« CRISE CONGOLAISE : NUL N’EST À L’ABRI…» Par Blaise – Pascal TALLA.

 

Sassou Nguesso triomphant avec l'armée angolaise en octobre 1997

Sassou Nguesso triomphant avec l’armée angolaise en octobre 1997

17 ans après, l’article ci-dessous de Blaise Pascal TALLA rédigé en août 1977, pendant la guerre civile reste d’actualité !

 

Les Romains disaient «  Verba volant, scripta manent » c’est-à-dire « Les paroles s’envolent, les écrits restent. ». J’ai trouvé en effet dans mes archives cet article que Blaise-Pascal TALLA avait publié, il y a 17 ans, dans Jeune Afrique Economie du 4 Août 1997. Je vous invite à le lire, car il reste d’actualité. :

«   CRISE CONGOLAISE : NUL N’EST À L’ABRI…

Par Blaise – Pascal TALLA. »

« Il se raconte souvent en Afrique une anecdote dont j’aimerais rapporter ici la morale. C’est l’histoire d’une discussion entre deux hommes. Lors d’un contrôle de routine, le véhicule conduit par un médecin est arrêté dans la rue par un policier. L’automobiliste est pressé, car il se rend en consultation d’urgence au chevet d’un enfant gravement malade. Normalement, ce type de désagrément ne dure que quelques minutes, le temps de montrer ses papiers. Mais cette fois, le policier se montre particulièrement zélé, réclamant toutes sortes de documents et cherchant visiblement à faire perdre le maximum de temps à son interlocuteur. Ce dernier a beau lui expliquer qu’il doit se rendre d’urgence au chevet d’un malade agonisant, rien n’y fait. Le médecin insiste, indiquant notamment que le malade qui l’attend risque de succomber s’il ne reçoit pas des soins immédiats. Imperturbable, le policier lui répond que cela ne le concerne pas. Le manège dure longtemps, très longtemps.

Exaspéré par un tel comportement, le médecin renonce finalement à se rendre à sa consultation. C’est seulement à ce moment-là que le policier lui rend ses papiers et le libère. Au moment où le médecin s’apprête à s’en aller, le policier lui demande par curiosité : « Au fait, où allez-vous exactement ? » Lorsque le toubib lui révèle l’adresse précise du domicile où il comptait se rendre, le souffle du policier se coupe, car c’est celle de son propre domicile. Le nom du malade ? Son fils de 3 ans ! Hurlements et crises de larmes. « Mais revenez !… S’il vous plaît, revenez ! Je vais vous y escorter… » D’abord hésitant, puis soucieux d’exercer son métier du mieux qu’il peut, le médecin accepte. Toutes sirènes dehors, le cortège fonce au domicile du policier. Mais il est trop tard…

La morale de l’histoire est simple – certains diront d’ailleurs qu’elle est un peu simpliste : mépriser la douleur d’autrui n’est pas seulement une faute morale ; c’est aussi une faute de comportement qui peut coûter très cher. Cette anecdote, dont différentes versions circulent sur le continent, permet d’illustrer l’attitude actuelle des chefs d’Etat africains face à la crise congolaise. Depuis que l’ancien président Denis SASSOU NGUESSO a décidé de mettre un terme à l’expérience démocratique congolaise en tentant de renverser le régime du président démocratiquement élu, Pascal LISSOUBA, l’on n’a pas entendu un seul chef d’Etat africain condamner publiquement et sans équivoque cette initiative insensée.

Selon diverses estimations, les combats qui se déroulent à Brazzaville auraient déjà fait plusieurs milliers de morts. Au-delà du coût matériel et financier de cette tragédie, le plus grave est le coût humain de cette guerre de pouvoir, et son impact sur le processus de libéralisation politique qui était en cours dans ce pays qui fut trop longtemps soumis à la dictature. Car la guerre a ceci de particulier qu’elle détruit non seulement les êtres et les choses, mais qu’elle démolit aussi le socle moral et le patrimoine spirituel sur lesquels se construit toute société.

Voilà donc le long et patient travail de consolidation démocratique entamé vaillamment par tout un peuple brutalement remis en cause par une poignée d’hommes. Après avoir dirigé le Congo pendant douze ans, Denis SASSOU NGUESSO avait pourtant accepté que se tienne la Conférence nationale de 1991 qui a réorganisé les règles du jeu politique national. Battu à la régulière à l’élection présidentielle de 1992, il aurait dû avoir la dignité de se retirer de la vie politique, et d’attendre éventuellement que son heure revienne – un peu – comme le firent Mathieu KEREKOU et Didier RATSIRAKA. Mais privé de l’exercice d’un pouvoir dont il aimait jouir, assoiffé de reconnaissance comme seul peut l’être un autocrate africain déchu, l’ancien chef de l’Etat congolais n’a pas su se montrer patient. Il s’est empressé de constituer une puissante milice privée spécialement chargée de le reconduire au palais présidentiel, coûte que coûte.

Face à ce scandale, les chefs d’Etat africains ont quasiment tous eu une attitude comparable à celle du policier de la légende rapportée précédemment : ils ont estimé que cette guerre civile ne les concernait pas. Et que c’était à la « communauté internationale » (entendez : les chefs d’Etat américain et français) de venir résoudre le problème. Ce ponce – pilatisme de pacotille s’inspire d’un des principes essentiels du droit international : la non-ingérence dans les affaires d’un Etat souverain. On le retrouve également comme fondement de la Charte de l’Organisation de l’Unité Africaine. Il faut cependant distinguer la question juridique de l’attitude politique que commandent les événements. Ce que le droit international ne permet pas de faire, la lucidité politique l’exige.

Entendons-nous bien : je ne prétends pas ici que les chefs d’Etat africains auraient dû envoyer des troupes pour combattre les milices privées de SASSOU NGUESSO. Ils n’en ont d’ailleurs ni les moyens, ni la légitimité. Et puis, bien peu d’entre eux auraient des leçons de démocratie et de respect des droits de l’homme à donner à l’ancien homme fort de Brazzaville… Non. Je crois simplement que les chefs d’Etat les plus anciens en fonction qui connaissent personnellement l’ancien président congolais, auraient dû se concerter dès le déclenchement de la crise et tenter une opération de persuasion auprès de lui. Ils auraient ainsi pris l’initiative de « raisonner » Denis SASSOU NGUESSO, de lui faire comprendre que l’époque a changé, et qu’il est mieux pour lui de préparer sa place dans l’Histoire en se consacrant à des activités moins belliqueuses qu’une guerre civile… Au lieu de cela, les chefs d’Etat africains se sont prudemment renfermés dans leur mutisme, n’en sortant que pour demander Jacques CHIRAC et à Bill CLINTON de venir résoudre la crise congolaise. Quelle honte !

Il faudrait évidemment saluer l’initiative de ceux qui, comme le président gabonais Omar Bongo, ont tenté de jouer les médiateurs entre Pascal LISSOUBA et Denis SASSOU NGUESSO. Mais dans l’ensemble, nos dirigeants ont manqué de coche. Ils n’ont pas été à la hauteur de ce que les peuples attendent d’eux. Des milliers de vies ont été sacrifiées et l’idéal démocratique a perdu de son lustre et de sa crédibilité. Le rêve de liberté s’est évanoui à Brazzaville, en même temps que l’accoutumance à la violence, à l’injustice et à l’arbitraire s’installait dans les mentalités.

Etre leader, c’est d’abord savoir partager le malheur des autres. Le silence et l’inaction des dirigeants africains face aux tristes événements de Brazzaville montrent l’ampleur du déficit de leadership dont souffre le continent. Mépriser la douleur d’autrui ne relève pas simplement de l’égoïsme. C’est aussi une marque de naïveté impardonnable. C’est également un signe de sottise politique que l’on risque de payer cher un jour ou l’autre. Car nul pouvoir en Afrique n’est à l’abri de l’assaut des milices privées surarmées ; nul chef d’Etat n’est vacciné contre le désordre. Je peux même prendre le risque d’affirmer que des SASSOU NGUESSO se cachent ou se préparent dans d’autres pays sud – sahariens. »

Lu pour vous par Jean-Marie DIKAMONA.

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4 réponses à « CRISE CONGOLAISE : NUL N’EST À L’ABRI…» Par Blaise – Pascal TALLA.

  1. Madouma Lissafi, Déstabilisé par le refus du président us et honni absolument par la majorité des congolais, sassou dénis, vient enfin, après 18 ans de corruption des autorités occidentales et onusiennes, D’AVOUER LE GENOCIDE CONTRE LES POPULATIUONS DU SUD DU CONGO BRAZZAVILLE. A ce titre, il ne peut être à l’abri d’une arrestation rapide par la cpi.

    CES LIGNES CONVOQUENT DONC TOUS LES LEADERS DEMOCRATES DE L’OPPOSTION, notamment Mathias Dzon, Nabilemeno, Magloire Ndoba, Ouabari Marriotti, Miérassa, Kinfouissia, Christophe Moukouéké, Toungamani, Manona, Bienvenu Gertrude M.Koumba, Maruie Louise Abia, John Binith Ndzaba, Kovalin Tchibinda, Le Lyon de Makanda, Brice Nzamba, Oko, Ota, Mingua Mia Bianco, le Professeur mandzimba, etc.. d’ORGANISER UN VOYAGE DANS LES CAPITALES OCCIDENTALES, SURTOUT AUX USA, AFIN DE HÂTER LA MISE AUX ARRÊTS DE sassou dénis.

    Sachez que nous sommes tous dans son viseur.

    Attendre qu’il lance son référendum maffieux c’est commettre une lourde erreur politique.

    AGISSEZ NOS CHERS COMPATRIOTES. Notre survie, celle du peuple congolais en dépend!

    La diaspora militante résidente aux usa ne doit rien lâcher. Surtout avec un TEL AVEU, SES MEMBRES DOIVENT RENFORCER LA DETERMINATION DU PRESIDENT OBAMA DE LIBERER LE PEUPLE CONGOLAIS de sassou dénis. Ne le Laissons pas à l’abri d’une PRISON QUI S’OUVRE DEVANT LUI depuis son fiasco devant l’administration us.

  2. Madouma L. dit :

    Madouma .L

    Ajoutons aussi Mr Ognamy Wylfried dans cette liste ci-haut citée.

  3. Matière grise dit :

    Pour être libre, il faut pouvoir choisir de faire ou de ne pas faire. Seul donc un être qui s’est débarrassé de la tyrannie des instincts peut remplir les conditions minimales de l’accès à la liberté.

    Si la liberté est l’absence de toute règle et de toute contrainte, alors l’animal est libre. Mais ce raisonnement n’a qu’une apparence de vérité: le comportement d’un animal est en fait dicté par son instinct, de sorte que l’animal ne peut pas s’empêcher d’agir comme il agit.

    L’instinct commande, l’animal obéit : loin d’être le modèle de la liberté, l’animal est l’incarnation d’une totale servitude à la nature. On ne peut parler de liberté que pour un être qui s’est affranchi du déterminisme naturel.

    Kant soutient que c’est précisément là le rôle de l’éducation : elle a pour but premier de discipliner les instincts, c’est-à-dire de les réduire au silence pour que l’homme ne se contente pas d’obéir à ce que sa nature commande.

    S’il suffisait d’obéir aux lois pour être libre, alors les sujets d’une tyrannie connaîtraient la liberté. Pour Rousseau, la seule solution à ce problème à la fois politique et moral, c’est que je sois aussi l’auteur de la loi à laquelle je me soumets…

  4. Barilale dit :

    Sassou Nguesso multiplie les initiative pour corrompre les gens afin de montrer que cet le peuple qui l’aime et qui veut du changement de la constitution. Cette fois ci, il n`a plus de chance de tromper les congolais et la communauté internationale. Il ne faut se mobiliser fermement contre le changement, modification de la constution. Il ne faut pas » attendre Sassou Nguesso lance son référendum maffieux » comme cela s’ est déjà produit dans le passé. Plus de 17 ans de dictature, de corruption, de massacre, de misère sans fin et plus de 32 ans de pouvoir pour Sassou Nguesso, alias Nguessan suffisent.L’opposition de la diaspora doit prendre sa mission d’organiser des conférence de presse, des manifestations dans les différente capitales occidentales, eu Europe – USa pour dénonncer sans relache les crimes du dictateur du Congo Brazzaville.« Il est temps de contrecarrer le régime de Sassou N’guesso » comme l’a dit Jean Edouard SATHOUD; Président d’Honneur des Assises Nationales du Congo,Vice-gouverneur de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale. Il ne faut pas attendre 2016, ni les préparatifs du référendum maffieux, le génocidaire Sassou-Nguesso et sa clique sans à débarquer aussi vite que possible. Ceux qui veulent attendre sont des naïfs ou des complices. » Le 12 août 2014, Sassou Nguesso, le président autoproclamé a avoué publiquement » les crimes contre l’humanité et les crimes de génocide qu’il a commis contre ceux qu’il appelle les « autres » ».Il est judicieux que les Congolais renforcent l’initiative des plaintes déposés en France pour le massacre du Beach et les crimes économiques des bien mal acquis.Sassou Nguesso dont le règne » se caractérise par le crime, la corruption, l’intimidadation, la violation des droits de l’Homme, les massacres incessants mais aussi par le détournement des biens publics. Il est temps de former partout un bloc uni et  » dénoncer Sassou Nguesso qui a livré son pays aux armées étrangères en massacrant sur son passage, avec ses mercenaires des milliers de congolais. Il est temps pour tous  » à s’engager dans des manifestations, dans une grève, désobéissance civile musclées afin de renverser Sassou Nguesso et son régime satanique et criminelle.

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