Après la poliomyélite plus de 480 cas de l’épidémie du Chikungunya à Brazzaville

BRAZZAVILLE, 11 juin

Plus de 480 cas d’une épidémie du Chikungunya ont été enregistrés depuis quelques jours dans les quartiers sud de Brazzaville, a annoncé samedi sur Radio-Congo (officielle) le directeur général de la santé au Congo, le Pr Alexis Elira Dokekias.

« Sur plus de 480 cas que nous avons recensés, il n’ y a pas de décès ; il y a des patients qui ont des symptômes majeurs, intermédiaires », a déclaré le Pr Dokékias, appelant la population au calme et à ne pas céder à la panique, car un « dispositif a été mis en place pour que la population puisse accéder facilement au traitement ».

Les malades présentent des lésions au niveau de la peau et se plaignent de maux de tête, de douleurs musculaires ou articulaires et accusent une grande fatigue générale, a dit le Pr Dokékias, précisant qu’ il ne s’ agit pas d’ un « paludisme robuste », résistant, comme l’ a fait croire la rumeur dans la ville, mais

« d’une infection virale liée au virus Chikungunya, un microbe provenant d’ une variété de moustique qui prolifère dans un milieu où l’ eau stagne ».

« Ce qui arrive n’ est pas un paludisme… Le laboratoire régional a pu identifier sur les prélèvements que nous avons effectués dans le cadre de la riposte contre cette poussée, un virus qui est le virus Chikungunya », a insisté le Pr Dokékias.

« Nous sommes face à une épidémie circonscrite. Le traitement est basé essentiellement sur la prise de paracétamol, l’ hydratation des patients et surtout il faut déconseiller la prise de certains médicaments comme l’ aspirine, les anti inflammatoires qui peuvent favoriser la forme hémorragique de la maladie », a-t-il souligné, annonçant une prochaine campagne de  » désinsectisation » dans la ville, « à base de substance non nocives pour l’ être humain ».

« La désinsectisation, l’ assainissement de l’ environnement » sont les moyens préventifs recommandés par le Pr Dokékias pour contrer l’ épidémie du Chikungunya qu’ ont déjà connu « plusieurs Etats africains, parmi lesquels le Mali, le Sénégal, la Côte d’ ivoire, le Cap vert et tout proche de nous, le Gabon ».

Nous dénoncions déjà l’amateurisme et l’absence d’une politique d’assainissement  » ramassage des ordures  » de la mairie de Brazzaville et du gouvernement de Mpila dans les articles ci dessous: interdiction de la production des sachets en plastique pour masquer l’incompétence du gouvernement

– Interdiction de la production et l’importation des sachets en plastique pour masquer l’incompétence du gouvernement: https://congo-liberty.org/?p=720

– mieux vaut tard que jamais, Hugues Nguélondele constate l’échec de sa politique d’assainissement: https://congo-liberty.org/?p=569

 

Le Chikungunya en quelques mots


En bref

  • Le chikungunya est une maladie virale propagée par des moustiques. Elle provoque de la fièvre et des arthralgies (douleurs articulaires) sévères. Les autres symptômes sont myalgies, céphalées, nausée, fatigue et éruption.
  • Cette maladie a quelques signes cliniques en commun avec la dengue, ce qui peut entraîner un diagnostic erroné dans des zones où la dengue est commune.
  • Il n’existe pas de remède contre cette maladie. Le traitement est essentiellement symptomatique.
  • Le fait que des sites de reproduction de moustiques se trouvent à proximité d’habitations constitue un sérieux facteur risque de chikungunya.
  • La maladie se manifeste en Afrique, en Asie et dans le sous-continent indien. Ces dernières décennies, les moustiques vecteurs du chikungunya ont atteint l’Europe et les Amériques. En 2007, la transmission de la maladie a été enregistrée pour la première fois en Europe, lors d’une flambée localisée au nord-est de l’Italie.

Le chikungunya est une maladie virale transmise par des moustiques décrite pour la première fois à l’occasion d’une flambée dans le sud de la Tanzanie en 1952. Il s’agit d’un alphavirus de la famille des Togaviridae. Le nom de « chikungunya » vient d’un verbe de la langue kimakonde qui signifie « devenir tordu » ce qui décrit l’apparence voûtée de ceux qui souffrent de douleurs articulaires.

Signes et symptômes

Le chikungunya se caractérise par l’apparition brutale de fièvre souvent accompagnée d’arthralgie. Les autres signes et symptômes communs sont notamment myalgies, céphalées, nausée, fatigue et éruption. L’arthralgie est souvent invalidante, mais elle disparaît généralement au bout de quelques jours ou de quelques semaines. La plupart des patients se rétablissent complètement, mais dans certains cas l’arthralgie peut persister pendant plusieurs mois ou même plusieurs années. On a signalé des cas occasionnels de complications oculaires, neurologiques et cardiaques, ainsi que des douleurs gastro-intestinales. Les complications graves ne sont pas fréquentes, mais chez les personnes âgées la maladie peut contribuer à la cause du décès. Les symptômes sont souvent légers chez les personnes infectées et l’infection peut passer inaperçue ou faire l’objet d’un diagnostic erroné dans les zones où sévit la dengue.

Transmission

Le virus est transmis d’un être humain à l’autre par les piqûres de moustiques femelles infectées. Les moustiques incriminés sont le plus souvent Aedes aegypti et Aedes albopictus, deux espèces qui peuvent également transmettre d’autres virus, notamment la dengue. Ces moustiques sont susceptibles de piquer pendant la journée, bien que leur activité maximale se situe surtout tôt le matin et en fin d’après-midi. Les deux espèces piquent à l’extérieur, mais Ae. aegypti le fait aussi volontiers à l’intérieur des bâtiments.

