Congo-Brazzaville : Les gesticulations d’un Pouvoir usé en manque de courage. Par Wilfried KIVOUVOU

Wilfried Kivouvou

Wilfried Kivouvou

La politique, au-delà de ces perfidies, reste bien le domaine, par excellence, de la réflexion et de l’action pour la résolution, dans l’intérêt de tous, des problèmes actuels ou à venir dans un cadre juridique et social organisé, sur une échelle locale, nationale ou supra nationale.

Au Congo-Brazzaville, plus largement sur le Continent Africain, la pratique politique, telle qu’elle est observée ces derniers temps, inspire tout simplement un sentiment de pitié à l’égard des dirigeants et de tristesse pour les populations majoritairement pauvres et qui attendent toujours, désespérément, des solutions à leurs multiples préoccupations liées à leur survie.

Pour le citoyen lambda, difficile de se retrouver dans ces palabres sans fin, dont le but inavoué est de gagner du temps, de tisser des réseaux obscurs, de sceller des alliances souterraines, pour ce qui ressemble à une manœuvre gigantesque aux fins de tripatouillage des dispositions constitutionnelles qui empêchent un Président « élu » et en exercice, de rempiler pour un hypothétique 3e mandat successif.

L’acharnement de nombreux dirigeants à la tête des Etats en Afrique à s’y accrocher, quel qu’en soit le prix, dénote une relation pathologique avec le pouvoir au point de faire oublier sa véritable vocation : le service. Servir, en effet, est fondamentalement le sens primordial qu’il faille rattacher à l’exercice de toute fonction publique, et non le contraire qui tend à vouloir se servir.

Aussi, est-elle frappante, la lâcheté avec laquelle se dérobe face à leur responsabilité, la cohorte des courtisans chauffés à blanc pour soutenir, bec et ongles, le Président dont il réclame la propriété, oubliant le caractère public et national de son mandat.

Au demeurant, c’est l’attitude du Président de la République, lui-même concerné au premier plan, qui blesse la noblesse de l’élégance ou des convenances républicaines. De même, qu’il manque visiblement de courage pour assumer son choix intime, d’autant que –personne n’est dupe- toute la ferveur qui agite les milieux qui lui sont proches, procède de sa volonté personnelle. C’est lui qui veut de ce 3e mandat, et qui du fait des verrous constitutionnels stimule la fibre sentimentale de quelques parents et amis fanatisés pour leur faire porter la démarche visant à jeter aux orties une Constitution devenue encombrante.

Comment, autrement, comprendre que Monsieur Sassou Nguesso Denis, Président de la République, chef de l’Etat, qui incarne l’unité nationale et veille au respect de la constitution et au fonctionnement régulier des institutions publiques, se livre-t-il à ce « jeu d’échec » extrêmement risqué, pour peu que l’on se montre lucide pour le voir, et expose tout un peuple à une déflagration socio-politique, avec toutes les conséquences dramatiques qui couve sous le couvert brulant du projet de changement de Constitution ?

Les récentes consultations sans contenu explicite cache mal le caractère manipulatoire des opinions pour arriver aux mêmes fins. L’astuce est dans la méthode. Elle consiste à tourner autour du pot jusqu’à l’usure de la patience collective.

A en croire les médias d’Etat qui excellent dans l’art et le génie de la propagande, Monsieur Sassou Nguesso Denis est un Président aimé par son peuple, un bâtisseur infatigable en passe de gagner le pari de l’émergence, un homme d’expérience du haut de ses 32 ans d’exercice du pouvoir en tant que chef de l’Etat, élevé au rang de sage d’Afrique, etc…

A ces divers titres, pourquoi ne prend-t-il pas le courage d’annoncer à la Nation que son profond désir est de conserver le pouvoir au-delà de 2016, terme prévu par sa propre Constitution qui limite la possibilité de briguer un troisième mandant successif ? Lui, qui dispose de l’administration publique, des armées, de la diplomatie et de tous les autres moyens d’Etat, de quoi a–t-il peur, si en conscience, il est persuadé que le Peuple lui porte un amour fou et débordant, comme semble le montrer les scènes de liesse, savamment organisées, lors de ses apparitions publiques ?

Non, la question n’est plus de savoir si oui ou non les congolais aiment leur Président. Qu’il ait bien travaillé ou non, il s’agit de respecter les règles établies et acceptées par tous. Monsieur Denis Sassou Nguesso, Président de la République, sait que le Peuple n’est pas prêt, en réalité, à lui accorder cette faveur de plus, qu’il appréhende ce moment où il lui faut avouer son caprice. Des débats presqu’inutiles, puis d’étranges Consultations se succèdent sans parvenir à lever toute l’ambiguïté sur la démarche.

Mieux, la société congolaise dans toute sa diversité culturelle, sociale, professionnelle, politique et bien plus, ne peut se sentir représenter par celles et ceux des invité(e)s qui défilent sur le perron du Palais de la Présidence de la République dans le cadre des consultations présidentielles officiellement consacrées à « l’état de la Nation et de l’Etat », mais curieusement réduites à la question outrancière du changement ou non de la Constitution.

Ainsi, n’est-il pas étonnant que le (la) jeune étudiant(e) de mon quartier ne comprenne pas pourquoi la question de la Constitution devrait passer en priorité avant le traitement des conditions d’études à l’Université de Brazzaville et le retard accumulé sur le règlement de sa bourse d’études. Déjà, la jeunesse de ce pays se demande pourquoi le chômage dont elle souffre depuis des mois, voire des années ne préoccupent pas plus les dirigeants de ce pays, pour réserver exclusivement au sort de la Constitution, la seule et unique priorité de la Nation et de l’Etat. Aussi, la Grand-mère de mon voisin de palier admise au CHU de Brazzaville ne réalise-t-elle toujours pas en quoi « l’état de la Nation et de l’Etat » se résume à l’urgence d’un 3e mandat pour le Président de la République, alors que le service des Urgences manquent de tout, jusqu’à la petite seringue pour lui administrer les premiers soins pendant qu’il lutte contre la mort. Dans quelques années, le petit garçon ou la petite fille en train de naître et qui n’est pas moins congolais(e) que quiconque d’entre nous, nous reprochera à nous autres adultes d’aujourd’hui, qu’on ait privilégié les batailles pour la conservation ou la conquête du pouvoir d’Etat, au lieu de réfléchir sur les solutions propres à lui garantir le meilleur cursus scolaire, universitaire et professionnel dans un monde qui se complexifie avec le poids de la mondialisation, et j’en passe.

Il est temps de remettre au centre des préoccupations, la vie et les soucis de chaque congolais et de chaque congolaise, seule motivation qui vaille pour justifier l’exercice des fonctions publiques à quelques niveaux  que ce soient.

Il est temps de mettre un terme à cette discussion indigeste qui, à tout point de vue, ne concerne qu’un citoyen, un homme, une personnalité que l’histoire a bien servie en le hissant à la plus haute marche de la hiérarchie sociale, avec un record de longévité qui restera probablement inégalable.

Il est fini le temps où nos peuples embrigadés ont été pris pour des « troupeaux malléables à souhait ». C’est fini le temps où ceux qui ont causé les principales guerres civiles dans notre pays continuent de se convaincre que ce sont eux qui vont nous apprendre la paix au Congo, alors que bien avant eux, nous savions construire notre paix.

Il nous incombe désormais, à nous forces d’opposition, démocrates et républicains, organisations et diverses personnalités de la société civile capables d’intelligence et de discernement, de cesser d’alimenter cette rengaine au goût salé de dépravation des mœurs et de corruption de la haute valeur morale.

Si, à l’évidence, le pouvoir de Brazzaville et toutes ses émanations, s’accrochent parce que craignant pour leur liberté après 2016, du fait de leur responsabilité dans le cadre de la gestion des affaires de l’Etat ou des actes posés par les uns et les autres de nature à intéresser la Justice, notamment, la politique est faite aussi pour résoudre des situations de cette nautre, sans toutefois compromettre l’intérêt général.

