CONGO-B : SI L’ON PARLAIT DE NOS ENFANTS ET DE NOS JEUNES. Par Dieudonné Antoine GANGA.

Enfant soldat au Congo-Brazzaville (juin 1997)

Tout le monde s’en plaint et ne fait rien pour « rectifier le tir ». Beaucoup de nos jeunes ont dérapé, disent-ils. D’aucuns abandonnés à eux-mêmes sont devenus des enfants de la rue. D’autres se sont constitués en gangs de brigands de grands chemins et de malfaiteurs : les koulounas, les arabes, les américains, les bébés noirs etc. Ce, par la faute de qui ? De nous les parents d’une part et de l’État d’autre part qui avons fui nos responsabilités. Pourtant nos Pasteurs et nos Chefs d’État à l’instar de Monseigneur Barthélémy Batantu et du Président Alphonse Massamba – Débat avaient attiré notre attention sur ce laisser-aller, sur cette pente que nous suivions et que nous continuons à suivre, nous et nos enfants. 

Voici par exemple ce qu’ils ont dit, il y a quelques années, l’un et l’autre à ce propos :

A/ Monseigneur Barthélémy, ancien archevêque de Brazzaville :

 « Si nous nous entrainons à suivre la pente morale actuelle, notre société congolaise risquera de se désintégrer progressivement parce qu’elle n’arrivera plus à la longue à respecter l’intimité des individus qui la composent. Il faut cultiver en soi et autour de soi les vertus humaines de la dignité, de l’honnêteté, du respect, de la franchise, de la tolérance, de la maitrise de soi, de la persévérance et de l’amour et les vertus spirituelles de la piété, de la foi, de l’espérance et de la charité. Car aimer, c’est d’abord se donner et penser à l’autre, au lieu de se refermer sur soi. »

B/ Le Président Alphonse Massamba – Débat :

« J’en appelle à la conscience des adultes et des parents, qui ont littéralement démissionné de leurs obligations sociales et civiques envers leurs enfants, d’avoir à se ressaisir pendant qu’il n’est pas trop tard, pour les élever et les éduquer dans la bonne voie, en conjuguant leurs efforts avec ceux du Parti et de l’École. Il ne faut pas laisser les jeunes à la débandade, il ne faut pas les abandonner à eux-mêmes, on n’a jamais vu dans aucun pays du monde, des jeunes bâtir eux seuls leur avenir, ils ont droit au concours de leurs parents et des adultes et ceux-ci ont non seulement la faculté mais l’obligation civique de les aider. Si nous les livrons à eux-mêmes nous en récolterons les résultats. En effet par suite de leur inexpérience, ou de l’intrusion dans leurs rangs de quelques polissons, de quelques égarés de mauvaise foi, ils seront inévitablement enclins à s’écarter des voies de la décence et de la dignité, et à commettre des choses viles dont nous sommes souvent les premiers à les blâmer. Sachons qu’ils doivent un jour travailler et fonder un foyer. Donnons-leur une éducation en conséquence. Et cette éducation ne concerne pas seulement le Parti et l’État, mais bien tout le peuple. 

Je sais qu’une fraction, infime d’ailleurs, de la jeunesse est parfois arrogante, fanfaronne, cela est souvent le résultat d’une instruction mal assimilée ou peut-être de la mauvaise interprétation de la doctrine révolutionnaire qui peut leur donner, dans ces conditions, des airs quelque peu égarés mais c’est souvent le manque d’éducation familiale qui a plongé cette fraction dans cette voie. Je sais aussi que cette arrogance s’accompagne parfois de mépris injustifié vis-à-vis des vieux ou de tous les adultes, j’admets aussi qu’une certaine déviation dangereuse pousse certains à ne parler de la Révolution qu’en terme de jeunesse, comme si elle ne concernait que cette seule couche de la population, qui est sans doute la plus dynamique, mais ne saurait se prétendre imbue de la science infuse pour mener à elle seule l’action révolutionnaire de son pays.

Mais cette situation est précisément créée ou aggravée par l’attitude négative qu’observent les adultes et les parents devant ces jeunes. Ce n’est pas en fuyant vos responsabilités d’ainés et de parents que vous allez régler ce problème particulièrement préoccupant. Ce n’est pas en criant : « ces jeunes sont trop insolents » que vous allez enlever cette insolence ou « ces jeunes sont trop indisciplinés » qu’ils apprendront la discipline. Ce n’est pas en vous lamentant : « quand nous étions jeunes, nous n’étions pas comme eux » que vous pourrez changer leur conduite. C’est en les éduquant en leur donnant de bons conseils qui aident tout homme à s’intégrer heureusement, sans trop d’ennuis dans la société, que vous obtiendrez quelques résultats. Il faut le faire avec patience, fermeté et esprit de sacrifice. Avec l’éducation pensez à leurs conditions matérielles et agissez en faveur de toutes solutions qui peuvent les améliorer en participant vous-mêmes, personnellement, à cette amélioration… »

Les propos de Monseigneur Barthélémy Batantu et du Président Alphonse Massamba – Débat, qui nous interpellent, restent d’actualité. Puissent-t-ils nous rappeler à l’ordre, nous les parents, les hommes politiques et les éducateurs qui, comme l’a dit Saint Jean-Paul II « avons enrôlé dans les milices armées, nos jeunes que nous avons contraints à combattre pour des causes qu’ils n’ont pas toujours comprises ; ces jeunes, entrainés dans une véritable culture de la violence, suivant laquelle la vie compte peu, et tuer ne parait pas immoral ».  

Qui a enrôlé nos jeunes dans les milices Ninjas, Cobras, Cococoyes ? Dans quel but ?  Qui a fait que nos jeunes, nos enfants deviennent des bébés noirs, des Koulounas, des Américains, des Arabes, des enfants de la rue, des délinquants, des voleurs pickpockets ? Regardons-nous dans le miroir. C’est bel et bien nous, leurs parents et leurs ainés qui, en privilégiant nos privilèges et nos égoïsmes, avons oublié ce beau conseil de notre compatriote M. Badinga : « L’enfant est comme une plante ; il faut l’entretenir avec suffisamment d’attention et beaucoup de patience. » ou cette pensée de Montesquieu « La vertu des citoyens fonde la démocratie. »

Enfin je voudrais affirmer avec le Président Pascal Lissouba : « Le fait que certains hommes soient dépassés par les événements ne doit pas leur ôter leur responsabilité dans le naufrage dont ils sont les premières victimes. » Qui dirait mieux ?

J’ai dit.

Dieudonné ANTOINE-GANGA

Ancien Ministre des Affaires étrangères 1992

Ancien ambassadeur du Congo à Washington (USA) et à Addis Abeba (Éthiopie)

Diffusé le 05 juin 2020, par www.congo-liberty.org    

Mieux nous comprendre pour mieux nous aimer aux fins de raffermir l’unité nationale. Par Dieudonné Antoine GANGA.

Ce contenu a été publié dans Les articles. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Une réponse à CONGO-B : SI L’ON PARLAIT DE NOS ENFANTS ET DE NOS JEUNES. Par Dieudonné Antoine GANGA.

  1. Belvis dit :

    le phénomène bébé noir c’est un virus qui touche la jeunesse congolaise la faute a l’Etat congolais qui pour moi est un cartel et aux parents irresponsable je connais des quartiers a Brazzaville qui sortir a partir de 19h c’est impossible où l’autorité de l’Etat car parmi les forces de police en trouve aussi des américains et arabes

Laisser un commentaire