très attaché: c’est que, de toute éternité, la France a toujours été du côté des opprimés, et toujours été du côté des dictateurs ».

Les Congolais espèrent que le hold-up constitutionnel du dictateur Sassou-Nguesso est une sorte de « couturière » avant qu’il ne soit chassé du pouvoir et transféré à la CPI.

La « couturière » est l’avant-dernière répétition d’une pièce de théâtre, celle qui précède la générale. Une pièce de théâtre, certes, mais certainement pas une comédie.

François Hollande a le choix entre abdiquer, se dédire, ou en découdre avec le dictateur Sassou-Nguesso. Il doit lui demander fermement  d’arrêter cette comédie. Après tout, quand on a cessé de jouer la comédie, il faut partir.

Olivier Mouebara 

Diffusé le 27 septembre 2015, par www.congo-liberty.org

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7 réponses à Face au hold-up constitutionnel du dictateur Sassou-Nguesso, François Hollande doit poser des actes. Par OLIVIER MOUEBARA

  1. pilipili dit :

    Pourquoi appeler, Hollande et Obama, au secours lorsque nous ne démontrons pas l’envie de sortir du trou.
    Il existe déjà une omerta des politiques Français et des médias sur le Congo et ce n’est pas avec quelques gesticulations de salon que les choses vont changer.
    Il ne faut rien attendre de l’extérieur si nous ne sommes pas capable nous même de relever la tête et de montrer au monde que le peuple Congolais veut retrouver sa dignité et sortir enfin de l’esclavage.
    La Tunisie à fait sa révolution car c’est le peuple dans la rue qui a obligé les politiques à ne plus fermer les yeux et les médias à braquer leurs projecteurs sur la juste révolte du peuple. Le Burkina en a fait de même. Qu’attend le Congolais ???

    Rien ne nous sera donné, il faut que l’on aille chercher nous même notre liberté. Sans un soulèvement populaire conséquent et suffisamment médiatisé nous vivrons encore pendant de nombreuses années sous le joug de l’oppression et de l’asservissement.

    De la littérature, des réunions en salle ok, mais ce n’est pas les compatriotes déjà convaincu qu’il faut convaincre mais l’opinion internationale qu’il faut interpeller et prendre à témoin et les obliger à regarder ce qui se passe au Congo.
    300 personnes réunies dans une salle c’est bien mais 10 personnes motivées montant un coup d’éclat qui sera médiatisé par les grandes instances internationales aura beaucoup plus d’impact pour la cause.

    Seul un mouvement citoyen fort et suffisamment déterminé pourra faire changer les choses sinon basta nous retournerons aux ténèbres pour de nombreuses années encore.
    Il faut à un moment donné faire des choix, même si cela est difficile.

    En Tunisie, ce n’est pas Hollande qui à chassé BEN ALI… c’est le peuple Tunisien
    Au Sénégal, ce n’est pas Hollande qui à stoppé WAD… c’est le peuple Sénégalais
    Au Burkina, Ce n’est pas Hollande qui à chassé COMPAORE … C’est le peuple Burkinabé

    Au Congo Ce n’est pas Hollande qui chassera SASSOU… mais le peuple Congolais.

    « DEHORS, DEGAGE, QUITTE-LA »

  2. Philippe dit :

    Les Congolais sont entrain de faire leur printemps! sassou à peur, il va partir!

  3. ubuntu dit :

    Le propos de ce texte démontre cruellement notre impuissance face au coup d’état institutionnel en cours. Se poser des questions sur le résultat du référendum, c’est un aveux d’échec. C’est déposer les armes face à ce qui n’est une ultime provocation du pouvoir actuel. Y en a marre vociférer derrière les claviers. Place à l’action.

  4. ubuntu dit :

    Il n’y a que les esprits colonisés qui continuent à appeler la France au secours, incapable de se mobiliser par eux même. Rappelez-vous cette phrase du général DeGaule: la france n’a pas d’amis, elle n’a que des intérêts. Elle n’a donc aucun intérêt à virer un de leur meilleurs serviteurs. Rappelez-vous qui a exfiltré Compaoré leur allié, au Burkina Faso? Arrêtons la servitude volontaire, battons-nous pour notre liberté, cela nous évitera de dépendre d’une puissance étrangère qui jamais rien compris à l’Afrique et aux africains.

  5. Salo dit :

    Arrêtez d’incriminer la France quand vous mêmes congolais n’êtes pas en mesure de chasser la dictature chez vous.
    S’il y a au Congo un président de la République élu, ou un président de la République de fait, la France va composer avec. Elle n’enverra plus la légion étrangère dans une opération du genre «barracuda» pour installer à Brazzaville un président de son choix.
    Il revient aux congolais chasser la dictature ou de la garder.
    Ce n’est pas la France qui a chassé le général Dienguéré, et pourquoi voulez vous que ce soit la France qui chasse le général Sassou?
    Allons, un peu de sérieux s’il vous plaît

  6. Arrêter de demander secours à François Hollande c’est pas un congolais c’est un français donc c’est à nous même de faire un soulèvement populaire pour faire partir ce dictateur sanguinaire

  7. ITOUA ONDONGO dit :

    ITOUA ONDONGO

    Les congolais sont extravertis, ce qui est lamentable, pour chasser le Clan Sassou et leurs amis, il faut avant tout se sentir responsable de son destin. Toutes les puissances étrangères occidentales regardent avant tout leurs propres intérêts.
    Plus grave, ce sont les congolais qui ont mis François Hollande en difficultés car depuis novembre 2014 lors de son discours à Dakar, il a promis son soutien aux peuples qui voudraient se débarrasser de leur dictateur. Qu’avons nous fait depuis… Si non appeler le même François Hollande au secours, le serpent se mord la queue.
    Si nous voulons débarrasser le pays du prédateur et son clan, il faut s’armer d’un certain nombre d’outils.
    Se donner les moyens d’une large expression médiatique dans les grandes villes et progressivement dans les zones dites rurales quel qu’en soit le prix.
    Une société civile dynamique à l’image du Sénégal, du Burkina, RDC…
    Fédérer les meilleurs intelligences au sein des partis ou ce qui en reste pour la collecte des meilleurs idées.
    C’est la dynamique des congolais réunis, dans la foi de traquer le dictateur et son clan, de susciter un soulèvement seul moyen efficace pour chasser ce pouvoir irascible.

    Tout le reste est illusion

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