La maladie se manifeste généralement entre quatre et huit jours après la piqure par un moustique infecté, mais la fourchette peut aller de deux à douze jours.

Diagnostic

Plusieurs méthodes de diagnostic peuvent être mises en œuvre. Des tests sérologiques, tels que les tests immunoenzymatiques simples (ELISA), peuvent permettre de confirmer la présence d’anticorps anti-chikungunya IgM et IgG. Les niveaux d’anticorps IgM sont les plus élevés trois à cinq semaines après l’apparition de la maladie et persistent pendant environ deux mois. Le virus peut être isolé à partir du sang au cours des premiers jours de l’infection. Diverses techniques d’amplification génique transcriptase-inverse (RT-PCR) sont disponibles mais leur sensibilité est variable. Certaines conviennent au diagnostic clinique. Les produits de RT–PCR provenant d’échantillons cliniques peuvent aussi être utilisés pour le typage génique du virus, ce qui permet des comparaisons avec des échantillons de virus de différentes sources géographiques.

Traitement

Il n’existe pas de médicament spécifique qui permette de guérir la maladie. Le traitement a essentiellement pour but d’atténuer les symptômes, notamment l’arthralgie. Il n’existe pas de vaccin commercial contre le chikungunya.

Prévention et lutte

La présence de sites de reproduction du moustique vecteur à proximité des lieux d’habitations constitue un sérieux facteur de risque de chikungunya ainsi que d’autres maladies transmises par ces espèces. La prévention et la lutte reposent dans une grande mesure sur la réduction du nombre des récipients naturels et artificiels contenant de l’eau qui favorisent la reproduction des moustiques. Cela passe par la mobilisation des communautés affectées. Lors de flambées épidémiques, on peut pulvériser des insecticides pour tuer les moustiques, en les appliquant sur les surfaces à l’intérieur et autour des récipients où les moustiques se posent, et en traitant l’eau contenue dans ces récipients afin de tuer les larves.

Pour se protéger lors de flambées épidémiques de chikungunya, on recommande de porter des vêtements couvrant le corps au maximum et d’appliquer un répulsif sur les parties exposées ou sur les vêtements, conformément aux instructions qui accompagnent le produit. Les répulsifs doivent contenir du DEET (N, N-diéthyl-3-méthylbenzamide), de l’IR3535 (esther éthylique de l’acide 3-[N-acétyl-N-butyl]-aminopropionique) ou de l’icaridine (1-piperidinecarboxylic acid, 2-(2-hydroxyethyl)– 1-méthylpropylester). Pour ceux qui dorment pendant la journée, en particulier les jeunes enfants ou les personnes malades ou âgées, les moustiquaires imprégnées d’insecticide assurent une bonne protection. Les spirales anti-moustiques ou d’autres vaporisateurs d’insecticides peuvent aussi réduire les piqures à l’intérieur des bâtiments.

Flambées épidémiques

Le chikungunya est présent en Afrique, en Asie et dans le sous-continent indien. Les infections humaines en Afrique sont restées à des niveaux assez bas pendant un certain nombre d’années, mais en 1999-2000 une flambée importante s’est produite en République démocratique du Congo et en 2007 une flambée s’est déclarée au Gabon.

À partir de février 2005, une importante flambée de chikungunya s’est produite dans les îles de l’Océan indien. Un grand nombre de cas importés en Europe ont été imputés à cette flambée, pour la plupart en 2006 quand l’épidémie de l’Océan indien était à son comble. Une flambée importante de chikungunya est survenue en Inde en 2006 et en 2007. Plusieurs autres pays de l’Asie du Sud-est ont également été affectés. En 2007 la transmission a été enregistrée pour la première fois en Europe, à l’occasion d’une flambée localisée dans le Nord-est de l’Italie.

À propos des vecteurs de la maladie

Tant Ae. aegypti que Ae. albopictus ont été mis en cause dans les flambées importantes de chikungunya. Alors qu’Ae. aegypti ne vit que dans des zones tropicales et subtropicales, Ae. albopictus se rencontre aussi dans des régions tempérées et même froides. Ces dernières décenniesAe. albopictus s’est propagé de l’Asie à certaines zones de l’Afrique, de l’Europe et des Amériques.

L’espèce Ae. albopictus prolifère dans des sites de reproduction contenant de l’eau beaucoup plus variés qu’Ae. aegypti, notamment dans des coquilles de noix de coco, des cabosses de cacao, des souches de bambou, des cavités d’arbres et des anfractuosités de roches, en plus des récipients artificiels tels que pneus de véhicules et soucoupes placées sous des pots de fleurs. Cette diversité d’habitats explique l’abondance d’Ae. albopictus dans les zones rurales aussi bien que périurbaines et dans les parcs ombragés des villes. Ae. aegypti est davantage associé aux habitations humaines et utilise des sites de reproduction intérieurs, notamment des vases à fleurs, des citernes d’eau et des réservoirs d’eau en béton dans les salles de bain, ainsi que dans les mêmes habitats artificiels extérieurs qu’Ae. albopictus.

En Afrique, plusieurs autres moustiques vecteurs ont été impliqués dans la transmission de la maladie, notamment les espèces du groupe A. furcifer-taylori et A. luteocephalus. Il est clairement établi que certains animaux, notamment des non-primates, peuvent servir de réservoir.

Centre des médias de l’OMS

Ce contenu a été publié dans Actualités, Actualités du Congo. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire