La débâcle du candidat Firmin Édouard Matoko, écrasé par Khaled El-Enany (55 voix contre 2) à l’élection au poste de Directeur général de l’UNESCO, marque bien plus qu’un revers diplomatique. Elle consacre le vide stratégique et symbolique du Congo dans le système international. À Brazzaville, on assiste désormais à la montée des périls entre les clans rivaux du pouvoir pour une prochaine conflagration dont les bébés noirs ne sont qu’une mise en bouche.
Le 3 août dernier nous avions prédit un échec cuisant et hors norme du Congo. Le soutien explicite de la France, de l’Union africaine et celui du Congo lui-même (!) à l’Égypte, avait clairement défini le rapport de force. Pourtant, Anatole Collinet Makosso (ACM), Moungala, Ossebi, Okiemi préoccupés par leurs frais de missions, ont choisi l’entêtement : tromper M. Sassou afin qu’il maintienne une candidature notoirement vouée à l’échec. Conseiller M. Sassou pour se faire les poches est regrettable. Cela révèle l’isolement croissant d’un pouvoir coupé des réalités internationales, régionales et même locales. C’est la preuve que les 4 mousquetaires cités supra sont prisonniers des illusions des pseudo prophètes et syncrétistes.
Dans les cercles diplomatiques, la défaite du Congo à la tête de l’UNESCO est assimilée au symptôme d’une extinction d’influence et de régime. Qui blâmer ? Le manque de crédibilité des dirigeants congolais sans doute. Mais à cela s’ajoutent la faute diplomatique du Premier Ministre congolais et les sorties médiatiques inappropriées des membres de son Gouvernement qui n’ont fait qu’enfoncer le candidat Matoko. La dernière session extraordinaire des chefs d’État de la CEEAC à Sipopo à Malabo n’avait pas non plus pris position pour le candidat Matoko. Curieux ! À l’annonce des résultats, M. Sassou aurait déclaré, « j’étais trop pressé de féliciter ACM pour son interview. Si je savais que cela devait m’enfoncer de plus belle, je me serais abstenu de lui envoyer un message pour l’applaudir ».
Jadis interlocuteur respecté et incontournable de l’Afrique, le Congo n’a plus de relais dans l’Union africaine, ni auprès de ses voisins immédiats. Les voisins considérés comme alliés tacites, se sont progressivement distancés. Félix Tshisekedi à Kinshasa et João Lourenço à Luanda ont consolidé un axe stratégique RDC–Angola centré sur la stabilité énergétique et la sécurité frontalière avec le corridor de Lobito inauguré en présence de Joe Biden le 4 décembre 2024.
Au même moment, Brazzaville s’enferme dans une alliance opportuniste avec Paul Kagame en bradant ses propres terres. Cette orientation, censée affaiblir Kinshasa sur le plan diplomatique, a paradoxalement plongé Brazzaville dans une zone de défiance, perçu désormais comme un acteur instable, contradictoire et peu crédible. La diplomatie congolaise est devenue un viatique de survie autoritaire : nouer des alliances ponctuelles, flatter les puissances du moment, sans cohérence d’ensemble. D’ailleurs l’alliance conjoncturelle avec Kagame illustre ce naufrage stratégique. Tous ces mauvais choix d’alliance traduisent l’incapacité du Congo à exister indépendamment des autres.
Sassou, ACM, Gakosso et Cie : l’alliance du repli et la faillite du système diplomatique
L’isolement diplomatique de M. Sassou est le produit d’un système à bout de souffle, personnifié par ACM, Gakosso et Cie, dont la politique extérieure se résume à la mise en scène du protocole. Distributeur de passeports diplomatiques à des personnalités peu recommandables et des « petites » de Raymond Mboulou, ACM et autres, n’ont jamais eu ni doctrine régionale, ni stratégie multilatérale de leur côté. Ils sont tout simplement incompétents dans leurs tâches. Il faut dire qu’ils doivent leur survie à l’appartenance au cercle de minables loges sorcières. Seulement en politique, seuls prévalent les intérêts. M. Sassou va s’y retrouver confronté à Trump sous peu. Macron ne l’aidera pas, bien au contraire. La diplomatie congolaise s’est donc vidée de sa substance. Les vastes capitales – Paris, Berlin, Washington, Londres – n’accordaient plus à Brazzaville qu’une tolérance polie. Cela s’est transformé en volonté d’éjection depuis peu sous nos yeux. Il faut réinterpréter la situation des pseudo « Bébés Noirs – Kuluna » à l’aune de cette situation de futur « printemps congolais » en gestation : présence des réseaux peulhs chassés du Mali, des réseaux Peuhls islamisés djihadistes de la Centrafrique, des services d’intelligence de la RDC, des filières internationales de drogues et blanchiment… Bref le Congo prend l’eau de toute part !
Matoko, victime expiatoire d’une diplomatie de l’illusion ?
Dans ce théâtre d’ombres, Matoko, certes compétent, a servi de bouc émissaire consentant à un régime en quête de prestige. Sa candidature n’aurait jamais pu symboliser l’excellence intellectuelle française au regard de certains dossiers scabreux qu’il laisse derrière lui à l’UNESCO (fermez le ban !). Élu de la voûte étoilée sous le glaive de feu Nzoungou Alphonse, Matoko révèle une contradiction fondamentale : comment prôner la culture, l’éducation et la science alors que le système national de l’enseignement congolais s’est effondré ? Comment imposer Fatimata Barry Marega, représentante UNESCO au Congo sans qu’elle n’ait l’expérience requise et tuer le mort déjà mort ? Ces choses se savent. Les partenaires de l’UNESCO ne s’y trompent pas. Le Congo ne peut être un ambassadeur crédible de la connaissance alors que ses écoles forment au rabais, ses enseignants et médecins sont impayés et ses universités privées de moyens de base.
Au-delà de l’humiliation, sa défaite diplomatique sonne comme un verdict ironique de l’histoire. En effet, né d’une mère indochinoise, elle-même fille de parents déportés en travail forcé pour la construction du CFCO dès 1921, Matoko n’a pas suivi l’exemple d’Hô Chi Minh et Vo Nguyen Giap qui ont conduit leurs compatriotes à la libération au terme de la défaite française à Dien Bien Phû en 1954 ! Ils ont ensuite battu les USA en 1975 pour devenir le Vietnam indépendant et respecté de nos jours. A l’inverse, l’échec de la candidature congolaise cristallise l’évidence du régime Sassou qui vit hors des temps et des leçons de l’histoire.
Le monde, lui, avance sans le Congo, désormais relégué au rang de spectateur marginal de sa propre histoire. Nous doutons que la France en reste là. Elle va solder ses comptes assurément…
Ghys Fortune BEMBA DOMBE
Diffusé le 11 octobre 2025, par www.congo-liberty.org
@Mr Dombe.Plus rien n’étonne les congolais conscients, éveillés et avertis,toutes catégories et générations confondues surtout ceux qui avaient vus arriver au pouvoir de Ngouabi et sa cohorte,tous les hommes irresponsables,de compromissions,médiocres, incompétents et d’une légèreté sans comparaison.
Le peuple Congolais doit faire extrêmement attention avec sa passivité,son laissez faire face à cette caste mafieuse, criminelle, maléfique et diabolique que l’extérieur lui impose.