CÉLÉBRATION DE LA PHRATRIE : QUE DE BONS ET BEAUX SOUVENIRS AVEC MON GRAND-FRÈRE DONGALA AVEC JAZZ ET VIN DE PALME

La célébration de la phratie s’est tenue du 28 au 31 octobre 2025 à Brazzaville dans l’enceinte du l’Institut français du Congo. Spectacles, lectures, slam, projection, tables rondes et expositions ont été de la partie.  A cette occasion j’ai pu rencontrer de nouveau le seul « baobab-écrivain » qui nous reste après la disparition de Sylvain Bemba. Cinq autres figures emblématiques en dehors de ce dernier ont été à l’honneur : Sony Labou Tansi, Emmanuel Dongala, Henri Lopes, Jean Baptiste Tati Loutard, Tchicaya U Tam’si. Comme ça été beau de rigoler encore avec Emmanuel Dongala, lui rappelant encore et encore le petit et succulent livre Jazz et vin de palme que nous faisions venir de Paris par l’intermédiaire de nos parents et amis stewards d’Air Afrique à cette époque car censuré par le Parti Congolais du Travail.

Longtemps mis à l’écart par la censure de l’époque car naviguant dans le bateau du monopartisme, Jazz et vin de palme était enfin accepté par les réalités du pluralisme démocratique dans lequel s’était mis notre Congo après la Conférence nationale.

Jazz et vin de palme, publié aux éditions Hatier en 1982, est un recueil de huit nouvelles qui se lit facilement car son cours narratif épouse la réalité sociopolitique de l’époque et dont le point culminant est la satire politique. Emmanuel Dongala dénonce, sans fausse honte, les vices et défauts de la société congolaise d’alors. Le miroir sociopolitique dans Jazz et vin de palme reflète essentiellement les hommes politiques et plus précisément les militants du socialisme scientifique dans lequel était plongé son Congo à l’époque où il avait écrit son roman, socialisme souvent en contradiction avec les réalités sociales des années d’avant le pluralisme démocratique.

Satire, réflexion sur l’intellectuel africain qui se trouvait gagné par les idées marxistes-léninistes tout en étant à certains moments accrochés à son « authenticité » africaine, tels sont les deux idées principales qui se dégagent dans ce recueil de nouvelles dont la pièce maîtresse serait le texte intitulé « L’étonnante et dialectique déchéance du camarade Kali-Tchikati » qui développe le thème de la sorcellerie en dénonçant l’hypocrisie des cadres révolutionnaires africains ; c’est l’histoire d’un marxiste-léniniste convaincu (il a étudié les sciences sociales à Moscou) qui veut donner des explications scientifiques à ses problèmes liés à la réalité socioculturelle africaine.

Kali ne comprend pas pourquoi sa femme qui n’est pas physiologiquement stérile n’arrive pas d’avoir d’enfant malgré les traitements médicaux des grands spécialistes. Tout va s’arranger quand celui-ci va demander pardon à ses parents qui ne voulaient pas de cette femme au début de leur union.

Fervent militant du parti, Kali-Tchikati est à l’origine de l’exclusion d’un camarade pour « avoir demandé pardon » à un parent mort car cela est incompatible à l’idéologie marxiste : « Lorsque Kali Tchikati apprit par la suite qu’un membre éminent du parti avait pris part à cette cérémonie(funéraire), il piqua une autre colère, convoqua la Commission de vérification du parti et l’homme fut exclu pour fétichisme et pratiques occultes, puis lynché verbalement à la radio » (p.22).

Jazz et vin de palme est un livre qu’il faut lire car quelques-uns de ses textes mettent à nu une Afrique qui essaie de se reconstruire depuis son entrée dans le pluralisme démocratique. Mais on remarque que certains dirigeants politiques veulent encore s’accrocher à un système moribond en modifiant les Constitutions pour se maintenir au pouvoir, s’adossant à la dictature d’une minorité, système qui s’essouffle pour la naissance d’un vrai développement d’une démocratie intégrale conséquente.

Noël Kodia-Ramata

Diffusé le 23 novembre 2025, par www.congo-librty.org

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Une réponse à CÉLÉBRATION DE LA PHRATRIE : QUE DE BONS ET BEAUX SOUVENIRS AVEC MON GRAND-FRÈRE DONGALA AVEC JAZZ ET VIN DE PALME

  1. Suzie dit :

    C’est un livre formidable, heureuse de voir qu’il est toujours apprécié au pays

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