Par Dieudonné ANTOINE-GANGA
La fête de l’indépendance de notre beau pays, le Congo, sera célébrée, comme d’habitude, le 15 Août. Cette fête nationale, la seule qui compte réellement comme célébration d’un événement identitaire pour la République du Congo dont nous célébrerons les 65 ans, soit un demi-siècle plus quinze ans, ne devrait être célébrée autrement que dans un esprit d’union nationale et de paix véritable et non de paix de slogan, de paix vernissée. La fête devrait être aussi belle partout, de Liranga à Boko, de Kakamoueka à Ouesso, de Brazzaville-la-Verte à Pointe-Noire, Ponton la belle, de Dolisie à Owando, etc. Une grande effervescence devrait s’emparer de Brazzaville et de toutes les capitales départementales. Aussi les principales artères devraient être en cours de réhabilitation, les abords des voies libérés des occupations anarchiques, et les opérations de salubrité se multiplier. Des travaux d’aménagement, des nettoyages intensifs devraient rythmer désormais en ce début du mois d’août le quotidien des habitants. Bref ! Nos villes et capitales départementales devraient se refaire une beauté pour offrir à tout le monde, un visage digne de l’événement.
Nul n’est besoin de rappeler qu’à travers la fête du 15 août le peuple congolais célèbre chaque année, sa naissance, c’est-à-dire la transformation d’un territoire aux multiples visages ethniques conglomérés par l’intérêt colonial en une structure géopolitique bâtie autour de l’intérêt unique du développement social et économique de tous ceux qui la constituent, malgré la diversité qui les caractérise. Nos Présidents successifs, Abbé Fulbert Youlou, Alphonse Massamba-Débat, Marien Ngouabi, Joachim Yhombi-Opango, Pascal Lissouba et Denis Sassou-Nguesso, ainsi que, l’Honorable Jean-Félix Tchicaya et les Vices Présidents Jacques Opangault et Stéphane Tchitchelle, en dépit de leurs différences et divergences, avaient et ont fait de ce projet un engagement commun. Aucun parti politique, aucune région, aucune tribu ou aucune ethnie, aucun chef politique ne peut se l’approprier. L’événement que rappelle cette célébration s’inscrit de façon positive dans la mémoire collective. Il est positif de deux façons. Il est positif en tant qu’un fait avéré, s’affirmant dans l’histoire et établissant les conditions d’existence du pays dans le concert des nations. Il place les dirigeants du pays, ainsi que toute la population congolaise, face à leurs responsabilités historiques que sont celles du développement et de la poursuite du bien-être de toute la population, sans exception, suivant les valeurs d’Unité, de Travail et de Progrès. En tant qu’historique, la naissance de la nation congolaise dépasse les aspirations de ceux qui ont promu son indépendance, puisque se bâtissant dans la continuité, elle incarne les rêves de toutes les générations, y compris de celles qui n’étaient pas encore nées le 15 août 1960. Elle soumet à ses exigences d’édification toutes les couches sociales et toutes les générations. Cet événement tire aussi son caractère positif du fait qu’il constitue un événement créateur, et non destructeur, de la nation. Notez l’apposition : créateur, et non destructeur. Elle insinue ainsi un rejet des comportements barbares qui, au cours de l’histoire, ont contredit l’idée de nation et qui, par conséquent, ont détruit l’harmonie, la paix et l’union nationales, au profit des intérêts personnels, politiciens, tribaux, claniques et égocentriques, comme les malheureux et tragiques événements de 1958 à Brazzaville, de 1988 dans la forêt d’Ikonongo dans le département de la Cuvette, de 1993 entre les Koongos et les Tékés des départements du Pool et ceux de la Bouenza, du Niari et la Lékoumou, ou bien, ceux de 1998 dans le département du Pool.
A mon humble avis, la fête du 15 août ne doit pas manquer de susciter en nos modestes personnes, des interrogations sur l’avenir du Congo, notre beau pays. Car une fête aussi particulière que celle de l’indépendance présente toujours des opportunités d’affirmer une volonté de bâtir l’édifice national, en y associant aussi nos compatriotes défunts. En effet, j’espère que des gerbes de fleurs, seront déposées, la veille du 15 août, par les membres du gouvernement, sur les tombes du premier Président de la République, l’Abbé Fulbert Youlou, des Présidents Marien Ngouabi et Jacques Joachim Yhombi Opango, puis comme cela se faisait dans le temps, aux stèles ou aux monuments des morts sis aux cimetières du centre-ville, de la Tsiémé, d’Itatolo et de Moukounzi-Ngouaka. D’où ma demande permanente au gouvernement, en ma qualité de citoyen et de diplomate par essence, ministre de paix dont le premier devoir est de se comporter toujours en conciliateur, en agent de concorde et d’apaisement, n’en déplaise, de construire un cénotaphe pour le Président Alphonse Massamba-Débat et une stèle ou un monument pour honorer la mémoire de tous nos Présidents défunts et sur lesquels, l’on irait déposer des couronnes de fleurs en leur souvenir, quoiqu’ils aient fait ; surtout qu’aucune œuvre humaine n’est parfaite, l’erreur étant humaine. Ce qui serait un grand symbole de pardon, car pardonner est une action plus noble et plus rare que celle de se venger. Le pays et le peuple en gagnerait beaucoup. En outre, le pardon est la condition première de la réconciliation, dans les relations entre les hommes. Un Congo où on éliminerait le pardon serait un monde de justice froide et irrespectueuse, au nom de laquelle chacun revendiquerait ses propres droits vis-à-vis de l’autre.
J’espère aussi que nos Autorités dont le Maire central et les Maires des arrondissements décrèteront le désherbage et l’entretien de nos cimetières en raison du 65ème anniversaire de l’indépendance. Dans ma culture koongo, en effet, le cimetière inspire du respect. La protection des morts est pour les Koongos, la meilleure garantie du clan, de la famille et du village. Car les morts sont censés veiller en permanence sur les vivants et partout. Les vivants se sentent en sécurité quand ils ne rejettent pas les morts. A ce propos, n’oublions jamais que « les morts sont des invisibles, mais non des absents », comme l’a affirmé Victor Hugo. Nous avons, en effet, le devoir envers nos défunts, de garder le souvenir de leur mort et nous devons aussi nous souvenir de leur vie. Leur héritage doit nous aider, nous les Congolais, à consolider la foi dans un avenir de paix, libre de tribalisme, de clanisme, d’égocentrisme, d’exclusion et de haine. La réussite de la Démocratie et de la Paix ne dépend pas seulement des élections libres ou des politiques gouvernementales. Elle dépend surtout de l’intériorisation des valeurs démocratiques, des valeurs de nos coutumes et de notre culture dans les cœurs du peuple congolais, dans son esprit et dans la vie de chaque jour. Pour le Congo, il s’agit de construire une véritable nation aussi avec nos défunts. Un peuple qui n’honore pas ses morts est un peuple pauvre frisant la malédiction.
La célébration de la fête de l’indépendance de notre pays, doit être aussi l’occasion de faire notre examen de conscience aux fins de plus de responsabilité, comme nous y a souvent invités le Président de la République. Qu’avons-nous fait pour consolider l’unité de notre peuple ? Qu’avons-nous fait pour promouvoir le développement économique de notre pays ? Qu’avons-nous fait pour fructifier et maintenir les structures économiques léguées par nos anciens Présidents, comme le C.F.C.O., épine dorsale de notre pays, ou comme les entreprises telles que l’usine textile de Kinsoundi, Socodi, Impreco, Chacona, Socavilou, Huilka, l’A.T.C., l’OFNACOM, l’ONCPA, l’usine de Mansumba, l’usine de Betou, la CIDOLOU (cimenterie domaniale de Loutété), SOCODI, etc. ? Quel bilan de nos 65 ans d’indépendance ? Des résultats économiques flatteurs ? Un taux d’endettement alarmant ? Un niveau de corruption obscène ? Une misère galopante et révoltante ? Une jeunesse aux abois, désœuvrée, abandonnée à elle-même, aux yeux hagards, ressemblant à des navires voguant sans boussole et sans radar, une jeunesse ne sachant plus à quel saint se vouer ?
Que devons-nous faire maintenant pour prodiguer à nos compatriotes, les soins les meilleurs dans nos hôpitaux, pour leur donner une bonne éducation scolaire et universitaire, pour donner du travail à nos jeunes diplômés, pour rendre tout court, notre peuple heureux ? Que devons-nous faire pour lutter contre la misère ? « La misère est l’œuvre des hommes et seuls les hommes peuvent la détruire. La misère est une violation des droits de l’homme et une atteinte à la dignité humaine. La lutte contre la misère est un devoir sacré fondé sur le respect de l’égale dignité de tous les êtres humains. Là où des hommes sont condamnés à vivre dans la misère, il faut s’unir pour la combattre, la refuser et résister à l’inacceptable. » dixit Joseph Wresinski.
Que devons-nous faire pour que notre pays ne devienne pas un pays où le désir effréné de posséder et de transformer les biens matériels en idoles, serait légion ? Si nous le voulons, nous pouvons nous tous. Avons-nous la volonté ? Comme l’affirmait Nelson Mandela « grâce aux efforts conjoints des hommes, l’injustice peut être vaincue et nous tous pouvons connaître une vie meilleure. » Ne dit-on pas que là où il y a une volonté, il y a une route ? Alors agissons pour le meilleur de notre peuple en lui donnant la priorité. Ayons la volonté de faire nôtre, cette pensée du regretté Premier Ministre André Milongo « Ma conception du pouvoir n’est pas celle du pouvoir pour le pouvoir, pour m’ouvrir les vannes de l’enrichissement, par la rapine de l’Etat mais celle de servir le peuple qui m’aura accordé ses suffrages. »
Enfin je reste convaincu que notre pays peut retrouver sa grandeur et son unité sans que l’on ne construise entre nous, les Congolais, des murs de haine, d’exclusion, de tribalisme et des préjugés.Enfin je nous exhorterais d’être des artisans et des partisans de la paix. Car tout artisan et partisan de la paix, doit d’abord aimer son pays avant toute autre chose. Car « aimer son pays, c’est se mettre à son service, c’est répondre à ses besoins qui vont dans le sens du bien commun, c’est lui souhaiter tout le bien possible et imaginable. » dixit l’Abbé Louis BADILA. L’injustice peut se réparer, mais le désordre, non. Ce qui importe c’est le Congo. Les régimes passent et passeront ; tout passe et tout passera ; mais ce qui demeure et demeurera, c’est notre Nation, le Congo dans l’Unité, le Travail et le Progrès. BONNE FETE.
Dieudonné ANTOINE-GANGA
Ancien Ministre des Affaires étrangères du Congo-Brazzaville
Diffusé le 12 août 2025, par www.congo-liberty.org
@ Mr Nganga.Ne faites pas partie volontairement, involontairement ou par omission de ces cadres congolais qui observent depuis 1968 les agents locaux de l’impérialisme déguisés en faux révolutionnaires, faux socialistes et faux communistes tuer les paisibles citoyens congolais,voler et détruire le Congo sur tous les plans.Vous devrez être l’un des cadres de notre pays avec son pèlerin en mains pour guider notre peuple en particulier ces congolais qui ont perdu leur repère.
Votre devrez être l’un des narrateurs de la vérité de la condition de vie de notre peuple et conscientisareurs.Parler de l’indépendance du Congo alors qu’il ne l’est pas c’est perpétuer ce mensonge,cette escroquerie et ce mépris des oppresseurs du peuple Congolais.
Le Congo pays anormal et sous joug du colonialisme.Voila la vraie vérité.