Pour le reste, l’Etat et la Nation -s’appuyant sur les compétences de ces filles et fils – sauront trouver les solutions qui conviennent pour des élections sereines et démocratiques en 2016 et 2017, réfléchir pour répondre au chômage de masse qui cerne les jeunes, offrir de meilleures conditions d’accès à l’éducation, au soins de santé, à l’eau potable, à l’électricité,… Bref, construire le bien-être de tous.

Il ne faut pas être naïf. On ne peut pas se jouer d’un peuple aussi longtemps et penser qu’il n’y aura pas de retour. Le problème avec ceux qui exploitent la naïveté d’un Peuple, c’est qu’ils deviennent eux-mêmes naïfs avec le temps, car ils pensent que rien ne changera.

Par Félicien Wilfried DIABELO KIVOUVOU

Président de la Conscience Libre (LCL)

Contact mail : consciencelibre.2013@yahoo.fr

Brazzaville, le 27 mai 2015.

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4 réponses à Congo-Brazzaville : Les gesticulations d’un Pouvoir usé en manque de courage. Par Wilfried KIVOUVOU

  1. NTEMBE YA POCHI dit :

    Pour mon compte, je pense très sincèrement que la jeunesse congolaise ne sera plus dupe pour se laisser entraîner comme des girouettes sans ambitions ni visions.
    Nous avons besoin d’un Congo renouveau, donc qu’ils dégagent!

  2. Le Comte de Mpouya dit :

    De quelle jeunesse parlez vous? Celle du PCT chauffée à blanc qui organise des meeting au palais du peuple pour demander le changement de la constitution? Celle qui a échoué dans ses études et qui n’aspire qu’à être les portes valises des voleurs de la république?

    Depuis la JMNR, l’UJSC et maintenant la Jeunesse montante,cette jeunesse a été toujours élèvée et instrumentalisée par la PCT, parti de tous les arrivistes du Congo. Cette jeunesse là est une reproduction de tous les arrivistes qui peuplent le PCT qui a râté sa transformation et a failli s’éclater en 2008.

    Pour ne pas avoir règlé le sort de ce parti lors de la conférence Nationale Souverraine disant que que Mgr Kombo n’ a pas rendu service aux Congolais car il fallait percer l’abcès PCT et règlé son compte une fois pour toute en faisant correctement son procès( mort de Ngouabi et toutes les tueries au petit matin etc etc). En coupant seulement leurs queues et en les laissant courrir avec leurs têtes, ces serpents sont revenus mais en plus dangereux pour le Congo.

    Aujourd’hui, le problème du Congo n’est pas dans les mains de la jeunesse qui est courageuse, il leur manque seulement des leaders qui peuvent être leur porte drapeau.

    Beaucoup de nos opposants ne le sont que de façade car soucieux de leur bien être car je ne peux comprendre que militant d’un parti, de surcroit au bureau politique, ce militant puisse aller se prosterner chez Sassou foulant au pieds les décisions arrêtées de commun accord au parti.

    Non il y a une jeunesse, la vrai qui n’attends que le signal et si quelqu’un tombe ce jour là, eh bien nous verrons ce que deviendront le PCT et tous ceux qui veulent s’assoir sur la constitution. FROCAD,Mierassa, nous serons avec vous ce jour là ainsi que tous les Républicains qui aiment le Congo. N’ayez peur, le PCT et les siens ne tueront pas tous les Congolais le même jour.

  3. AH MITSOTSO NDEMBANé YHAYA dit :

    Ni bouna-kwa bou ta-ta.

    Hé!

  4. Pendant la conférence nationale monseigneur kombo paix à son âme il n’a pas rendu service aux peuples il fallait en finir avec le pct de sassou avec tout ces crimes qu’il avait commis il allait être en prison avec tout ces parents. Et voilà il nous. Fait souffrir

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