Le propos : Entré au Quai d’Orsay en 1973, Gildas Le Lidec fut l’un de ces diplomates de terrain qui, dans une ère de changement, porta une certaine idée de son métier et du sens de l’action diplomatique de Tokyo à Abidjan, via Bombay, Kinshasa, Phnom Penh, Hanoi ou Bangkok. Il livre ici quarante ans de souvenirs, dans une construction en archipel, alternant analyses, anecdotes et retour sur les crises politico-militaires dont il fut le témoin et l’acteur, de jeune conseiller issu du concours d’Orient à ambassadeur.
L’intérêt : Si ces « fragments de vie » ne constituent pas un manuel à l’usage des jeunes diplomates, ils y trouveront – et les férus d’histoire et d’action avec eux – un regard sur les modes d’action des postes, de la diplomatie culturelle à la mission secrète, du « télégramme diplo » – devenu mail – à l’usage des symboles – du drapeau au 14 Juillet. Ni nostalgie ni aigreur chez Le Lidec, pourtant « débarqué » de son poste d’ambassadeur à Madagascar pour présomption de « mauvais oeil » après sa gestion des crises en Côte d’Ivoire et au Congo… Demeurent des portraits piquants de Sihanouk, Hun Sen, Kabila, Gbagbo et les autres ; demeurent aussi le souvenir de Giap recréant Dien Bien Phu sur le coin d’une nappe, d’Imelda Marcos en mode « grand soir », de Chirac réclamant les résultats de sumo et de Malraux, en roue libre à Tokyo… Savoureux.
Gilles Denis » les echos »
