Encore une énigme pétrolière du Sphynx Gokana . Par RIGOBERT OSSEBI

Gokana Putine Sassou

Le sphinx était une figure de la mythologie égyptienne, puis grecque. Dans cette dernière, la créature à la tête d’homme et au corps de lion arrêtait les passants qu’elle dévorait quand ils ne pouvaient résoudre ses énigmes.

Au Congo, nous connaissons aussi des Sphynx qui, avec ou sans la moindre énigme, nous dévorent déjà. Venu de Boundji, nous avons Denis Gokana le créateur de Sphynx UK et Sphynx Bermuda puis d’Africa Oil and Gas Corporation (AOGC) des sociétés mythiques du négoce pétrolier ; compagnies fictives pour des cargaisons fantômes ou pas. Au cœur des batailles avec les fonds vautours, il y a quelques années, l’actuel président de la SNPC est maintenant pris au piège avec la société pétrolière ENI, dirigée par l’ami Claudio Descalzi, dans une transaction curieuse : une prise de participation de près de 10% dans quatre permis pétroliers détenus par ENI.

Cette opération a été décrite récemment dans le très sérieux Times de Londres (traduction ci-dessous). Denis Sassou Nguesso y est encore présenté comme l’un des leaders les plus corrompus d’Afrique. ENI quant à elle apporte une réponse pas très convaincante à la question de la présence de Denis Gokana dans le capital d’AOGC ; ce qui serait extrêmement répréhensible au regard des lois européennes et américaines.

A Brazzaville, il est de notoriété publique qu’AOGC appartient à Denis Gokana. ENI, dont le Directeur Général est le très congolais Claudio Descalzi, malgré la réponse apportée au journaliste Marcus Leroux du Times, connait parfaitement cette réalité.

Selon nos informations, ENI aurait fait une déclaration spontanée à Global Witness UK que cette cession partielle dans les quatre permis congolais lui a été imposée par le pouvoir dictatorial congolais. ENI en aurait fait de même avec le très offensif Parquet de Milan en Italie, pour tenter de se couvrir également. Cela suffira-t-il pour exonérer la compagnie italienne de tout soupçon de corruption ?

Il n’y a aucune trace sur le site officiel du pétrolier italien de cette transaction. Le montant semble devoir rester secret, comme toutes les affaires pétrolières congolaises dont le maitre absolu est Kiki l’héritier autrement dit Denis Christel Sassou Nguesso.

Ces 10% seront-ils cédés au Qatar (1), qui avait « officiellement » payé 1,5 milliard de dollars pour les 15% dans Total Exploration Congo, après une augmentation conséquente du prix d’achat ?

Ou bien cette participation, comme on le chuchote, sera rétrocédée à ENI après une très confortable plus-value de deux ou trois fois la valeur d’achat ?

Denis Sassou Nguesso et tous ses petits et grands piranhas ont fait leur une expression courante française pour décrire une prétention financière excessive, « le beurre et l’argent du beurre », en l’adaptant à leur environnement : « le pétrole et l’argent du pétrole ! »

Décidément, un pouvoir fou qui ne connaît plus la moindre limite dans sa soif et dans sa faim de prédation !

Rigobert OSSEBI

(1) Sans aucun bénéfice pour le Trésor Congolais mais dont le Tyran a dû largement profiter en autorisant la signature.

ENI cède des participations dans des gisements de pétrole congolais à une entreprise privée

ENI a cédé des participations dans quatre gisements de pétrole congolais à une entreprise privée

liée au président de la compagnie pétrolière nationale.

Le groupe italien a réduit sa participation dans quatre champs pétroliers en production lorsque ses permis ont été renouvelés, un enjeu complaisant jusqu’à 10 pour cent pour Africa Oil and Gas Corporation, une société privée fondée et apparemment dirigée par Denis Gokana, président de la compagnie pétrolière nationale de la République de du Congo (SNPC) et Conseiller pétrolier de son président.

Denis Sassou Nguesso, le président qui a dirigé le Congo (Brazzaville) depuis qu’il est sorti de la guerre civile en 1997, est accusé par des activistes d’être parmi les leaders les plus corrompus d’Afrique. L’entourage du président Nguesso a accumulé $ 400 000 dans les factures d’hôtel pendant deux visites à New York en 2005 et 2006 et la police française, enquêtant sur des biens acquis avec le produit de la corruption, a récemment trouvé des valises remplies d’argent dans l’appartement de son neveu, selon Mediapart, un site d’investigation français.

Cette semaine le Congo, qui dépend des revenus du pétrole pour les trois quarts environ de ses recettes, accueille l’Initiative pour la Transparence des Industries Extractives, un organisme qui vise à renforcer la compétence comptable dans les pays riches en ressources. Elle a été lancée par Tony Blair et est présidée par Clare Short, l’ancien ministre du Travail.

Le Congo est beaucoup plus riche que son voisin du Nord, la République démocratique du Congo, et il a obtenu le statut ITIE il ya deux ans, mais les questions entourant les champs pétroliers d’ENI suggère que son industrie dominante est loin d’être transparente.

AOGC a été fondée par M. Gokana en 2002. Elle a été auparavant utilisée comme une entreprise « fictive » pour vendre du pétrole congolais dans le dos des créanciers du pays, comme la Haute Cour l’a jugé dans une décision de 2005. M. Gokana était l’unique propriétaire de l’AOGC à cette époque.

Interrogé par le Times, à savoir si M. Gokana était à la tête de l’AOGC ou un actionnaire, une porte-parole d’ENI a déclaré dans un communiqué: « Selon les registres de la société de l’AOGC au moment de la délivrance des nouvelles licences, MrGokana [n’était pas] un actionnaire de l’AOGC et nous n’avons la preuve qu’il est un actionnaire de cette société aujourd’hui ».  ENI est à 30 pour cent détenue par l’Etat italien.

AOGC n’a pas répondu à une question sur ses actionnaires.

Marcus Leroux

(Traduction Rigobert OSSEBI )

http://www.thetimes.co.uk/tto/business/industries/naturalresources/article4410193.ece

Diffusé le 29 avril 2015, par www.congo-liberty.org